LES DÉBUTS DU RÈGNE DU ROI CHARLES VI

LES DÉBUTS DU RÈGNE DU ROI CHARLES VI

Après la mort de Charles V et de Bertrand du Guesclin

          Pourquoi cette publication ? En fait, je souhaitais arrêter mon blog à la mort de Charles V et Bertrand du Guesclin. En bien!  non, car elle continue la guerre de Cent Ans après leur disparition. Je vais, donc, vous parler, à partir d’Aujourd’hui, du règne de Charles VI, son histoire, son entourage, ses conflits, ses joies et ses peines.

                         

          Charles V est mort le 16 septembre 1380. Son fils, Charles VI fut couronné, roi de France, le 4 novembre 1380 dans la cathédrale de Reims. Il n’avait que douze ans. La régence fut dirigée par ses oncles, les ducs de Bourgogne, d’Anjou et de Berry (côté paternel) et de Bourbon (côté maternel). La mort de Charles V fut une calamité pour le royaume de France, car le jeune roi fut livré à ses oncles sans scrupule et avides de richesse. Le duc d’Anjou, Louis Ier, était préoccupé par son entrée dans le royaume de Naples en épousant la reine Jeanne de Naples. Le duc de Bourgogne, Philippe II le hardi, ne cherchait qu’à se marier à Marguerite III de Flandre pour agrandir son territoire et devenir le plus puissant des « sires des fleurs de lys ». Jean de Berry ne pensait qu’à jouir de ses plaisirs et de ses trésors, sachant qu’il était avare et rapace. Le duc de Bourbon, Louis II, était un excellent prince et l’oncle préféré de Charles VI, mais sans grande influence dans le royaume. Par contre, il fut, le seul des oncles, à ne pas être tombé en disgrâce.

         Pendant l’agonie de feu, Charles V, le duc d’Anjou, l’aîné des frères, devant prendre le titre de régent, s’était caché dans une chambre voisine. À peine avait-il expiré, que le duc se fit livrer les joyaux de la couronne, le trésor, une épargne en lingots d’or et d’argent qui avaient été scellés et menaça de mort le trésorier du roi, Savoisy. Les autres frères ne restèrent pas sans rien. Ils se garnirent bien les mains. Le duc de Bourgogne s’adjugea les gouvernements de la Normandie et de la Picardie ; le duc de Berry prit le Languedoc et l’Aquitaine. Il avait déjà le Berry, l’Auvergne et le Poitou en apanage. C’était le tiers du royaume qui se trouvait livré à sa rapacité.

        Un changement de règne était toujours un moment d’espérance. On demanda l’abolition de certains impôts, et le duc d’Anjou promit de supprimer tous ceux qui avaient été établis depuis Philippe le Bel. Mais, il n’en était rien. Aussi, le régent ne respecta passa parole. Les difficultés commencèrent en France.

Théodore Hoffbauer (1839-1922). « Hôtel de Ville et place de Grève en 1583 ». Dessin. Paris, musée Carnavalet.

           Le dernier jour de février 1382, un crieur public parut à cheval sur la grande place des Grèves à Paris ( actuellement place de l’Hôtel de Ville). Il annonça que l’argenterie du roi avait été volée et promit bonne récompense à qui la retrouverait. Quand il vit la foule occupée par la nouvelle, il cria que le lendemain, un nouvel impôt serait levé sur toutes les marchandises vendues, puis se sauva à toute bride.

           En effet, le lendemain le 1er mars, les percepteurs se présentèrent aux Halles et l’un d’eux commença à demander l’impôt sur un peu de cresson que venait de vendre une vieille dame. Une émeute furieuse éclata. Les émeutiers convergèrent vers l’hôtel de ville et l’arsenal et prirent des armes des maillets neufs qu’ils avaient trouvés amassés en vue d’une attaque des Anglais. On l’appela la révolte des maillotins. Comme dans toute révolte en ce temps-là, la fureur retomba pour laisser place à la terreur et au découragement. Les Parisiens s’opposèrent au roi. 20 000 hommes se rangèrent en bataille sous Montmartre. Le roi se présenta casqué et armé. La révolte cessa aussitôt. On noya, pendit ou décapita trois cents des plus riches bourgeois de la capitale. Parmi les morts, on remarqua Nicolas le Flamand qui avait participé à l’assassinat des maréchaux avec Étienne Marcel au temps de son père Charles V. Jean Desmaret, avocat général au parlement et un des négociateurs du traité de Brétigny de 1360 fut arrêté puis, pendu. On imposa des amendes ruineuses aux autres. Avec leurs produits, le duc d’Anjou partit pour l’Italie. Le nouvel impôt fut retiré. La nouvelle, sur l’émeute des maillotins, se répandit dans tout le royaume, à Rouen, à Reims, Châlon, Troyes, Orléans, dans le nord, en Flandre, c’était l’insurrection des chaperons blancs qui finit par la défaite des Flamands à la bataille de Roosebeke le 27 novembre 1382 et dans le sud, dans le Languedoc, les tuchins qui tuaient et dépouillaient les nobles et les riches bourgeois.

                         

         À la mort de Bertrand du Guesclin, Louis, comte de Sancerre et maréchal de France, continua l’œuvre du héros. Il s’avança en Guyenne et mit le siège devant Montguyon (Charente-Maritime) à une journée de marche de Libourne. Les Anglais furent presque chassés de France. En 1380, ils ne leur restaient que quelques villes françaises dont Bayonne, Bordeaux, Brest, Cherbourg et Calais. Dans le même temps, Charles II le mauvais, roi de Navarre fut accablé et ne sauva son royaume pyrénéen qu’en livrant vingt places fortes aux Français comme gage de paix.

Source : Histoire de France – Volume 1 – Page 439 Victor Duruy · 1876

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *