Charles V, exercice du pouvoir 4° partie. Année 1371-1372

Charles V, exercice du pouvoir 4° partie. Année 1371-1372

On ne peut pas parler de Bertrand du Guesclin sans évoquer son roi, Charles V, dont il a juré fidélité et droiture.

La campagne de 1371

La campagne de 1371, qui semble promettre de grands évènements, n’offre rien de bien remarquable.

Pourtant vers l’automne, le pape Grégoire XI décide d’être médiateur entre les rois d’Angleterre et de France afin de stopper cette guerre. Mais chacun campe sur ses positions. Édouard III s’en tient au traité de Brétigny de 1360 et Charles V veut reprendre les territoires donnés aux anglais par son père, jean II, pour sa libération.

Il y aura deux bonnes nouvelles 1371-1372 pour le royaume de France. Deux naissances. Charles V a un deuxième fils, né le 13 mars 1372, Louis de France connu sous le nom Louis I° duc d’Orléans.

Philippe II de Bourgogne, dit Philippe le Hardi, et frère du roi, a un fils prénommé Jean né le 28 mai 1371, qui deviendra Jean I° de Bourgogne dit Jean Sans-Peur. Mais la haine entre ses deux fils entraînera les conflits qui ensanglantera la France dans le premier tiers du XV° siècle (1407-1435).

Parlons maintenant du roi de Navarre

Charles II le Mauvais est assez effacé avant la reprise de la Guerre de Cent Ans en 1369. Charles V connaît bien son beau-frère marié à Jeanne de France. Il est homme qu’il ne faut pas côtoyer car il est infidèle dans ses paroles et ses actes. La guerre est repartie de plus belle. Charles le mauvais vise toujours à récupérer la Champagne et la Bourgogne. En effet, ces deux comtés lui ont échappé quand Charles V place son frère Philippe le Hardi comme duc de Bourgogne à la demande de son père Jean II le Bon.

Charles V charge Du Guesclin, son connétable, d’organiser une entrevue à Évreux avec Charles de Navarre. Un traité d’alliance entre les deux royaumes est acté.

– Le roi de Navarre devra renoncer à ses prétentions sur la Champagne, la Brie et la Bourgogne ainsi que toute alliance avec l’Angleterre.

– Le roi de France devra lui octroyer la cession du domaine de la ville de Montpellier.

Après la signature du traité, Charles le Mauvais prête hommage-lige au roi de France pour toutes les terres et les seigneuries qu’il gère. Charles V, n’ayant aucune confiance en son beau-frère l’oblige à lui laisser ses deux fils à la cour de France. Éducation à la française ou otages ?

Parlons aussi de l’Écosse

L’Écosse est un allié sous influence de la France depuis Saint louis. David II Bruce, roi d’Écosse décède en 1371. En urgence, on signe un nouveau traité d’alliance entre les deux rois : Charles V et Robert II Stuart, le neveu du défunt roi.

La campagne de 1372

Cette année 1372 sera d’une haute importance en évènements.

D’abord, côté anglais, les choses ne s’arrangent pas. Deux grands chefs de guerre et tacticiens ne sont plus. En effet, John Chandos a été tué par Guillaume Boitel, un mercenaire français, proche de Bertrand du Guesclin, sur le pont de Lussac-les-Châteaux le 31 décembre 1369 et le Prince Noir, affaibli par une dysenterie contractée lors de la première expédition en Castille en 1367 et la mort de son jeune fils, l’incitent à rentrer prématurément en Angleterre en janvier 1370. Le conflit tourne à l’avantage des français.

Édouard III recherche désespérément des alliances pour contrer Charles V. Beaucoup font la sourde oreille. Ils rencontrent des petits succès :

1) Dans le nord de la France, sa négociation avec les communes de la Flandre forceront le comte de Flandre, Louis II de Male, à rester dans la neutralité.

2) Dans l’ouest, il signe un traité de confédération avec Jean III de Montfort, duc de Bretagne.

3) Dans le sud, il marie ses fils avec les filles de défunt Pierre le Cruel, ex-roi de Castille. Edmond de Langley, duc de York (quatrième fils), épouse Isabelle de Castille

 

et Jean de Gand, duc de Lancastre ( troisième fils ) se marie avec Constance de Castille. Henri II, roi de Castille apprend la nouvelle. Il décide de se rapprocher encore plus de Charles V. Il armera sa flotte pour la prêter à la France contre les anglais ( siège de la Rochelle en 1372).

