LA BATAILLE DE CRAVANT 1423

LA BATAILLE DE CRAVANT 1423

Aujourd’hui, parlons de la bataille de Cravant en 1423

En cette période difficile, la France est écartelée entre les Armagnacs avec le dauphin de France et les Bourguignons avec son allié, le royaume d’Angleterre. Henri V de Lancastre se déclare roi de France après le mariage avec sa fille, Catherine de Valois ou Catherine de France et meurt en août 1422, deux mois avant le roi de France, Charles VI. Après le traité de Troyes en 1420, l’Angleterre occupe toutes les terres situées au nord de la Loire. A la mort soudaine d’Henri V, les hostilités reprennent. Cette bataille est une des premières de la reprise des hostilités.

      Cravant est une cité bourguignonne, près d’Auxerre, dont la position stratégique pour le commerce engendre des conflits d’intérêts entre les Bourguignons et le roi de Bourges, le dauphin Charles. Par ce premier port sur l’Yonne, transitent le sel, les draperies de Flandre, les vins de Beaune et de Bourgogne, les blés des plaines environnantes et d’énormes quantités de bois. Pour Charles, tenir ce village, fortifié par son père, lui ouvrirait les portes d’Auxerre et l’entrée dans la Bourgogne. Sur ordre du roi de Bourges, le bâtard de la Baume, fils de Jean de la Baume, maréchal de France, s’empare de la cité grâce à une traîtrise des Savoyards, logés à l’intérieur ; quelques jours plus tard, il s’enfuit devant une puissante armée bourguignonne. Charles ne souhaite pas en rester là. Il envoie une armée hétéroclite de 10 000 hommes commandée par John Stuart, comte de Buchan1. Il est accompagné de capitaines de renom comme Tanneguy III du Chastel2, le maréchal Amaury de Séverac et d’autres seigneurs à Cravant qui lui permettrait d’entrer en Bourgogne, mais aussi en Champagne, le 10 juillet 1423. Cette armée est composée de moins de Français que d’étrangers. Il y a des Écossais, des Lombards, des Aragonais, des Espagnols et des routiers. La ville est assiégée.

      Les bourgeois de la ville demandent l’aide à la duchesse de Bourgogne, Marguerite de Bavière, car leurs vivres et leurs munitions s’épuisent rapidement. Leurs capitaines Claude de Chastellux3 et Guy de Bar défendent hardiment les murailles de la ville. En l’absence de son fils, elle lève une armée de 20 000 hommes, des miliciens des villes environnantes et avec l’aide des Anglais. Le 28 juillet, les forces anglo-bourguignonnes se réunissent à Auxerre. Les Anglais sont commandés par les comtes de Suffolk et de Salisbury et les Bourguignons par Toulongeon, le maréchal de Bourgogne. Le 29 juillet, ils prennent place sur la rive gauche de L’Yonne à Vincelles, au nord de Cravant. Le 30 juillet, ils avancent et observent la ville encerclée par les Français.

Le samedi 31 juillet 1423, les deux armées se font face, séparées par l’Yonne. Les Français s’organisent. Le premier corps continue le siège. Les deux autres s’installent face à leur ennemi sur des mamelons en attendant leur ennemi. Les capitaines anglais lancent, alors, l’assaut. Les archers traversent la rivière pour faire une diversion. Les uns ont de l’eau à mi-genoux, les autres jusqu’à la ceinture. Sous un soleil de plomb, les Français quittent leur emplacement privilégié et descendent les hauteurs malgré l’interdiction du maréchal de Séverac. Ils sont accueillis par les tirs incessants des archers anglais placés, maintenant, sur la bonne rive. C’est un carnage. À l’autre bout de leurs rangs, les Anglais tentent d’enlever le pont qui enjambe la rivière. Ils sont repoussés par les Écossais.

Grâce à l’opiniâtreté du seigneur de Willoughby, les Anglais prennent le pont et se trouvent sur l’autre rive. La lutte s’engage. Les assiégés, exténués de famine, sortent de la ville et attaquent les rangs arrière des assiégeants. Les Écossais de John Stuart sont pris entre deux feux. Le maréchal de Séverac et d’autres capitaines, voyant les Écossais en difficulté, au lieu de leur venir en aide, sonnent la retraite. Les mercenaires s’enfuient. Les valeureux Écossais se rendent. Les anglo-bourguignons sont vainqueurs ainsi que Chastellux, le capitaine des assiégés. Nous sommes le 31 juillet 1423.

Environ 7 à 8 000 combattants, dont la majorité des Écossais, périssent dans les combats. John Stuart, futur connétable de Charles VII et le comte de Ventadour eurent un œil crevé. Ils sont arrêtés, ainsi que d’autres seigneurs français. De leur côté, les anglo-bourguignons perdent entre 4 et 5 000 hommes. Cette bataille fut sanglante, mais eut peu d’impacts stratégiques.

Source : Histoire de Charles VII, roi de France, et de son époque, … – Volume 1 Auguste Vallet de Virville · 1862

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1(1381 – 1424), noble écossais, 3e comte de Buchan, connétable et général français durant la guerre de Cent Ans, est le premier commandant de la garde du corps du roi. Il fut tué à la bataille de Verneuil, le 17 août 1424.

2(1369–1449), chambellan du roi Charles VI et prévôt de Paris, chargé de l’ordre dans la ville et chasse les Bourguignons et participe à la bataille d’Azincourt en 1415. Il est nommé maréchal et gouverneur de la Bastille, par le dauphin Charles, futur Charles VII qu’il a sauvé lors de l’émeute parisienne des Cabochiens en 1413. Il est l’un des principaux instigateurs de l’assassinat de Jean sans Peur, duc de Bourgogne.

3Claude de Beauvoir, seigneur de Chastellux (mort en 1453) est nommé maréchal de France par le roi Charles VI le fou. Il l’établit son lieutenant et capitaine général dans le duché de Normandie. Il enleva aux Anglais la place de Louviers. À la mort du roi, il rejoint les rangs des Bourguignons. En 1428, il est nommé gouverneur de Nevers par Philippe le Bon. Il fut nommé maréchal de Bourgogne après la bataille de Cravant.

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