
La bataille de Calais, du 31 décembre 1349 au 1er janvier 1350
Le contexte
Les Anglais s’emparèrent de Calais en 1347. Édouard III nomma Aymeri de Pavie, capitaine de la garnison, un chevalier lombard en qui il avait toute confiance. Mais, fin 1349, celui-ci conspira avec Geoffroy de Charny, chevalier et capitaine français de la garnison de Saint-Omer, chargé de garder la frontière avec les Anglais. Fortement courroucé de la prise de Calais par les Anglais, il cherchait comment il pourrait la reprendre. N’étant ni Anglais ni seigneur, Aymeri contacta le capitaine français et lui proposa secrètement de vendre la ville et sa forteresse au roi de France contre vingt mille écus d’or. L’intrusion des Français passerait inaperçue, car les portes de la ville seraient ouvertes aux marchands de la ville de Saint-Omer qui commerçaient avec ceux de Calais. Mais, le roi d’Angleterre l’apprit. Aymeri le supplia de ne pas le tuer comme traître au royaume. Édouard III, rusé, lui demanda de continuer le marché avec de Charny et de lui indiquer le jour, l’heure et l’endroit par où entreraient les Français.
La localisation
Les forces en présence
Amies : le royaume de France avec 500 hommes
Ennemies : le royaume d’Angleterre avec 300 hommes d’armes et 600 archers
Les pertes
Amies : 400 morts et tous les seigneurs sont faits prisonniers sauf Eustache de Ribemont.
Ennemies : inconnues
La bataille
Édouard III accompagné de son fils, Édouard de Woodstock et Gautier de Masny, en qui il a une grande confiance, débarquent à Calais en secret. Le roi dit à Gautier.
— Gautier ! Je vous nomme capitaine de mon armée pour cette mission. Nous combattrons sous votre bannière.
— Monseigneur ! C’est un haut et bel honneur que vous me faites.
Geoffroy de Charny s’entend avec Aymeri de Pavie sur le jour et l’heure pour entrer en ville. Le capitaine français rassemble ses cavaliers et ses arbalétriers à Saint-Omer. Le soir, il prend la route de Calais, arrive en vue de la ville et s’arrête vers minuit. Il envoie deux de ses écuyers pour confirmer l’heure pour investir la ville. Ils arrivent au château et Aymeri les reçoit. Il leur explique.
— Dites à votre capitaine qu’il peut entrer maintenant, tout est endormi.
Ils retournent voir le capitaine et lui expliquent ce qu’ils ont vu et ouï du chef de la garnison. Gauthier de Charny réunit ses hommes, traverse la rivière au pont de Nieulay et approche de Calais. Il envoie douze de ses chevaliers et cent hommes d’armes pour prendre le château. Ils délivrent Oudart de Renty, pris quelques jours avant par Aymeri et mis à rançon pour vingt mille écus. Le château est saisi et Oudart est délivré. Aymeri sort de la ville et réclame son dû à Geoffroy. Il dit à Oudart.
— Messire, avez-vous mon argent ?
— Tenez, nous les avons comptés. Comptez-les, si vous le voulez ?
— Pas maintenant, car il va faire bientôt jour.
— Attendez-moi, ici, avec vos compagnons, je vais ouvrir la porte de la tour et vous serez plus en sécurité.
Mais, les Français ne savent pas que le roi d’Angleterre, son fils et Gauthier de Masny ainsi que deux cents hommes y sont cachés. Alors qu’il ouvre la porte, les Anglais aux cris de « Masny ! Masny ! À la rescousse !» se jettent sur leurs ennemis, épée levée. Les Français surpris se rendent sans combattre. Après avoir enfermé leurs prisonniers, ils montent sur leurs destriers et quittent le château. Les archers, en tête, sortent de Calais par la porte de Boulogne. Gautier de Charny, bannières hissées, est prêt à entrer dans la ville avec ses hommes quand il entend « Masny ! Masny ! À la rescousse ! ». Il sait qu’il a été trahi par le lombard. Il dit à ses lieutenants, Eustache de Ribemont et Jean de Landas.
— Messires, nous sommes trahis. Il est trop tard pour fuir. De toute façon, nous serons pris et traités comme des lâches. Battons-nous ! j’espère que ce sera notre journée.
Voyant arriver leur ennemi, ils mettent pied à terre, chassent leurs chevaux et se mettent en ordre de bataille. Le roi d’Angleterre déploie six bannières et trois cents archers. Il s’approche du pont de Nieulay que messire Moreau de Fiennes et le sire de Cresques tiennent. L’assaut est donné, le choc est vif. Les Français, en sous-nombres, sont vite déconfits. Soixante reculent dans la rivière et se noient. Moreau de Fiennes et les survivants fuient vers Gautier de Charny. Ils sont pourchassés par les Anglais. Maintenant, chevaliers et écuyers combattent vaillamment. La première attaque anglaise est repoussée. Eustache de Ribemont combat avec acharnement Édouard III, ne sachant pas qu’il est le roi d’Angleterre et lui fait plier le genou. Sans l’intervention de son fils et de Gautier de Masny, il aurait pu être perdu. Ils le relèvent et le combat continue. Les Français ferraillent vaillamment. En fin de journée, ils sont dépassés. La journée est pour les Anglais. Ils sont déconfits. Ils sont soit morts ou prisonniers. Geoffroy de Charny et d’autres seigneurs sont pris. Eustache de Ribemont, finalement, arrête le roi, mais est obligé de le libérer, puisque tous sont déconfits. Il lui rend son épée. Le soir, Édouard III invite tous les seigneurs français, mis à rançon, pour leur dire qu’ils ont tous vaillamment combattu. Il félicite Eustache de Ribemont pour son combat héroïque et il lui donne deux roncins et vingt écus, puis le libère. Les autres sont emmenés en Angleterre.
Les conséquences
La France en 1350
Calais resta anglaise. Pour le punir de sa trahison, le roi d’Angleterre aurait abattu à Aymeri de Pavie, ses armoiries par décret « Et Édouard III d’Angleterre a ordonné que deux des six étoiles qu’un seigneur avait dans ses armoiries soient effacées, car il avait vendu un port maritime dont il était le gouverneur. » Geoffroy de Charny le captura en 1352, lui prit aussi son château, le décapita. Il exposa son corps à la porte principale de la ville de Saint-Omer pour prévenir ceux qui seraient tentés de le trahir.