1375 LE SIÈGE DE SAINT-SAUVEUR-LE-VICOMTE
Histoire du château de 1356 à 1368
Depuis la mort de Geoffroy d’Harcourt, maréchal d’Angleterre et l’un des plus puissants seigneurs de Normandie, en novembre 1356 à Coutances, la presqu’île du Cotentin est aux mains des Navarrais et des Anglais. La région est abandonnée par les Français. Les villages sont rançonnés. Les habitants, loyaux au royaume de France, doivent quitter leurs châteaux ou les maisons et les donner aux assiégeants.
Les Anglais, bien installés dans les ports normands comme Barfleur et Barneville, occupent le château de Saint-Sauveur-le-Vicomte au centre du Cotentin et en font leur quartier général. Sa position stratégique permet à Édouard III, roi d’Angleterre, d’en faire une excellente base stratégique. Il renforce ces fortifications et augmente les effectifs en homme. Il y place des capitaines les plus expérimentés.
Les droits du traité de Brétigny permettent de conserver la succession de Geoffroy d’Harcourt. Il en donne la responsabilité à John Chandos qu’il nomme lieutenant général de tous les territoires de France pour l’Angleterre. Voilà dans quel état était le Cotentin avant que le roi de France décide de prendre en main la reconquête du pays en 1369. Il décide d’en finir avec la forteresse anglaise de Saint-Sauveur-le-Vicomte.
Un évènement déstabilise toute l’Angleterre et, en particulier, ceux installés en France. John Chandos est mort au combat en Poitou, le 31 décembre 1369. Ne laissant aucun héritier, Édouard III saisit tous ces domaines en Normandie, dont Saint-Sauveur-le-Vicomte qu’il confie à Guillaume de Latimier ou Latimer.
Siège du château de 1369 à 1375
1369, Charles V engage la reconquête du pays. En Normandie, il a besoin de la neutralité des Navarrais. Il conclut un traité avec Charles de Navarre le 26 février 1370.
Mi-juillet 1372, les députés du Cotentin, du Bessin et de l’Avranchin se plaignent de l’état de misère de leur région auprès de Charles V. Ils lui demandent d’envoyer le connétable Bertrand du Guesclin les aider à expulser les Anglais de ce château.
Février 1373, l’expédition se prépare. Mais il manque Bertrand du Guesclin. En juin 1373, on lui adresse un message de venir en Normandie, mais celui-ci est occupé au siège de Brest.
1374, Charles V désigne l’amiral Jean de Vienne pour assiéger le château. Il est secondé par des chefs aguerris tels Miles de Dormans, évêque de Bayeux, Sylvestre de la Cervelle, évêque de Coutances et Jean le Mercier, bourgeois de Gisors, un des plus grands personnages de l’État et enfin, le Bègue de Fayel. L’amiral établit son campement au sud du château.
De septembre à octobre 1374, les Français empêchent les Anglais de sortir de leur garnison. Ils repoussent de nombreuses sorties.
Pendant l’hiver 1374, on réfléchit comment investir le château. On décide de l’assiéger, mais il manque des hommes et de l’argent. Charles V paie 15 000 francs prélevés sur le fouage du pays de Caux et renforce l’armée de 2 000 hommes.
Février 1375, le château est assiégé. La grosse artillerie est en place. Il y a assez de poudre pour un tir continu. Mais il manque un grand canon de fer. Il sera usiné à Caen par Bernard de Montferrat, maître des forges. 885 livres de fer du Pays d’Auge, 1200 livres de fer d’Espagne et 200 livres d’acier sont utiles à sa fabrication.
Le 10 mai 1375, le canon arrive sous les remparts du château. Le premier tir est fulgurant, une première tour s’écroule dans un fracas étourdissant. Les assiégés ne se rendent toujours pas.
Le 21 mai 1375, on parle de capitulation. Les termes sont les suivants :
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Si l’Angleterre n’envoie pas de troupe avant le 3 juillet 1375, le capitaine du château, Thomas de Catterton, et sa troupe se retireront.
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L’amiral de Vienne devra garantir le paiement de 40 000 francs en dédommagement.
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La garnison livrera huit otages.
L’amiral pense que des renforts arriveront, car ce château est une place stratégique pour Édouard III. On renforce les places fortes dans la Basse-Normandie et on augmente le nombre de canons.
Mais la date du 3 juillet 1375 arrive. Les renforts ne sont pas là. Les Anglais reçoivent la somme convenue des mains de l’amiral. Ils quittent la forteresse avec leurs biens. Ils se dirigent vers Carteret où ils embarqueront pour l’Angleterre.
Fin du siège du château de Saint-Sauveur-le-Vicomte. Il fait partie des rares sièges sans violence, à part un gros coup de canon.