La chevauchée du duc de Lancastre en 1346 – 1347

La chevauchée du duc de Lancastre en 1346 – 1347

Le contexte

la Gascogne était grignotée par les Français, si bien qu’elle dut désormais importer sa nourriture, principalement d’Angleterre. Jean, duc de Normandie, fut placé à la tête de toutes les forces françaises dans le sud-ouest de la France. En mars 1346, il marcha sur Aiguillon et l’assiégea à partir du 1er avril. Mais, Édouard III débarqua à Saint-Vaast-la-Hougue, dans le Cotentin, le 12 juillet 1346, avec une armée de douze à quinze mille hommes. Il ravagea les terres les plus riches de la Normandie et incendia toutes les villes qu’il traversait. Philippe VI rappela immédiatement son armée principale que Jean commandait en Gascogne. Son retrait entraîna l’effondrement des positions françaises dans le sud du Périgord et dans la majeure partie de l’Agenais, confrontées aux troupes du duc de Lancastre jusqu’alors cantonnées dans La Réole. À la fin août, les Anglais étendirent leur contrôle à toute la vallée du Lot et à la plupart des avant-postes français entre le Lot et la Dordogne. La plupart des villes tombèrent sans combattre devant le duc de Lancastre. Jean Ier, comte d’Armagnac, fut nommé lieutenant du roi de France dans la région après le retrait du duc Jean. Il peina à résister, efficacement, faute de troupes et d’argent. Début septembre, le duc de Lancastre lança trois offensives distinctes à la tête de mille hommes d’armes et autant de cavaliers, pour la plupart des Gascons. Il fit les blocus d’Agen, de l’entrée dans le Quercy et de la route du nord.

La chevauchée de Lancastre

Les forces en présence

Amies : Sans forte opposition

Ennemies : le royaume d’Angleterre avec 1 000 piétons et 1 000 cavaliers.

Les pertes

Amies : 600 morts dans Poitiers.

Ennemies : inconnues

La chevauchée

Henri de Grosmont, duc de Lancastre, cible la riche capitale provinciale de Poitiers, située au cœur du territoire français, à trois cents kilomètres au nord. À marche forcée, il atteint la Charente en huit jours, il assiège Châteauneuf-sur-Charente puis il oblique au nord-ouest pour secourir des prisonniers anglais à Saint-Jean-d’Angély. La ville se rend. Lancastre y laisse une garnison et reprend la route vers Poitiers à raison de trente-deux kilomètres par jour. Il saisit les cités Saint-Maixent, de Melle et de Lusignan. Niort, en revanche, lui résiste. Les Gascons atteignent Poitiers dans la soirée du 3 octobre 1346. La ville n’a pas de soldats français et les habitants ont perdu l’habitude de maintenir une garde. Les Anglais lancent un assaut immédiat, mais sont repoussés par une milice improvisée et organisée. Au cours de la nuit, les Anglais trouvent une brèche dans un mur. Le matin du 4 octobre, ils pénètrent en force dans l’est de Poitiers, tuant tous ceux qu’ils rencontrent. Comme d’habitude, les plus riches sont épargnés pour payer une rançon. L’essentiel de la population fuit la ville, la cité est saccagée pendant huit jours. Lancastre s’empare au passage de l’atelier monétaire royal de Montreuil-Bonin qu’il pille. Ses troupes mettent à mort tous les défenseurs, puis il reprend la route vers Bordeaux. Les Français conservent le contrôle de la partie orientale de la Saintonge et les places fortes les plus importantes comme Saintes, Taillebourg et plusieurs forteresses d’importance stratégique sur l’est de la rive de l’estuaire de la Gironde.

Les conséquences

Le duc de Lancastre laissa des soldats dans les places fortes et châteaux pris, dans tout la Saintonge et l’Aunis, avec une ville, particulièrement importante, Saint-Jean-d’Angély. Les Anglo-Gascons se ravitaillèrent par des raids dans les territoires détenus et contrôlés par des Français. Des provinces entières, où les Français faisaient régner l’ordre quelques mois auparavant, étaient désormais la proie des pillards, des déserteurs et des mercenaires. Elles étaient sillonnées par des troupes des deux camps. Les villageois, qui le pouvaient, fuyaient la région. Une grande partie des terres agricoles tombèrent en friche. Le commerce français diminua et les recettes fiscales de la région chutèrent sévèrement. Au Sud-ouest, la guerre avait épargné la Gascogne. En 1355, le fils aîné d’Édouard III, le prince noir, se dirigea au nord de Bordeaux. Lors d’une nouvelle chevauchée dévastatrice en 1356, il fut intercepté par l’armée française de Jean, désormais roi de France, qui l’obligea à combattre malgré son infériorité numérique, à quelques kilomètres de Poitiers. Les Français furent vaincus de manière décisive et le roi de France fut capturé avec son fils Philippe.

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