BERTRAND DU GUESCLIN, CONNÉTABLE DE CASTILLE

BERTRAND DU GUESCLIN, CONNÉTABLE DE CASTILLE

Fin de la conquête de la Castille

1369, Pierre le Cruel, ex roi de Castille, est mort après un combat au corps à corps acharné avec son demi-frère Henri de Trastamare. Ce dernier est maintenant roi de Castille et Léon sous le nom Henri II de Castille. La première pensée est de récompenser Bertrand Du Guesclin. Sans lui, il n’aurait jamais été roi. Aussitôt, il ne nomme connétable de Castille malgré la réticence de la noblesse castillane.

Mort de Pierre le Cruel dans le château de Montiel

Tolède résiste toujours aux assaillants français. La ville n’est pas au courant que le roi Pierre est mort et qu’il a perdu la bataille de Montiel. Maintenant, Henri et Bertrand avec toute leur armée assiègent Tolède. Faute de moyens et d’hommes, la ville plie et se rend. Plusieurs autres, réticentes au nouveau roi de Castille, tombent les unes après les autres. Une, rivalise plus que les autres : Soria. Bertrand du Guesclin envoie une troupe commandée par son frère Guillaume du Guesclin et Alain de Beaumont. Mais la ville se défend ardemment. Lors d’un combat au corps à corps, Guillaume meurt. Apprenant la nouvelle, affligé et furieux, Bertrand arrive en toute hâte avec un gros corps d’armée. Les villageois sont apeurés en le voyant arriver. Ils demandent au gouverneur, Diego de la Roncal, de capituler. La bataille cesse. La ville se rend. Par lettre de donation du 09 avril 1369, pour récompenser Alain de Beaumont, Bertrand du Guesclin lui donne à vie la seigneurie d’Anneville ( 50 ), possession de son frère, mort au combat.

Il ne faut pas oublier que le comté de Soria est une donation à Bertrand d’Henri de Trastamare en 1367, lors de sa première expédition. Il y séjourne deux mois. Il en profite pour faire le siège de Calahorra et Osma. La première ouvre ses portes au bout d’un mois et la deuxième, nécessitant plusieurs assauts, cède après quelques quelques jours.

Les récompenses tombent. Henri II nomme :

– Bertrand Du Guesclin, duc de Molina le 04 mai 1369.

Ses compagnons d’armes ne sont pas oubliés.

– Le Bègue de Vilaines devient seigneur de Ribadeo. Il épousera même une femme de la maison de Guzmàn, famille de la mère d’Henri.

– Olivier de Mauny, seigneur d’ Agrida

– Eustache de la Houssay, seigneur d’Aguiléra del Campo

– Thibaut du Pont, seigneur de Villalpan

– Lopez d’Ayala, historien castillan auprès d’Henri Trastamare et prisonnier des anglais, est libéré contre une rançon donnée par Henri II. Il sera promu chancelier de la couronne de Castille.

L’affaire du roi d’Aragon et la ville frontalière de Soria

En décembre 1370, Bertrand du Guesclin reçoit la visite d’un envoyé du roi d’Aragon. Il lui demande de l’aider à soumettre la Sardaigne, une de ses possessions. La Sardaigne est sous le contrôle de deux orphelins dont les parents ont été tués par le roi d’Aragon. Bertrand refuse car il ne veut pas être mêlé à ce complot. Pour se venger, le roi d’Aragon investit la ville frontalière de Soria, possession de Bertrand. La ville se rend. Bertrand est furieux et se plaint au roi de Castille. Celui-ci lui demande rendre la ville. Le roi d’Aragon acceptera à la seule condition que Bertrand du Guesclin vienne l’aider à reconquérir la Sardaigne. Bertrand refuse une deuxième fois. Qui plus est, il le menace d’aller chercher ses bretons et de lui faire payer cher cet affront. De part et d’autre, on commence à se préparer à la guerre. Mais un évènement change la donne.

