JEAN DE DUNOIS, CHAPITRE 2

JEAN DE DUNOIS, CHAPITRE 2

Chapitre 2

Après Jean de Dunois, sa jeunesse et le siège de Montargis, continuons le déroulement de la vie de ce grand chef de guerre, l’équivalent de Bertrand du Guesclin, le siècle précédent. Avec le siège d’Orléans, il rencontre la première fois Jeanne d’Arc.

Dunois et le siège d’Orléans

Le siège d’Orléans

Charles VII, le roi de Bourges comme on le surnommait par dérision, se félicita de la victoire à Montargis contre les Anglais et gratifia Dunois de son succès. Malheureusement, ce prince ne profita guère des chances qu’il avait de battre son ennemi. Il se montrait faible, sans volonté, sans confiance en lui-même, et se laissant diriger par ses favoris que ses plus fidèles serviteurs n’acceptaient pas.

De son côté, Henri VI, roi d’Angleterre, chargea le comte de Salisbury de chasser Charles VII du centre de la France, du Berry qu’il occupait. Parti de Calais, avec six cents archers gallois, il réunit seize mille soldats picards et bourguignons. Sur sa route, huit mille partisans des villes le rejoignirent ; il traversa la Seine, longea la Loire et s’empara de Rambouillet, Noyon et d’autres villes. Son avant-garde arriva devant Orléans par la rive gauche de la Loire.

Charles VII, réveillé de sa mollesse, donna le commandement d’une armée de secours à Jean de Dunois, car le comte de Richemont, qu’il avait disgracié, ne pouvait plus combattre comme connétable de France. Il partit de Gien avec mille cinq cents hommes et entra dans Orléans, le 4 octobre 1428, par la barrière de la Bourgogne. Les maréchaux de Boussac, de La Fayette, Xaintrailles et Malet de Graville l’accompagnaient. Les Orléanais furent enthousiasmés par l’arrivée de ses renforts. Dunois veut sauver Orléans, ville de son frère Charles, duc d’Orléans, prisonnier des Anglais à Londres après la bataille d’Azincourt. Dans les cités voisines, on envoya vivres, argent, et hommes pour soutenir la ville assiégée. Salisbury planta son campement dans les débris encore fumants du faubourg de Saint-Augustin, le 10 octobre. À l’arrivée des renforts, le capitaine de la garnison, le sire de Gaucourt, voulut remettre son commandement à Dunois qui refusa par modestie.

Le premier assaut anglais est lancé le 21 octobre, à midi. Les machines de guerre des assiégés entrent en action et repoussent les assaillants. Les munitions épuisées des deux côtés, maintenant, les Anglais escaladent les remparts avec les échelles. Les soldats, les bourgeois, femmes et enfants redoublent d’ardeur et frappent sur les Anglais. Le 24 octobre, les assiégés sont obligés de reculer, mais tiennent bon, un peu plus loin. Les Anglais prennent possession des Tournelles1, proches de la ville. Salisbury en donne le commandement à Jean de Glasdale (orthographié Glacidas). Celui-ci renforce son dispositif. Salisbury, voyant approcher l’hiver, décide d’en finir avec le siège. Le 24 octobre, du haut de la Tournelle pour observer son ennemi, il reçoit un boulet de pierre qui lui écrase la tête. Gravement blessé, il meurt quelques jours plus tard. Prenant le commandement des affaires, Dunois redouble d’activité pour soutenir le moral des assiégés. Il leur promet que le roi leur enverra bientôt des renforts. Début 1429, les Anglais resserrent les postes avancés pour empêcher les sorties des Français. Ils construisent trois autres bastilles. Mi-avril 1429, une bonne nouvelle arrive aux oreilles de Dunois. Charles VII lui envoie des renforts avec à leur tête une jeune fille prénommée Jeanne d’Arc. Tandis que le roi organise, à Chinon, un gros détachement, Dunois, part d’Orléans, le rejoint, il lui dit.

Majesté, je sollicite de votre part un départ hâté de votre armée pour Orléans, car la disette se fait sentir et le moral des troupes est au plus bas. L’enthousiasme s’étouffe.

