La bataille de Auberoche, le 21 octobre 1345

La bataille de Auberoche, le 21 octobre 1345

Le contexte

Les Français lançaient des expéditions couronnées de succès de 1339 à 1343. Pour contrer leur projet, Édouard III envoya son cousin, Henri de Grosmont, comte de Derby, défendre les frontières en Aquitaine. Auberoche était une ville fortifiée française à la frontière entre la France et la Gascogne anglaise. La rivière, l’Auvézère séparait les terres relevant du royaume de France et celles détenues par le royaume d’Angleterre. Grosmont, avant de retourner à Bordeaux après sa victoire à Bergerac, assiégea Auberoche et saisit la forteresse. Jean, fils de Philippe VI et duc de Normandie, ordonna à Louis de Poitiers-Valentinois1 de reprendre la forteresse aux Anglais afin de le laisser aisément prendre La Réole.

La localisation

Aujourd’hui Bassillac – Auberoche

Les forces en présence

Amies : le royaume de France avec 7 000 hommes.

Ennemies :Le royaume d’Angleterre avec 1 500 hommes

Les pertes

Amies :1 000 d’après le chroniqueur anglais Adam Murimuth

Ennemies : légères

La bataille

Le comte de Derby, Henri de Grosmont, prend la forteresse de Auberoche et y place ses hommes de confiance comme messires Franck de Halle, Alain de Finefroide et Jean de Linehalle avec une centaine d’hommes. Le comte de L’Isle-Jourdain, capitaine de la Saintonge, du Périgord et du Limousin, pour Philippe VI, attend que Derby soit retourné à Bordeaux et arrive sous les murs de la forteresse ; il décide de mener le siège. Il est rejoint par Louis de Poitiers-Valentinois et ses hommes, ainsi que les barons français de Gascogne ; ils assiègent la forteresse par tous les côtés. En même temps, ils font venir de Toulouse quatre gros engins de siège. Nuit et jour, des pierres sont lancées dans le château. Les assiégés ne souhaitent pas se rendre, car ils sont certains qu’on viendra les aider. La résistance est difficile. Franck de Halle dit à ses compagnons.

Mes amis, je ne pense pas que le comte de Derby soit courant du siège par les Français. Nous devons le prévenir.

Un valet, volontaire, est chargé du message. Le soir, il descend par une corde dans les fossés du château et passe, sans être inquiété, le premier poste français. Il explique en gascon qu’il appartient à un seigneur de l’ost, mais il est reconnu au poste suivant et est envoyé au capitaine de garde. Il est fouillé et l’on trouve sur lui la lettre adressée au comte de Derby. Il est arrêté et est interrogé par le comte de L’Isle-Jourdain. Afin d’effrayer les assiégés, le valet, avec la lettre pendue à son cou, est renvoyé dans le château par un engin de jet. Cependant, le comte de Derby est alerté par des paysans que des Français assiègent Auberoche. Il dit à ses chevaliers.

Seigneurs, j’apprends que la forteresse de Auberoche est assiégée par les Français du comte et de Louis de Poitiers-Valentinois. Nos amis ne pourront pas tenir plus de trois jours.

Ce serait une vilenie et une lâcheté, répondent-ils tous, de laisser mourir trois de nos meilleurs chevaliers.

Bien, dit Derby, allons aider nos compagnons. Prévenez Pembrocke à Bergerac qu’il nous rejoint au plus tôt à Auberoche.

Derby part avec son armée de Bordeaux et chevauche toute la nuit. Au petit matin, il arrive à quelques lieues de la forteresse ; il distribue ses ordres au comte de Kenford et aux sires de Stanford, de Masny, et de Hasting ; tous mettent pied à terre. Derby attend, toujours, Pembrocke qui ne viendra pas. Il est courroucé. Ses chevaliers s’impatientent et lui disent.

Sire ! Que ferons-nous ? Irons-nous assaillir nos ennemis ou retournerons-nous à Bordeaux ? Si nous tardons, nos trois amis seront soit morts ou prisonniers et la forteresse avec.

Derby ne peut plus attendre et décide d’attaquer. Tous s’arment et remontent sur leurs chevaux. Les Français s’apprêtent à déjeuner quand les Anglais les assaillent. Les assiégés entendent le vacarme des armures qui s’entrechoquent ; ils vont aux remparts et voient les pennons et bannières anglaises. Ils entrent en joie. Les Anglais détruisent les tentes, renversent tout et tuent les soldats sur leur passage. Du fait de la surprise, les Français sont ébahis, prennent peur et s’enfuient dans tous les sens. Frank de Halle observe le déroulement des combats de ses remparts. Quand il s’aperçoit que les Français sont en mauvaise posture, avec ses chevaliers, il sort de la forteresse et attaque l’arrière-garde de leur ennemi. Cette fois, l’ost français est entièrement déconfit. Beaucoup de morts gisent sur le sol, dont Louis de Poitiers qui mourra quelques jours plus tard. Les sénéchaux de Clermont et de Toulouse ainsi que trois comtes, dont L’Isle-Jourdain, sept vicomtes, trois barons, quatorze bannerets, un neveu du pape et un grand nombre de chevaliers, sont faits prisonniers.

Les conséquences

La bataille eut des conséquences politiques importantes. L’expédition du duc de Normandie fut stoppée nette. Il n’y eut plus de sièges de forteresses et de places fortes en Gascogne avant longtemps. Le comte de Derby continua son avancée et s’empara de plusieurs places fortes, dont celles de Montségur, La Réole et Aiguillon. Le royaume d’Angleterre imposa son autorité dans toute la région jusqu’à la bataille de Castillon en 1453 qui mit fin à la guerre de Cent Ans.

1 (mort en 1345) Louis était le fils d’Aymar V de Valentinois et de Sibylle de Baux. Il succéda à son père comme comte de Valentinois à partir de 1339.

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