
Le siège de Meaux, du 6 octobre 1421 au 10 mai 1422
Le contexte
Henri V, dans sa chevauchée, saisit Chartres et Dreux, ravagea la Sologne et rentra à Paris avec une armée décimée par la famine et la maladie. À peine revenu de cette expédition, il leva des troupes et marcha sur Meaux, place forte du dauphin. Il l’assiégea le 6 octobre 1421.
La localisation
Les forces en présence
Amies : L’armée du dauphin Charles
Ennemies : Le royaume d’Angleterre avec 24 000 hommes
Les pertes
Amies : 800 prisonniers
Ennemies : beaucoup de victimes au siège du Marché.
Le siège
Meaux est divisée en deux ; la partie au nord de la Marne s’appelle « la ville « et l’autre, au sud, porte le nom de « le Marché ». Toutes les deux parties ont de larges fossés, de hautes murailles et
communiquent par un pont très solide. Henri V envoie un contingent de quatre mille hommes, commandé par le duc d’Exeter , comte de Dorset, pour occuper les faubourgs afin que les habitants ne les brûlent pas. Henri V entoure la ville et plante son campement dans l’abbaye de Saint-Faron ; le duc d’Exeter dans le monastère du Châge ; le comte de Warwick
à l’extrémité méridionale du Marché ; et à l’est, le comte de Marsh1
occupe les Cordeliers. Il fait construire un pont de bateaux afin de communiquer avec tous ses capitaines. Il place devant les portes de la ville, des catapultes et des canons de fer. Le malheureux, roi de France, Charles VI, assiste au siège. Pendant toute la durée du siège, Henri V fait de son quartier général le siège de la chancellerie et le chef-lieu de son gouvernement. Du côté des assiégés, le capitaine général de la place s’appelle le bâtard de Vaurus ; c’est un gentilhomme gascon, vassal du comte d’Armagnac, brutal et violent ; il s’attaque aussi bien aux Anglais qu’aux paysans inoffensifs ; il pend lui-même les pauvres diables qui tombent dans ses mains à un chêne qu’on appelle l’arbre de Vaurus. À côté de ce mercenaire, on trouve deux honorables personnages, le premier Philippe de Gamaches, un moine-guerrier et Robert de Giresme, évêque de Meaux. Il convient, aussi, de présenter Louis Gast, grand bailli de Meaux, Jean de Rouvres, un avocat, Perron de Lupé, un capitaine armagnac et d’autres chevaliers ou écuyers notables ; sans compter la milice urbaine et les habitants. Henri V bloque la ville et en même temps, il essaie de parlementer avec les assiégés, en vain. Bien évidemment, ils refusent son offre et vont jusqu’à la discréditer en faisant monter un âne sur les remparts, dont la tête est peinte d’une couronne anglaise. Le siège dure sans éclat, à part quelques escarmouches. Cependant à l’entrée de l’hiver, la Seine et ses affluents enflent, dont la Marne. Elle déborde, inonde le pont de bateaux et noie les camps anglais. Les assiégés en profitent pour les attaquer à l’aide de barques ; les convois anglais de ravitaillement par la Seine n’arrivent plus, c’est la disette ; il s’ajoute, à la famine, le froid et la maladie qui tuent beaucoup de soldats du roi Henri V. Pendant quelques jours, le siège se stabilise, car le roi apprend que sa femme, Catherine de Valois, a accouché d’un fils, le futur Henri VI. Pendant ce temps, les assiégés ne reçoivent plus aucun secours de l’extérieur. Le roi d’Angleterre entreprend de miner la place de la Ville. Le sire d’Offémont, l’apprenant par un de ses espions, prend une poignée d’hommes, passe les murailles pour briser la mine. Il chute malencontreusement sur une passerelle qui le projette dans le fossé, grièvement blessé ; l’alarme est sonnée, tous s’enfuient et laissent le pauvre capitaine aux mains des Anglais, sur son ordre. Le 3 mars, les assiégés, découragés, abandonnent la place de la Ville aux Anglais et s’enferment dans le Marché. Les Anglais prennent position de la place et mènent le siège du Marché. Il donne l’ordre pour un premier assaut qui est repoussé avec beaucoup de pertes anglaises. Le comte de Dorset, le sire de Clifford
, et plusieurs autres grands personnages sont tués dans les combats ainsi que Richard Beauchamp, comte de Worcester, d’un coup de canon. Henri V redouble d’ingéniosité, il fait construire un beffroi, de sa conception, dont le pont volant passera par-dessus le pont du Marché, et une autre tour à deux étages arrimée à deux bateaux pour arriver sur les remparts au-dessus de la Marne. Les assiégés redoublent d’opiniâtreté pour mettre en échec les tentatives anglaises d’entrer dans la ville. Il manque de tout, maintenant, des vivres, mais surtout des armes, car tous les fers de lance se sont brisés dans les combats ; les murs offrent des brèches de toute part ; les moulins qui fournissent le pain tombent dans les mains des Anglais. Henri V prend une décision radicale. Voyant les assiégés au bord de la rupture, il ralentit les assauts pour récupérer toutes les richesses de la ville. En effet, à bout de souffle et de vivres, le 2 mai 1422, les assiégés demandent la reddition après sept mois de siège. Ils proposent de lui donner les clés de Meaux s’ils ne sont pas secourus dans les huit jours. Le délai expire et l’on transmet les clés de la ville. Les exécutions commencent. Le bâtard de Vaurus et son frère sont pendus à leur arbre et leurs têtes sont plantées sur un épieu à la porte principale de la ville. Huit cents prisonniers de guerre sont mis à rançon et emmenés à Paris. Le roi récupère toutes les richesses des bourgeois ; on décapite à tout va. La noblesse doit rendre aux Anglais places fortes et châteaux par mesure de représailles.
Les conséquences
Le sentiment patriotique, encore à l’état de rudiment, se réveillait ailleurs. Cependant, les Anglais étaient victorieux. De fortes rançons emplirent les caisses un peu vides du roi d’Angleterre. Il répara les fortifications de Meaux et y plaça un de ses capitaines de confiance, puis rentra sur Paris.
1Edmond V Mortimer (1391–1425), 5e comte de March, 7e comte d’Ulster, fut, bien que très jeune, brièvement héritier présomptif du roi Richard II d’Angleterre au trône d’Angleterre.