Jean de Gand, duc de Lancastre, devient Prince d’Aquitaine à la place de son frère le Prince Noir retourné en Angleterre. Il doit informer son père des affaires en Aquitaine. Il confie son gouvernement au Captal de Buch. Édouard III décide d’envoyer le duc de Lancastre à Calais avec une lourde armée. Quant au comte de Pembrocke, Jean de Hastings, gendre du roi d’Angleterre, il amènera de puissants renforts ainsi que la solde des soldats du Poitou, par la mer, à Bordeaux.

Charles V, mis au courant par ses espions, décide de renforcer les places fortes en hommes dans le nord et de mettre les habitants à l’abri. Il envoie un messager au roi de Castille pour le prévenir de mettre sa flotte en alerte.

Le duc de Lancastre ne débarquera pas à Calais car il n’est pas prêt.

La bataille navale de La Rochelle.

Par contre, le comte de Pembrocke, avec ses navires chargés d’hommes, d’or et d’argent, fait route vers Bordeaux. Arrivé au niveau de La Rochelle le 23 juin 1372, il est abordé par la flotte castillane commandée par les amiraux génois Boccanégra et Cabeza de Vaca. Le combat s’engage. Les castillans ont de plus gros navires et de plus gros canons que les anglais. L’avantage tourne pour les espagnols. Les anglais ont perdu la bataille navale mais aussi le navire transportant la paie des soldats pour relancer la guerre en Poitou. Des renforts à pied, près de six cents hommes commandés par le Captal de Buch, arrivent mais trop tard. La bataille est terminée.

Charles V est aux anges. Aussitôt, il demande à Du Guesclin d’investir un maximum de villes prises par les anglais et soumettre la Guyenne. Dans son élan de générosité, il lui permet de recruter plus d’hommes. Il est accompagné du duc de Berry, frère du roi et du duc de Bourbon, louis II ainsi que Pierre II de Valois, comte d’Alençon et du Perche, Louis de Sancerre, maréchal de Sancerre et gouverneur du Languedoc, les comtes de Saint-Pol et de Vendôme ainsi que d’autres seigneurs. Il a avec lui trois milles lances. Montcontour, Vivonne, le château de Mortemart et toutes les autres places du Poitou sont enlevées rapidement.

Pour Poitiers, c’est différent

Les anglais ont moins à redouter des armes des français que des révoltes de leurs vassaux surtout depuis le sac de Limoges en 1370. En effet, le maire et les échevins de ville de Poitiers demandent au roi de France d’envoyer de toute urgence une armée car les anglais arrivent. Ils leur feront payer cher leur rattachement au royaume de France. Du Guesclin et le duc de Berry avec trois cents chevaliers chevauchent en toute hâte. Ils arrivent à Poitiers peu avant les anglais de Thomas Percy. Ils renforcent la ville. Le siège ne se fera pas. Charles V pour récompenser le maire de la ville, les échevins et les conseillers, les anoblira ainsi que leurs descendances et même leurs successeurs.

La lente agonie de l’Angleterre

Cette prise est un coup terrible pour le roi d’Angleterre. Les villes de Saint-Jean-d’Angely, Angoulême et Saintes, vidées de troupes anglaises, se rendent.

Le roi d’Angleterre voyant que toutes ses places tombent une à une s’écrie :

– J’irai si puissamment armé que j’abattrais la puissance de Charles. Je ne rentrerais en Angleterre tant que je ne récupérerais pas toutes mes terres prises par les français.

De rage, il arme une flotte de 400 navires dans lesquels embarquent 3 000 lances et 10 000 archers. Direction la Guyenne. Mais les vents sont contraire. La flotte n’avance pas. Ils restent au moins 9 semaines en mer. Le 29 septembre 1372, la mer ne devenant pas meilleure, le roi Édouard, courroucé, renonce avec regrets. Il licencie son armée. La flotte rentre au port de Southampton. Plus grave, les seigneurs poitevins enfermés dans la ville de Thouars assiégés par les français de Bertrand du Guesclin, se rendent ne voyant pas arriver les renforts.

Maintenant, tout le Poitou est aux mains des français et les principaux chefs anglais ou à la solde des anglais sont prisonniers : Thomas de Percy, le Captal de Buch et Jean d’Évreux.

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