Le siège de l’Aiguillon, du 1er avril au 20 août 1346
Le contexte
À la nouvelle des succès de Henri de Grosmont, comte de Lancastre, de Leicester et de Derby, en Guyenne, Philippe VI se prépara à la résistance. Il nomma son fils, Jean, à la tête d’une forte armée pour opérer au-delà de la Loire contre les Anglais. Les plus grands seigneurs répondirent à l’appel, notamment les ducs de Bourgogne et de Bourbon. Avec son armée, il traversa le Berry, l’Auvergne et arriva à Toulouse vers la fête de Noël 1345. Au lendemain, il partit en direction de Bordeaux et prit Miramont en Périgord, Villefranche-du-Queyran et Agen. De son côté, le comte de Derby envoya l’élite de ses chevaliers renforcer la garnison de l’Aiguillon, Gautier de Masny entre autres. Pendant le siège d’Agen, le duc de Normandie, dépêcha le sénéchal de Beaucaire, le duc de Bourbon et d’autres seigneurs, à quelques lieues d’Aiguillon, et leur ordonna de l’attendre.
La localisation
Les forces en présence
Amies : Le royaume de France avec 6 000 hommes d’armes et 13 000 piétons
Ennemies : Le royaume d’Angleterre et la Gascogne anglaise avec 900 hommes
Les pertes : inconnues
Le siège
Le duc de Normandie établit son campement le long de la Garonne et commence le siège de l’Aiguillon. Les Français, malgré quelques escarmouches des Anglais, réussissent à construire un pont pour passer sur l’autre rive du fleuve afin de serrer, au plus près, la forteresse de l’Aiguillon. Jean organise son armée en quatre corps dont chacun doit, à tour de rôle, assiéger les remparts ; il veut toujours des troupes fraîches pour attaquer l’ennemi. Malgré cela, les assauts sont vains. Il décide de faire venir huit machines les plus puissantes de Toulouse. Pendant ce temps, Gautier de Masny fait une sortie et tombe nez à nez avec le maréchal de Charles de Montmorency, chef de l’armée du duc de Normandie ; un combat s’ensuit et met en déroute les Français. L’Anglais se permet, même, de reprendre le pont-levis qui mène à la porte du château, au prix d’un combat acharné. Jean décide de mettre les chances de son côté. Sur quatre grosses nefs, il fait installer quatre puissantes machines de guerre appelées chats 1. Au moment où les embarcations arrivent au pied des remparts, les assiégés envoient de grosses pierres avec leurs grands trébuchets2 ; une tombe sur le pont d’un navire qui coule. Jean renonce à se servir des autres. Malgré tous ces échecs, le duc insiste et continue le siège. Cependant, dans le nord de la France, les problèmes s’aggravent avec le débarquement des Anglais avec leur roi. Celui-ci ravage tout sur son passage et arrive aux portes de Paris. Philippe VI a besoin de toute son armée pour lui opposer une force. Il envoie le sire de Tancarville pour ordonner à son fils de rentrer immédiatement à Paris. Jean fait la sourde oreille à plusieurs messages. Finalement, il décide à lever le siège, car les vivres viennent à manquer, la maladie décime ses rangs et beaucoup de ses soldats désertent. Le 20 août, il quitte Aiguillon.
Les conséquences
Jean arriva le 7 septembre à Paris. Il était trop tard, son père fut battu sévèrement à Crécy, le 26 août 1346.
Profitant du désordre dans le sud et de la défaite de Philippe VI, Henri de Grosmont s’empare des forteresses et des places fortes françaises, une à une ; il lance trois offensives dans le Bazadais, dans le Quercy et vers le nord, en direction de Poitiers.
1 Un chat est, au Moyen Âge, une machine de siège constituée d’un châssis généralement porté sur roues et recouvert de bois, de peaux mouillées ou de métal.
2Le grand trébuchet fonctionne comme une énorme fronde. 1 à 2 coups à l’heure. Les boulets pouvaient aller jusqu’à 100 kg et être projetés à 200 mètres environ.
Source: Chroniques de J. Froissart – Volume 3 ;Jean Froissart, Société de l’histoire de France, Siméon Luce · 1872