
La bataille de Nogent-sur-Seine en 1359
Le contexte
Malgré la réconciliation entre le dauphin de France et le roi de Navarre, lors du traité de Pontoise, du 24 mars 1359, la trêve avec l’Angleterre venait d’expirer. Les gens d’armes navarrais qui combattaient, sous le couvert de leur roi, continuèrent de guerroyer pour le compte du roi d’Angleterre, sous l’impulsion de Philippe de Navarre, comte de Longueville, tout dévoué au roi d’Angleterre qui refusait de déposer les armes. Eustache d’Auberchicourt, chevalier français, engagé au service du roi d’Angleterre, qui tenait les deux rives de la marne et occupait entre dix et douze forteresses, causait ravage en Champagne. L’évêque de Noyon, comte de Vaudemont ; Jean de Châlon, comte de Joigny et Brocard de Fenétrange de la maison lorraine avancèrent en direction de Nogent-sur-Seine.
La localisation
Les forces en présence
Amies : le royaume de France avec 1 200 lances et 900 mercenaires pyrénéens.
Ennemies : la garnison navarraise et les renforts anglais de 400 lances et de 200 archers
Les pertes
Amies : 60 cavaliers
Ennemies : Les archers sont piétinés par la cavalerie
La bataille
La nouvelle de l’arrivée d’une armée ennemie enchante Eustache d’Auberchicourt, car il désire, plus que tout, combattre les Français. Il rassemble tous les soldats pris dans ses forteresses. Les Anglais répondent, aussi, présents à l’appel et lui fournissent quatre cents lances et deux cents archers. Quand il vit autant de monde, il se dit.
— Nous sommes assez de gens pour combattre tout le pays de Champagne. Chevauchons au nom de Dieu et de Saint-Georges !
Les Anglais ne s’avancent pas trop loin, car ils veulent savoir combien et comment est organisé leur ennemi. Les éclaireurs d’Eustache lui rapportent que les Français sont nombreux. Là, il se pose la question.
— Si j’avais su le nombre important de soldats ennemis, j’aurais demandé de l’aide à James Audley et à d’Albrecht, écuyer allemand du parti anglais, de trois à quatre cents hommes.
Il décide de sortir de Nogent et de placer son armée en une seule bataille avec ses archers, devant. Quand les Français voient leur ennemi rangé, ils s’arrêtent. L’évêque de Noyon partage son armée en trois corps de quatre cents lances. Jean de Châlon et messire Brocard prennent le premier ; l’évêque de Noyon et le comte de Joigny, le deuxième ; et l’évêque de Troyes, le troisième. Les mercenaires à pied ne sont pas encore arrivés sur le champ de bataille. Bannières déployées, les chefs français se demandent s’ils doivent lancer l’attaque avec ou sans eux. Du haut de son promontoire, Eustache voit les Français en dessous de lui et il déclare à ses lieutenants.
— Seigneurs! Seigneurs! Combattons avec courage, cette journée sera nôtre et nous serons tous seigneurs de Champagne. Le roi d’Angleterre qui se veut roi de France, me donnera ce comté que j’aurai conquis pour lui.
Il fait chevalier, Courageux de Mauny, Jean de Paris et martin d’Espagne ; il ordonne, à son armée, de mettre pied à terre et de couper leur lance pour s’en servir plus aisément. Les Français décident d’attendre les piétons. Quand Brocard, hardi et courageux, voit Auberchicourt qui ne descend pas de son tertre, il dit à l’évêque de Noyon.
— Allons vers eux, il nous faut combattre à tout prix.
Il s’avance avec sa bataille et charge avec fureur les Anglais. Avec leurs lances raccourcies, les Anglais frappent les chevaux et les cavaliers. La bataille des Français est vigoureusement repoussée. Soixante cavaliers sont à terre. Le deuxième corps attaque, mais il est aussi refoulé. L’évêque de Troyes entre aussi dans la bataille, mais différemment, il contourne l’ennemi ; les cavaliers, avec leur lance droite, chargent les fantassins, enfoncent le rang ennemi. L’engagement est violent. Les cavaliers français et archers anglais à pied combattent avec une égale vaillance malgré un effectif de trois contre un. Dans les combats, Brocart lance son glaive qui passe au ras de la tête d’Eustache. Les Anglais se regroupent et se resserrent. Les archers font grand tort aux cavaliers français. On n’a jamais aussi vu, de longtemps, les piétons résister, aussi fièrement, aux archers anglais ni les cavaliers français assaillirent avec autant d’acharnement les rangs ennemis. Pourtant, ils sont en mauvaise position. À ce moment, les neuf cents mercenaires, arrivés en retard, se présentent sur le champ de bataille. Ils les chargent furieusement et rompent le rang d’archers fatigués. La bataille est perdue pour les Anglais. Voyant l’ennemi en fuite, Jean de Châlon et ses hommes les poursuivent et les tuent au fil de leur épée. Les valets qui gardent les chevaux subissent le même sort. Le pennon d’Eustache d’Auberchicourt est pris. Le capitaine anglais ainsi que ses lieutenants sont faits prisonniers. Courageux de Mauny est laissé pour mort sur le champ de bataille. Les fantassins y sont pour beaucoup dans la réussite de cette entreprise.
Les conséquences
À la nouvelle de cette défaite, les garnisons des places fortes d’Auberchicourt abandonnèrent leur forteresse et se retirèrent le plus loin possible du conflit. C’est ainsi que Français et Anglais se livraient continuellement des combats. Souvent, les populations assiégées prenaient les armes.