Le roi comprend et ordonne le départ de son armée sous les ordres de Jeanne d’Arc et d’un convoi de ravitaillement commandé par le sire de Rais, banneret breton, et par Antoine de Loré, le 21 avril 1429. Jean de Dunois repart à Orléans pour rassurer les habitants. Pour cacher l’arrivée des Français, Dunois organise plusieurs sorties pour occuper les Anglais. Prévenu de l’arrivée imminente de Jeanne d’Arc par la rive gauche à Chécy, à quelques lieues d’Orléans, il prend la tête d’une armada de barques pour passer sept mille hommes et vivres sur l’autre rive de Chécy. Le 29 avril au soir, la colonne arrive à Orléans par la porte de la Bourgogne. Jeanne d’Arc est accompagnée de Dunois. La foule l’acclame comme une envoyée du ciel. Pendant que Jeanne d’Arc reçoit les louanges des notables de la ville, Dunois réunit son conseil de guerre et dit.

Seigneurs, Messires ! Maintenant, nous devons parler de la levée du siège de la ville.

Sire ! Dis le gouverneur, je doute de le faire bientôt, car les Anglais ont reçu deux divisions supplémentaires de Henri VI.

Dunois écoute et acquiesce. Il envoie des émissaires aux maréchaux de Saint-Sever et de Retz en leur demandant de lui amener des troupes. Le renfort de quatre mille hommes entre dans Orléans le 3 mai 1429, au petit matin. Maintenant, Dunois peut mettre huit mille hommes contre les Anglais de Suffolk. Il peut les surprendre par une attaque-surprise. À midi, le gouverneur avec deux mille gens d’armes sort, longe la Loire et attaque les camps retranchés du capitaine anglais Jean Guérard qui tient Saint-Loup. C’est un franc succès. Talbot, en route pour soutenir son capitaine, est arrêté à la porte Saint-Vincent par les troupes du maréchal de Saint-Sever. Profitant de cette diversion, les orléanais se jettent sur la bastille de Paris, construite par les Anglais et l’enlèvent. Talbot comptabilise quatre cents morts et deux cents prisonniers. Dunois en fait vingt hommes à lui seul, ordonne de raser la bastille. Jeanne d’Arc veut se porter sur celle de Saint-Laurent tenue par les hommes de Suffolk. Dunois refuse et préfère enlever la Tournelle des Augustins, tenue par Glacidas, afin de libérer le boulevard qui s’ouvre vers la Sologne. Son projet est validé par le conseil de guerre malgré le mécontentement de Jeanne d’Arc. Le 6 mai au matin, Jeanne d’Arc attaque, avec les Orléanais, la fortification. Heureusement, Dunois veille. Il amène un escadron de deux mille hommes pour éviter qu’elle soit prise. Malgré cette inconscience qui faillit lui coûter la vie, Jeanne d’Arc plante sa bannière au bord du fossé des Augustins. Après d’âpres combats, la bastille des Augustins tombe dans les mains des Français. Les Anglais perdent quatre cents Gallois dans les combats. Jeanne d’Arc est blessée au pied et ramenée à Orléans pour y être soignée. Glacidas, avec les hommes qui lui restent, continue à se battre contre Dunois ; il recule jusqu’au pont-levis dont le plancher s’est fragilisé par les bombardements ; au passage des Anglais, les planches cèdent ; Glacidas et ses hommes se noient dans la Loire. Les Orléanais avec le sire de Giresme sortent l’artillerie lourde et bousculent les Anglais à la porte qui donne sur le pont. Grâce aux décharges continuelles des canons, les Anglais fuient et le laissent tout aux assiégés. La voie est libre. Talbot y laisse sept cents de ses meilleurs archers.

Les Anglais perdent, au mois d’avril, cinq mille hommes. Bedford, voyant ses effectifs fondre à vue d’œil, est découragé. Depuis le début du siège, Talbot a perdu douze mille bons soldats. Il ne lui en reste que dix mille, fortement découragés. Maintenant en sous-nombres, le 8 mai 1429, en pleine nuit, les Anglais lèvent le siège. Talbot et Suffolk rassemblent leurs troupes les plus éloignées et prennent la direction de Paris ; faute de moyens de transport, et dans la précipitation, les Anglais laissent aux assiégés, vivres, armes et bagages ainsi que l’artillerie et les prisonniers français. Les Orléanais s’emparent de tous les biens et brûlent tous les campements de leur ennemi.

Jean de Dunois, le maître d’œuvre de la levée du siège d’Orléans.

Lors de ce siège, Dunois se couvrit d’une gloire immortelle. Il avait su communiquer aux bourgeois de la ville les sentiments patriotiques qui l’animaient. Il était sur tous les lieux de combats. Tour à tour, gouverneur et soldat, il passa du conseil de guerre aux remparts ; il croisa le fer dans, au moins, une centaine d’escarmouches. Sa conduite envers Jeanne d’Arc fut admirable, car, à aucun moment, il la jalousa. Les Orléanais se conduisirent en bons Français et vaillants guerriers.

1Petite tour

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