1372, du Guesclin conquiert le Poitou

1372, du Guesclin conquiert le Poitou


Il faut en finir avec le Poitou anglais du traité de Brétigny de 1360. Toutes les places fortes tombent une à une. Niort, Sainte-Sevère, Saint-Maixent, Thouars et bien d’autres sont aux mains des Français. L’armée anglaise n’est pas assez forte pour contrer l’avance de Bertrand du Guesclin et du duc de Berry. Il reste Poitiers, la capitale comtale du Poitou. Pour défendre la ville, les Anglais et les Poitevins se regroupent et s’arment autour de leurs barons.

On rapporte aux ducs de Berry et de Bourbon qu’ils sont sur la route pour livrer bataille. Bertrand du Guesclin hésite à affronter les Anglais, car il a avec lui des princes de sang. Il sait que le roi le rendra responsable s’il met ses frères en danger. Son Conseil de guerre est du même avis que lui. Les princes sont courroucés de cette décision et parlent à Bertrand :

« – Ami Bertrand, vous nous sous-estimez. Nous ne sommes pas en accord et nous voulons participer à votre combat.

Il leur répond :

– Seigneurs, ici présents, nous sommes venus de la part du roi de France pour défendre ses droits, et ceux de monseigneur le duc de Berry, qui délivrera le pays qui lui appartient. Mais vous avez entendu que les Anglais tiennent la campagne. Nous ne savons pas quelle direction, ils prennent. Je suis en grande anxiété mes seigneurs et je vais vous en dire la cause. Je pense que les Anglais et les barons poitevins viennent renforcer Poitiers. S’ils arrivent avant nous, je n’ai pas assez de moyens de faire le siège de cette grande ville. Je vous propose de partir maintenant et d’arriver avant eux. Si nous rencontrons le captal de Buch, j’espère que Dieu nous aidera.

– Ami Bertrand, dit le duc de Berry, je ne vois en cette armée que vous y soyez de bons conseils ; nous irons assiéger Poitiers puisque vous l’avez à cœur. Et si nous trouvons quelques Anglais, nous livrerons bataille. »

À marche forcée, ils arrivent et campent aux portes du château d’Angles sur l’Anglin non loin de Poitiers.

 

Bertrand échange avec le capitaine du château :

« – Ami, nous ne sommes pas venus pour prendre votre château. Nous requerrons des vivres en échange de notre argent. Si vous nous refusez, nous serons en peine de vous les prendre.

– Ce serait commettre une injustice que de nous assiéger, car depuis longtemps nous avons convenu avec le duc de Berry de rentrer en son obéissance et de lui livrer le château. Je vous donnerais tout ce que vous me demanderez. »

Le lendemain, la troupe part en direction de Chauvigny. La ville est fermée par 3 châteaux, fortement fortifiés. Leurs 3 capitaines, ayant traité auparavant l’obéissance au duc, se présentent devant du Guesclin. Ils lui donnent les clés de la ville et des châteaux. Ils s’y reposent 2 jours.

À l’aube du troisième jour, Bertrand demande au duc de marcher sur Poitiers, bannières et enseignes déployées. Le connétable, en tête de son corps d’élites de 300 lances parcourt la distance de Chauvigny et Poitiers en dix-huit heures. Le duc de Berry le suit avec le reste de son armée. Ce dernier arrive le 7 août 1372 devant la ville. La jonction est faite avec du Guesclin. Les villageois, en émoi, voyant ce déploiement de force, montent sur les murailles. Ils s’aperçoivent vite que la lutte sera inégale. Ils sont hors d’état de résister. Les bourgeois se réunissent pour délibérer de la suite des évènements. Des hommes sages prennent la parole :

« – nous nous trouvons devant un problème. Du côté anglais, nous avons accepté leur domination et nous avons bien été traités. Nous n’avons pas à nous en plaindre. Si nous obéissons au roi de France, on pourrait nous accuser de fausseté et de traîtrise par les Anglais. Chacun doit donc donner son avis. 

– Cet homme sage vous a loyalement exposé la question, dit un autre, je vous expliquerais ma raison de nous séparer du roi d’Angleterre. Depuis longtemps, le roi de France a été notre souverain. Il s’est conduit loyalement envers le roi Édouard et son fils. Malgré la paix jurée, les Anglais ont enfreint les règles du traité pour déshériter le roi de France. Ils avaient promis de nous laisser garder nos châteaux et places fortes; en fait, ils ont mis leurs hommes à notre place. Il me semble, quant à moi, que nous n’avons pas de raison de nous défendre contre le roi de France. Je dis, donc, que nous avons une juste raison de devenir français. »

Les gens de la ville sont partagés. Certains notables conviennent de se rendre et ouvrent les portes aux ducs de Berry et de Bourbon, le comte de la Marche et Bertrand du Guesclin.

     

Les autres, refusant de se rendre, se réfugient dans le château pour se battre. Bertrand du Guesclin mène le siège. Mais un fait inattendu le surprend. Les villageois rangés aux côtés des Français lui viennent en aide. Ils remplissent les fossés de fagots et de merrains (planches pour fabriquer des fûts). Bertrand ordonne de dresser les échelles et d’escalader sur la muraille. L’assaut est donné. Il suffira de quelques heures pour prendre le château qui paraissait imprenable pour ses habitants. Quelques Anglais sont tués et les vivants sont mis à rançon. Voyant que Poitiers se trouve aux mains des Français, la bataille est annulée et les barons poitevins retournent dans leur château.

Après quelques jours de repos, il faut repartir. Du Guesclin avec son armée se dirige vers La Rochelle.

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