CHARLES II DE VALOIS – ALENÇON

CHARLES II DE VALOIS – ALENÇON

Charles II de Valois – Alençon ( 1297 – 1346 ), comte de Chartres, du Perche et d’Alençon, n’est autre que le frère de Philippe VI de Valois, roi de France.

Son premier fait d’armes commence en 1324 aux côtés de son père Charles de Valois au siège du château de Quat’Sos de La Réole ( raconté par Maurice Druon dans « les Rois maudits »). Il s’y distingue par son brillant courage et surtout sa témérité. En effet, ce château, tenu par les Anglais d’Edmond de Kent, demi-frère du roi d’Angleterre, Édouard II, est assiégé pendant cinq semaines. Pour la première fois, on utilise l’artillerie à poudre en Europe, les tirs sont incessants. L’Anglais se rend à Charles de Valois et à son fils Charles II.

Après le couronnement de son frère, il le suit sur tous les terrains de combat, en particulier celui en Flandres. Il est gravement blessé à la bataille de Cassel en 1328 où il commandait une division.

Philippe VI l’envoie surveiller les mouvements des Anglais à Saintes. Il n’attend pas longtemps, il prend la ville par surprise et fait raser les murs. Maintenant, le roi se méfie de la fougue et de l’impétuosité de son frère. Il tarde à lui redonner un nouveau commandement.

Jean de Montfort et sa femme, Jeanne de Flandres dite Jeanne la flamme ( à gauche )

1340, il reprend sa place dans l’ost royal. Il part, avec une armée de cinq mille Français et trois mille Génois, soutenir Charles de Blois contre Jean de Montfort aux côtés de son cousin, Jean, futur roi de France au nom Jean II le bon. Il assiège et saisit le château de Champtoceaux, dans la Marche de la Bretagne. Il prend la direction de Nantes qui se rend après plusieurs escarmouches et fait prisonnier Jean de Montfort. Ensuite, il se dirige vers le château d’Hennebont, propriété de la femme de Jean de Montfort, surnommée Jeanne la flamme. Le siège est raté. Il rebrousse chemin. Le conflit cesse après une trêve entre Édouard III et Philippe VI. Charles II retourne à Paris accompagné de son prisonnier de marque, Jean de Montfort.

Édouard III embrasse le sol de « sa Normandie »

1346, Édouard III envahit la France par le port de Saint-Vaast-la-Hougue dans le Cotentin. Il s’approche de Paris. Mais, il n’engagera pas le combat contre Philippe VI, car il a assez perdu d’hommes depuis le débarquement. Il doit traverser la Seine pour rejoindre Calais. Tous les ponts sont fortement tenus. Il ne reste que celui, délabré, de Poissy. Il le renforce et traverse la Seine. L’ost se met en marche à la poursuite des Anglais. Charles II commande l’avant-garde. Édouard III ne peut pas éviter le combat. Il s’arrête à Crécy et trouve un emplacement idéal pour combattre les Français, le haut d’une colline. Les troupes françaises après une longue marche sont épuisées. La pluie ne cesse pas de tomber. Les chevaux s’embourbent par le poids de leur cavalier. Philippe VI ordonne à ses chefs de division, dont celle de Charles II, de mettre au repos son armée une nuit afin d’être frais pour le lendemain, le jour de la bataille. Mais, cet ost est ingérable et incontrôlable. Les grands seigneurs, voulant montrer leur puissance devant le roi, décident d’engager les hostilités. Les Anglais surpris de cet engagement immédiat des Français se rangent en ordre de bataille. Ils sont commandés par Édouard III lui-même, son fils, le prince de Galles, Édouard de Woodstock et Guillaume de Bohun.

Philippe VI voyant cette pagaille, décide d’envoyer d’abord les arbalétriers génois avant l’assaut de la chevalerie française. Sous une pluie incessante de flèches des archers gallois et leurs longbow, ils jettent leurs armes et s’enfuient. Voyant cette débâcle des Génois, il ordonne : « Tuez cette ribaudaille qui nous empêchera d’avancer ». Charles II qui commandait l’avant-garde de l’ost engage le combat le premier. Il est suivi par les princes de grand renom comme Louis de Châtillon, comte de Blois, Raoul le vaillant, le duc de Lorraine, Jean de Châlon, Louis de Sancerre, Jean d’Auxerre, Louis de Nevers, comte de Flandres et bien d’autres. Philippe VI en voyant les armes de son frère, Charles II, en tête, fulmine contre lui. Il est impuissant devant cette horde ingérable qui ne l’écoute pas. Charles II enfonce les premiers rangs anglais. Il est surpris par cette pluie de flèches et les épieux fixés dans le sol qui embrochent les destriers et font tomber leur cavalier. Certains sont eux-mêmes transpercés par les pics et d’autres par les traits.

C’est un désastre, une boucherie. Avant la tombée du jour, Charles II pénètre dans les rangs anglais jusqu’à hauteur du prince de Galles qui semble fléchir un instant. Ce succès est de courte durée. Les lances anglaises sont levées. Charles II de Valois – Alençon est tué, épée levée prête à s’abattre sur l’ ennemi.

La bataille de Crécy est perdue. Le roi de France, sur ordre de son conseil de guerre, fuit vers Amiens et retourne à Paris. Sur le lieu des combats, les Français encore vivants sont faits prisonniers. Quant aux autres, blessés, sont achevés par les coutiliers anglais sur ordre du roi d’Angleterre et de son fils qui sera surnommé ce jour-là le prince noir. Les Anglais, vainqueurs, continuent en direction de Calais. Édouard III assiégera la ville. Elle tombera dans ses mains un an plus tard en août 1347.

L’ost royal perdra dans cette bataille un roi, Jean de Luxembourg, le roi aveugle de Bohème, 10 princes de sang, 2 prélats, 80 chevaliers-bannerets, 1200 chevaliers et 15 000 piétons. Ce fut une des plus grandes défaites françaises de la guerre de Cent Ans avec Poitiers et Azincourt.

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