Le siège de Saint-Malo en 1378

Le siège de Saint-Malo en 1378

Le contexte

Le 25 juin 1375, le roi d’Angleterre, Édouard III, signait un traité de paix en 1375, pour deux ans, avec le roi de France, Charles V : la trêve de Bruges. On écrivit que la France conserverait tous les territoires conquis lors de ces opérations militaires, que le duché de Bretagne serait rendu aux Français à l’exception de Brest, Auray et Derval acquis au duc Jean IV, et que le roi de France reconnaîtrait la souveraineté anglaise pour la Guyenne à la condition que le roi d’Angleterre lui prête hommage lige. Cette dernière condition fut refusée par les Anglais. Mais, en 1377, Édouard III mourut. Les hostilités reprirent. Richard II, petit fils d’Édouard III, par son père le prince noir, monta sur le trône d’Angleterre, il n’avait que dix ans. Jean de Gand, duc de Lancastre et troisième fils d’Édouard III, voyait, là, une occasion de gouverner le pays par une régence. Il décida de poursuivre la guerre contre les Français. Avec Jean IV de Bretagne, exilé en Angleterre, il leva une armée, en 1378, pour redonner le duché à son beau-frère marié avec Marie d’Angleterre, morte à 16 ans. Jean de Gand rêvait depuis longtemps de prendre Saint-Malo. Mais, pour Charles V, la perte de cette ville affaiblirait la Bretagne devenue française.

La localisation

Les forces en présence

Amies : le royaume de France avec 10 000 hommes

Ennemies : le royaume d’Angleterre avec 4 000 hommes, 8 000 archers et 400 canons

Les pertes

Amies : inconnues

Ennemies : très importantes

Le siège

Charles V veut défendre, à tout prix, Saint-Malo. Il rassemble les ducs de Berry, de Bourgogne et de Bourbon, le comte de la Marche, le dauphin d’Auvergne ainsi que d’autres princes de sang. Le connétable Bertrand du Guesclin et ses routiers angevins et tourangeaux sont aussi présents. Olivier V de Clisson et la noblesse bretonne, comme le vicomte de Rohan, se joignent aux troupes françaises.

Depuis longtemps, le duc de Lancastre échafaudait le projet d’envahir la France à partir de Saint-Malo puis d’envahir toute la Normandie. Il débarque dès le 14 août 1378. À cette époque, la garnison est faible. Le vicomte de la Bellière, le sire de Combourg et Henri de Malestroit, qui reviennent de Normandie en longeant les côtes, aperçoivent une grosse flotte anglaise qui se dirige vers Saint-Malo. Ils se jettent dans la place qui, déjà, est bombardée inlassablement par les canons anglais. Le duc de Lancastre fait débarquer quatre mille hommes d’armes, huit mille archers et beaucoup d’artillerie. Il brûle et coule presque tous les vaisseaux français ancrés dans le port. L’armée française forte de dix mille hommes sans compter les archers et les fantassins, campe à Saint-Servan-sur-Mer, au sud de Saint-Malo, partagé des Anglais par un canal que la Manche remplit deux fois par jour. Chacun demande la bataille, cependant Charles V, en homme sage, la refuse craignant la défaite. Une fois, du Guesclin essaie d’attirer le comte de Cambridge, mais la marée montante empêche le combat. Dans la ville, les habitants soutiennent plusieurs assauts et résistent vaillamment au duc qui s’en étonne. Malgré sa forte armée et sa puissance de canons le duc de Lancastre ne peut plus rien contre la ville renforcée par les troupes de Charles V, or le comte de Cambridge, Edmond de Langley, frère de Jean de Gand, s’obstine à combattre du Guesclin. Celui-ci lui laisse un passage du canal qui l’amènera à un cul-de-sac. Le chef anglais ne sera pas suivi par le conseil de guerre de peur de tomber dans un combat dont ils seront obligatoirement perdants ; l’affaire est close.

Le duc de Lancastre, voyant que son armée piétine devant les remparts par l’escalade des échelles, décide de les miner afin d’ouvrir une brèche pour entrer dans la ville. À l’abri de tous les regards, les sapeurs anglais commencent leurs travaux. Mais, Guillaume Picaud, dit Morfouace, capitaine de Saint-Malo, et un homme renommé pour sa valeur, est aux aguets grâce à ses nombreux espions répartis tout le long des murailles. Il est renseigné par un de ses hommes que l’ennemi creuse une mine. Avec une partie de la garnison, il sort secrètement de la ville et entre dans les fossés sans être aperçu. Il attaque les mineurs et les tue. Dans son élan, il détruit leurs ouvrages, leur camp et rentre dans Saint-Malo, sans aucune perte. Le duc de Lancastre, à bout de nerfs et fortement courroucé, fustige le comte d’Arundel de garde cette nuit-là. Il réunit son conseil pour décider de la suite du siège.

Messires, cette nuit, tous les ouvrages ont été détruits par notre ennemi. Nous avançons dans la mauvaise saison et le temps devient mauvais. On m’a remis le nombre de morts dans nos rangs, nous avons laissé trop de nos hommes à ce siège. Je propose de le lever et de rentrer.

Unanimement, tous acceptent le choix du duc. Dans la journée, l’artillerie et les tentes des campements sont embarquées. Les Anglais font voile pour un retour en Angleterre. Les Français sont soulagés. Les princes rentrent à Paris et Bertrand du Guesclin partage son armée en deux. Il ira avec la première moitié assiéger Cherbourg, et Olivier de Clisson, avec la deuxième, partira vers Auray reprendre la ville aux Anglais.

Les conséquences

Charles V, contrarié de la descente du duc de Bretagne et de ses alliés anglais à Saint-Malo, décida de lui confisquer le duché par un jugement ordonné par les Pairs de France le 18 décembre 1378. Ce sera la plus grosse erreur politique de ce roi de France, si sage. En effet, la noblesse bretonne n’acceptera pas cette saisie du duché de Bretagne. Ils se rallieront, pour la majorité, au duc Jean IV quand il débarquera en Bretagne en 1379. Ils quitteront le service de Charles V sauf Bertrand du Guesclin, Olivier de Clisson et quelques autres nobles bretons qui resteront bien seuls.

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