LA PRISE DU GRAND-FOUGERAY PAR BERTRAND DU GUESCLIN

LA PRISE DU GRAND-FOUGERAY PAR BERTRAND DU GUESCLIN

La prise du château du Grand-Fougeray en 1354

Le contexte

Bertrand du Guesclin avait 20 ans quand la guerre de succession pour le trône des ducs de Bretagne éclata. Elle dura 23 ans de 1341 à 1364, année de la mort de Charles de Blois à la bataille d’Auray.

Bertrand du Guesclin était toujours chez oncle à Rennes. À la veille du conflit, chaque seigneur breton dut choisir son camp,

     

entre Jeanne de Penthièvre et Charles de Blois, son mari, allié du roi de France ou

Les Nantais prêtent hommage à Jean de Monfort

Jean de Montfort, demi-frère de Jean III de Bretagne, allié des Anglais. La petite noblesse bretonne et la bourgeoisie portuaire de la côte ouest de la Bretagne se rangèrent du côté des Montfort. La grande noblesse bretonne et la bourgeoisie des villes orientales prirent parti pour Charles de Blois et Jeanne de Penthièvre. La Bretagne était, donc, partagée en deux. Ainsi, le clan de la famille du Guesclin, de Broons et de Vauzuré, se rallia la cause de Charles de Blois.

Bertrand du Guesclin, jeune

Bertrand du Guesclin, par son tempérament, resta fidèle au parti des Blois jusqu’à la fin, en 1365, année du traité de Guérande qui établit Jean IV, duc de Bretagne. Il ne remit jamais en cause sa fidélité pour Jeanne de Penthièvre.

Par son choix, de 1341 à 1353, il entra dans la clandestinité dans les rangs de Charles de Blois. Il harcela les forces de Montfort, mais surtout les Anglais quand ils entrèrent en Bretagne en 1345. En 1347, ils s’emparèrent de places fortes autour de Rennes et en particulier le château du Grand-Fougeray. Par ses coups de mains, embuscades et guet-apens, Bertrand du Guesclin entretint l’insécurité dans les rangs anglais. Il finit par se tailler une solide réputation de chef de bande dans la forêt de Paimpont. On le surnommera « Le Dogue de Brocéliande ». Ses compagnons d’armes appartenaient à la petite noblesse et la paysannerie. Il rassembla, autour de lui, une bande de cinquante à soixante solides gaillards. Ils étaient tous aguerris au combat, surtout au corps à corps, et ils allaient le prouver. Parmi eux, il y avait son frère Olivier, présent dans tous les combats jusqu’à la mort de Bertrand.

Le siège

Nous sommes en 1354. Le château du Grand-Fougeray était tenu par les Anglais. Cet ouvrage était imprenable par la force. Il possédait neuf tours, de solides remparts dotés de mâchicoulis et de créneaux, et une seule entrée par un pont-levis. Du Guesclin surveillait leurs allées et venues. Un jour, il apprit par un valet que le gros des troupes de la garnison avait quitté le château pour soutenir un autre capitaine anglais dans la région de Vannes. Il ne restait que quelques soldats, le personnel de cuisine et d’écurie. Bertrand exposa son plan d’attaque à ses hommes.

Trente d’entre vous et moi, on se déguisera en bûcheron et en femme. Dès le pont-levis abaissé, on bloquera l’entrée. Le reste de la troupe, caché à l’orée du bois, nous viendra en aide dès l’alerte donnée.

L’idée était bonne, mais audacieuse. Malgré leur grande confiance, ils étaient méfiants. Bertrand leur promit butin et vin à volonté. Tous acceptèrent ce plan. L’affaire ressemblait plus à du brigandage qu’à un haut fait d’armes, mais, enfin, seul le résultat compte. Le soir, avant la tombée de la nuit, les premiers se déguisèrent, dont Bertrand. Il arriva près du pont-levis et cria.

Holà ! Holà! Sentinelles, j’apporte du bois pour les cuisines du château. 

Le garde, en confiance, baissa le pont-levis et ouvrit un battant du portail. Prenant leurs armes cachées dans la charrette de bois, ils se ruèrent dans la cour, du Guesclin avec son épée fendit le crâne du garde et cria : «  Guesclin en avant, les amis en avant ! » et de continuer, « Fils de putain, voilà du bois que vous paierez cher ».

La petite garnison fut vite massacrée. Cependant, le personnel du château sorti des cuisines armé de couteaux, de broches et pilons se jeta sur du Guesclin. Bertrand fut vite submergé. Les renforts tardèrent à venir. Il était enragé plein d’agressivité, de sueur et de sang. Il se trouvait au milieu d’une vingtaine d’entre eux. Puis ses compagnons, embusqués près de l’entrée, arrivèrent. Tout fut terminé, rapidement.

Comme il savait qu’il ne pourrait pas tenir face au retour de la troupe, il pilla le château et s’en retourna dans sa forêt de Brocéliande.

Les conséquences

L’affaire du château de Fougeray fit grand bruit dans les rangs anglais. Cet événement arriva, même, aux oreilles du duc de Lancastre, chef des armées anglaises en Bretagne. Charles de Blois fut informé, ainsi que Jean II Le Bon, le tout nouveau roi de France. La renommée de Bertrand du Guesclin commençait à se répandre. C’est vraisemblablement vers 1353 qu’il entra au service du Roi de France dans l’armée du maréchal Arnoult d’Audrehem, un ami de toutes ses expéditions futures.

Sources :

La vie du vaillant Bertrand du Guesclin d’après la chanson… De Cuvelier ( trouvère) Ermance Dufaux de la Jouchiére, Louis Moland – 1885

Histoire de Bertrand du Guesclin …: considérée …Christophe-Paulin de La Poix de Fréminville (chevalier de ..), ‎G. Bouffard · 1841:

histoire de Bertrand du Guesclin, connétable de France et …Paul Hay du Chastelet · 1666

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