Le retour en France de Bertrand du Guesclin

En effet, arrivent des envoyés du roi de France dont son fidèle ami, le maréchal Arnoul d’Audrehem. Ils lui remettent le message suivant :

– Seigneur, le roi vous réclame instamment. Vous devez rentrer pour combattre les anglais qui menacent le royaume de France et son roi. Il est en danger.

En effet, les affaires ne s’arrangent pas. Les anglais, ne redoutant plus l’épée de Du Guesclin trop occupé en Espagne, répondent à la déclaration de guerre de Charles V. 1369, la Guerre de Cent Ans, en sommeil depuis neuf ans, est repartie de plus belle.

Au sud, le Prince Noir menace le Poitou, le Roussillon et le comté de Foix de les contraindre à rentrer dans les rangs par la force. Au nord, 20 000 anglais débarquent, avec leur tête, Robert Knollys. Ils ravagent l’Artois, la Picardie et envahissent la Champagne. Ils sont aux portes de Paris.

Charles V lève une armée. Il appelle à l’aide ses grands vassaux comme les ducs de Berry et d’Anjou et surtout le duc de Bourbon. Mais il lui faut un coordonnateur pour gérer toute cette armée disparate commandée par des responsables jaloux et ambitieux. Il lui faut un homme, un chef, qui s’impose par sa bravoure mais aussi par son organisation et sa discipline.

Le vieux connétable Robert Moreau de Fiennes, âgé de 80 ans, usé par les combats, demande au roi d’être remplacé. Il le supplie d’accepter sa démission et de lui retirer l’épée de connétable. Considéré comme un héros, Charles V ne peut que l’approuver. Mais, il lui faut un successeur et immédiatement. Le vieux connétable lui suggère un homme, un chef de guerre, un fidèle à sa cause : Bertrand du Guesclin.

En effet, Bertrand est aimé de ses subordonnés. C’est un grand chef de guerre et il l’a prouvé. Il est dénué de toute ambition politique. Il est grand organisateur de l’armée quand il la commande. Le roi de France réunit son Grand Conseil. Il leur propose le nom de Bertrand Du Guesclin. Unanimement, tous valident la proposition du roi. Aussitôt dit, aussitôt fait le roi envoie un émissaire contacter Bertrand encore en Castille : le maréchal Arnoul d’Audrehem, ancien compagnon d’armes de Bertrand.

Malgré les insistances répétitives d’Henri II de Castille de le garder auprès de lui, après le fin du siège de Soria en mai, Bertrand Du Guesclin décide de rejoindre le roi de France.

Il repasse les Pyrénées, en juillet 1370, couvert de gloire et d’argent avec 1.500 bretons. Son frère Olivier et ses amis de toujours comme les deux de Mauny, La Houssaye, Guillaume Boitel et Kéranhouët l’accompagnent. Quant au Bègue de Vilaines et son fils ainsi quelques autres chefs de compagnies, ne possédant rien en France, restent aux côtés du roi Henri qui les couvre d’argent. La postérité de quelques uns subsiste encore de nos jours.

En chemin, le maréchal lui explique que le roi de France et son Conseil ont décidé de le nommer connétable de France. Au début, il refuse la proposition du roi de France au maréchal :

– Je ne suis que capitaine et non prince. Je ne suis que de trop pauvre maison pour commander tant de grands princes.

Le maréchal rétorque, d’un ton vif :

– Bertrand, unanimement, tous ont accepté que vous soyez leur chef. Il est de votre décision d’organiser une armée disciplinée et de mettre les anglais hors de France.

Finalement, Bertrand accepte la proposition du roi.

Au fait, quand est-il de la menace de guerre entre l’Aragon et la Castille pour le duché de Molina et la ville de Soria ? La bataille n’aura pas lieu. Ce n’est que le 10 mai 1374 à la suite d’un traité de paix que le roi d’Aragon rend le duché de Molina et la ville de Soria au roi de Castille. En 1378, Du Guesclin vendra sa seigneurie au roi de Castille pour 120 000 florins d’or.

Image en avant: Armoiries des maréchaux de Castille

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *