Le siège de Saint-Valéry-sur-Somme en 1358 – 1359

Le siège de Saint-Valéry-sur-Somme en 1358 – 1359

Le contexte

Quand Charles II, roi de Navarre, apprit la vérité sur la mort d’Étienne Marcel, le prévôt révolutionnaire des marchands de Paris, et de ses acolytes par les Parisiens, il décida de défier le régent et ses amis. Il alla à Saint-Denis et pilla le bourg. Il leva une armée avec des Allemands, des Brabançons et tous ceux qui lui faisaient confiance. Il saisit toutes les villes sur la Seine au sud et au nord de la capitale pour y faire le blocus commercial. Il assiégea et prit villes et châteaux de Picardie. Il renforça en hommes et fortifia les trois forteresses de Creil, Hérielle et Mauconseil. Sur sa route, la bonne ville d’Eu et le château de Saint-Valéry-sur-Somme se rendirent. Les gens d’Abbeville, fidèles au royaume de France, vinrent se plaindre au régent de cet inquiétant et incommodant voisin. Charles décida de lever une armée pour stabiliser la région.

La localisation

Les forces en présence

Amies : le royaume de France avec 14 000 hommes, dont 12 000 miliciens des villes

Ennemies : le royaume de Navarre, dont des Allemands, des Brabançons et des Anglais

Les pertes : Non connues.

Le siège

Les Navarrais de la forteresse sortent souvent faire des ravages autour de Saint-Valéry-sur-Somme. Il faut, à tout prix, arrêter ces exactions. Le régent Charles ordonne à Robert de Fienne dit Moreau, connétable de France, et Guy V de Châtillon-Saint-Pol1, son neveu, de lever une armée et de combattre les Navarrais. Ils sont à la tête d’une armée de miliciens des villes de Lille, d’Arras, de Douai, d’Amiens et d’autres qui totalisent deux mille chevaux et douze mille piétons. Moreau arrive devant la forteresse de Saint-Valéry-sur-Somme et en fait cerner toutes les entrées. Pour augmenter ses chances de vaincre l’ennemi, il fait venir des machines de guerre d’Abbeville et d’Amiens. Il commence le siège en lançant des pierres dans la forteresse. Les assiégés répondent avec de l’artillerie, des canons et de grosses arbalètes sur roue qui balaient les milices. Et, pourtant, ils ne sont que trois cents, renforcés par les habitants obligés à combattre pour eux. Moreau et Guy de Saint-Pol n’arrivent pas à bout du siège. Ils décident d’affamer la forteresse. Ils renforcent le contrôle des accès à la forteresse. Plus rien ne peut y entrer. Ils coupent aussi les voies de communication. Cela fait sept mois que le siège dure. Jean de Picquigny, chef de la garnison, réussit à envoyer un messager auprès de son prince, Philippe de Navarre, frère de Charles II, pour lui demander de lui venir en aide. Ne recevant pas de nouvelles, il est résolu à se rendre. Il capitule en mars 1359. Picquigny est autorisé, avec les siens, à partir sain et sauf où ils veulent, mais sans leurs armes. Sur la route de l’exil, il rencontre Philippe de Navarre, à la tête d’une armée qui venait à son secours. Maintenant, les assiégeants deviennent les assiégés. Malgré les efforts des Navarrais, les assauts sont vains et ils repartent chez eux.

Les conséquences

Ce siège, à première vue, n’eut aucun impact sur le conflit opposant le royaume de France aux Anglo-Navarrais. Par contre, le dauphin de France savait, désormais, qu’il pouvait leur dresser une force. Il fut courroucé contre la douairière de Saint-Valéry-sur-Somme, Isabeau de Melun, veuve de Pierre de Dreux, titulaire de droit de la seigneurie. Il lui reprocha de ne pas avoir protégé suffisamment la forteresse. Pour la punir, il lui confisqua le domaine et le remit à Jean d’Artois, comte d’Eu , descendant de Saint-Louis. Lors de la signature du désastreux traité de Brétigny de 1360, Saint-Valéry-sur-Somme fut abandonné aux Anglais.

1(1320-1360) Soldat remarquable, il participe à de nombreuses batailles contre les Anglais lors de la guerre de Cent Ans aux côtés de son oncle, Moreau de Fiennes, notamment à la bataille de Crécy, le 26 août 1346. En 1358, il participe à la répression des Jacques (Grande Jacquerie) qui a lieu dans les campagnes d’Île-de-France, Champagne, Artois, Picardie et Normandie et à la Bataille d’Amiens qui oppose les partisans de Charles le mauvais, roi de Navarre aux partisans du dauphin Charles.

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