LE SIÈGE DE CHARTRES EN 1360

LE SIÈGE DE CHARTRES EN 1360


Jean II le Bon, roi de France est fait prisonnier à la bataille de Poitiers, le 19 septembre 1356. Emmené à Bordeaux par le prince de Galles, Édouard de Woodstock, fils d’Édouard III, roi d’Angleterre, il négocie sa libération sans l’aval du conseil de régence de Charles, son fils, et des États Généraux dirigés par d’Étienne Marcel, prévôt des marchands de Paris et de Robert Lecoq, évêque de Laon, ancien conseiller de Jean II passé à Charles de Navarre, après la défaite de Poitiers.

En effet, Paris refuse les clauses de la trêve générale du 24 février 1357 signée à Bordeaux qui stipule une rançon de quatre millions d’écus d’or et l’octroi du quart de la France à l’Angleterre dont la Gascogne, le Poitou, la Saintonge, l’Angoumois, le Périgord, le Limousin, le Quercy, le Rouergue, Calais et son territoire, le Ponthieu et Montreuil en toute souveraineté.

Dauphin et duc de Normandie, Charles, devenu régent de France, fait lire ce traité aux députés qui lui répondent: 

« – Messire, nous avons lu les termes du traité et nous ne sommes pas d’accord, car ladite paix fait trop de tort au royaume de France. Elle n’est ni passable ni faisable.

Si telle est votre volonté, telle est ma réponse, ce traité n’est pas acceptable »

Charles le fait savoir au roi d’Angleterre et à son père, emprisonné à Londres. Tous deux sont furieux de ce petit régent qui se prend pour un roi et ce fils qui n’obéit pas à son père.

« Imaginez la vexation de l’anglais ! Un roi d’Angleterre tout puissant tant sur mer après la bataille navale de l’Écluse que sur terre et qui revendique toujours le trône de France. De plus, il se fait humilier par un jeune d’une vingtaine d’années, lui qui approche les cinquante ans. Lui, un homme de guerre et ce freluquet, un   Pour lui, ce n’est pas tenable. Lui, un homme de guerre et ce gamin, un amoureux des arts. Ce n’est pas tenable. Il est offensé et il mérite une punition. »

Édouard III avec l’aval de son conseil débarque à Calais avec 10 000 hommes le 28 octobre 1359. Il s’entoure de chefs compétents comme le prince de Galles, du duc de Lancastre, des comtes de Warwick, de Northampton et de Stafford. Son armée est impressionnante :

1000 charrettes avec forges, fours, moulins, barques à fond plat, fers à cheval, etc.

Des dizaines de milliers de flèches, 200 sapeurs et charpentiers, 300 clercs.

Du poisson, de la viande salée, de l’huile et du vin.

Charles, le régent est mis au courant dès juillet de l’objectif d’Édouard III de se faire couronner à Reims. Il renforce les fortifications. Après deux mois de marche, il y arrive en décembre. Aussitôt, il mène le siège.

Le premier assaut est raté et d’autres suivront, sans résultat. Édouard III décide de cesser le siège et de continuer sa route vers Paris. Il craint le manque de nourriture pour ses hommes et ses chevaux, car Charles pratique le système de la terre brûlée. Tous les habitants de villages et bourgades qui sont situés sur le passage des Anglais ont reçu l’ordre de se réfugier dans les places fortes avec bétail et nourriture et de ne rien laisser à l’ennemi. Même les moulins pour faire le pain sont inutilisables.

Maintenant, les Anglais campent au sud de Paris, à Montlhery. Charles, son conseil, Gilles Aycelin de Montaigu, évêque et chancelier de France et ses frères Jean, duc de Berry et Louis, duc d’Anjou décident de faire des ouvertures de paix qu’Édouard III refuse d’emblée, car il vise toujours le trône de France. Il lève le siège et dirige son armée vers Chartres pour investir la ville.

Édouard III arrive sous les murailles de Chartres et mène aussitôt le siège. La ville refuse de se soumettre sous l’impulsion de l’évêque et abbé de Cluny Androin de la Roche malgré l’infériorité en nombre. Le premier assaut est vain. La nuit tombe. On reviendra demain matin. L’armée anglaise campe à Gallardon, non loin de Chartres. Soudain, un effroyable orage qui se transforme en tempête, accompagné d’éclairs, de la foudre, de tonnerre, de très forts coups de vent, de tornade de pierres et de grêle d’une grosseur énorme, s’abat sur l’armée anglaise. Les soldats sont terrifiés. Pris de panique, on court dans tous les sens. Les chevaux sont dispersés. Édouard III y voit un signe de la volonté de Dieu en faveur de la paix. L’orage passé, au petit matin, il comptabilise les morts. Un millier d’hommes et de chevaux sont tués sous la violence de la grêle. Édouard III décide alors d’aller à Vendôme. Mais après avoir longtemps résisté aux propositions de paix du régent, il écoute l’abbé de Cluny et évêque de Chartres. Il cède alors à ses supplications. Il s’arrête à Brétigny, non loin de Chartres, sur la route de Bonneval. Il s’engage alors des négociations entre les Anglais et les Français. Les pourparlers durent plusieurs jours et aboutissent à la conclusion d’un traité de paix.

Le 8 mai 1360, celui-ci est confirmé entre Édouard III et le régent de France. Une trêve est conclue pour un an. À Paris, chaque partie prête serment en son nom sur le traité de paix. Les Parisiens sonnent les cloches à leur venue. C’est jour de joie et de liesse dans les rues de la capitale. Puis les troupes anglaises regagnent Calais par Pont-de-l’Arche et Abbeville afin de rembarquer pour l’Angleterre.

Le 14 juin 1360, les rois de France et d’Angleterre dînent ensemble à la tour de Londres et ratifient le traité de paix de Brétigny du 8 mai.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *