JEAN DE DUNOIS, SA JEUNESSE ET SES PREMIÈRES ARMES: LE SIÈGE DE MONTARGIS EN 1427

JEAN DE DUNOIS, SA JEUNESSE ET SES PREMIÈRES ARMES: LE SIÈGE DE MONTARGIS EN 1427

Vous savez l’histoire de Jeanne d’Arc, mais connaissez-vous celle de ce grand et brillant capitaine de la guerre de Cent Ans, méconnu, qui a été son compagnon d’armes et a guerroyé à ses côtés, Jean de Dunois, plus connu sous le nom du bâtard d’Orléans ? Ce chef de guerre alla sur tous les terrains de combat au XVe siècle, du nord au sud de la France. Il gravit tous les échelons de la hiérarchie militaire malgré son surnom de bâtard, grâce à sa hardiesse et sa combativité à la tête de ses hommes. C’était un politique averti et réfléchi ; il fut aimé, haï et écarté du pouvoir, mais toujours se releva par sa hargne de combattre pour son pays, la France. On pourrait le comparer à Bertrand du Guesclin à quelques différences près ; il ne fut jamais connétable ; il est issu de sang royal des Valois ; il s’est mêlé de la politique intérieure et extérieure de son pays, que du Guesclin a toujours évité ; il fut le restaurateur du royaume de France pour le roi Charles VII.

Je vais vous développer sa vie en plusieurs publications, de sa naissance à sa mort. J’espère ne pas être rébarbatif envers mes lecteurs, mais il est nécessaire que je vous décrive sa vie bien remplie. Et, maintenant, suivez-moi et découvrons ensemble la vie de Jean de Dunois, dit le bâtard d’Orléans !

Chapitre 1

Dunois est né en 1403. Il est le fils d’un prince de sang royal des Valois, Louis Ier, duc d’Orléans, fils de Charles V et frère cadet de Charles VI. Il aima follement Mariette d’Enghien, de rang inférieur au sien. Son frère, devenu roi de France, s’opposa à cette union en tant que chef de la famille des Valois et l’obligea à se marier avec une femme du même rang royal que lui, Valentine Visconti, princesse milanaise. À regret, obéissant à son frère, Louis se sépara de Mariette et s’unit à Valentine. Cependant, de leur courte union, naquit un fils, Jean, qui portera le titre de bâtard d’Orléans, toute sa vie. Il fut élevé avec les propres fils de Valentine Visconti qui l’accepta sans problème. Elle regretta même de ne pas avoir été sa mère. Enfant, il était admiré pour sa gentillesse. À la nouvelle de l’assassinat de son mari, le 23 novembre 1407, elle réunit ses enfants ainsi que Jean ; et, elle leur posa la question fatidique.

Mes enfants ! Lequel de vous se montrera le plus ardent pour venger ce crime ?

Moi, dit Jean, énergiquement, je vengerai l’assassinat de mon père.

Alors que ses frères pleuraient, Valentine, surprise, le prit dans ses bras et le combla de caresses.

Dunois a vingt ans. Les historiens n’ont aucune trace de sa présence ni à Azincourt ni à l’assassinat de Jean sans peur, duc de Bourgogne, sur le pont de Montereau. En 1421, il rejoint les rangs de Charles VII, encore dauphin, en qualité d’écuyer-banneret. Il commanda, alors, quatre bacheliers (aspirants chevaliers), vingt et un écuyers et dix-huit archers ; Charles lui octroya de plein droit la seigneurie de Vaubonnais, dans le Dauphiné ; après son couronnement à Bourges, Charles VII le nomma chambellan puis gouverneur de la forteresse du Mont-Saint-Michel en 1424. Mêlé à une intrigue que les historiens ne s’expliquent pas, il tomba en disgrâce. En 1425, il épousa la fille de Louvet, président de la Provence, et partit vivre dans le comtat d’Avignon après la disgrâce, aussi, de son beau-père. Chacun ressentit l’éloignement de ce jeune capitaine dont la sagesse égalait sa valeur. Le sang-froid qu’il déployait dans les moments difficiles lors des combats causait l’admiration des généraux.

En 1425, Charles VII nomma le comte de Richemont, connétable de France. Il appela, aussitôt, Dunois auprès de lui après son retour en grâce. Il le choisit comme un de ses lieutenants et lui ordonna de retourner prendre possession de la forteresse du Mont-Saint-Michel, menacée par les Anglais. Après avoir fait tomber toute la Normandie, les généraux anglais s’arrêtèrent au pied de la forteresse et échouèrent à la prendre. Charles VII, très satisfait de son cousin, lui offrit les moyens d’accroître sa renommée.

En 1427, le connétable appela Dunois pour faire lever le siège de Montargis par les Anglais de Jean de Lancastre, Ier duc de Bedford dont les armées étaient commandées par Richard Beauchamp, comte de Warwick ; William de la Pole, Ier duc de Suffolk et son frère, le sire de la Pol. Avec La Hire, Graville1 et Gaucourt ainsi que quatre cents hommes, Jean de Dunois rejoignit une armée de neuf mille hommes commandés par le connétable au départ d’Orléans. Il lui donna pour mission de conduire le convoi de ravitaillement chargé de vivre, pour les assiégés, à travers les lignes ennemies. Il lui adjoint La Hire et mille cinq cents hommes.

Il choisit la division anglaise la plus isolée selon ses renseignements. Ce sera celle du sire de la Pole qui ne pouvait être secouru ni par Warwick ni par Suffolk. Il arriva près de Montargis et mit en place ses hommes. La Hire attaqua l’avant-garde anglaise et la culbuta ; puis il donna l’ordre d’attaquer et d’enfoncer les lignes ennemies. La Hire, à la tête de ses six cents Gascons, fit des prouesses, mais il était en nombre inférieur. Dunois laissa le convoi en arrière et, avec ses hommes, il se jeta dans la bataille pour aider son ami en difficulté. Suffolk vit de la Pole ennuyé. Il choisit mille de ses meilleurs cavaliers et partit, au galop, aider son frère. En chemin, ils furent stoppés net par le sire de Mercadieu, chef de l’arrière-garde de Dunois au prix de lourdes pertes françaises. Du haut de ses remparts, le capitaine de la garnison, Bouzon de la Faille avec la moitié de sa garnison, profitant de la faiblesse de l’Anglais, sortit et attaqua le campement de la Pole. Déstabilisés, les Anglais reculèrent. Dunois lança, alors, sa meilleure infanterie contre Suffolk. L’ennemi prit la fuite, se jeta dans les marais, traversa le Loing et rejoignit les troupes de Warwick. Dunois aurait pu attaquer les troupes anglaises rassemblées autour du général anglais, mais il ne fit pas. Grâce à sa sagesse, il préférait savourer sa victoire. Bedford y perdit deux mille quatre cents hommes soit tués ou prisonniers, des canons et un butin immense. Jean de Dunois fit entrer dans la ville le convoi de ravitaillement. Il fut reçu, en triomphe, par la population. Le 5 septembre 1427, le siège de Montargis fut levé. Warwick perdit six cents hommes de plus, lors de l’attaque de son camp.

La ville de Montargis lui offrit mille livres pour le remercier d’avoir sauvé ses habitants. Il donna quittance, en signant le bâtard d’Orléans.

11390 – 1449, Jean V de Malet, sire de Graville, grand-maître des arbalétriers de France et compagnon d’armes de Jeanne d’Arc

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