JEANNE DE FLANDRE, JEANNE LA FLAMME
Une femme d’exception : Jeanne de Flandre (1295-1374), la Cléopâtre, l’Amazone du Moyen Âge, dit Jeanne la Flamme.
Elle est née de Louis I° de Flandre, comte de Nevers et de Jeanne de Rethel, comtesse de Rethel. Elle sera duchesse de Bretagne par son mari Jean de Bretagne dit jean de Montfort de 1341-1345.
En 1341, Jean III de Bretagne dit Jean III le Bon, revenant de Flandre, meurt à Caen. C’est un proche de Philippe VI de Valois. Il accompagne le roi de France en Flandre après le soulèvement des flamands contre son fils, Louis de Crécy ou Louis de Flandre, par Artevelde et Édouard III d’Angleterre. Donc, au départ, Jeanne de Flandre avait pour ennemi le roi d’Angleterre. Il deviendra plus tard le plus dur défenseur, par intérêt, de son fils pendant la guerre de succession des ducs de Bretagne. Jean III se voyant sans espoir d’avoir des enfants décide de marier sa nièce Jeanne de Penthièvre, fille de son frère Guy de Penthièvre, avec un neveu du roi de France, Charles de Blois. Il pense par cette union prévenir des possibles troubles en Bretagne. Mais cette union crée plus de tension de que de paix. Effet, Charles de Blois et Jean de Bretagne dit jean de Montfort, comte de Montfort, demi-frère de Jean III de Bretagne, vont se faire la guerre pour le trône de ducs de Bretagne.
Donc, Jeanne de Flandre se marie avec Jean de Montfort. Ils ont un fils, Jean III de Montfort et comte de Richmond et une fille Jeanne qui se mariera à un Anglais, Ralph Basset de Dayton.
Mais un évènement important change la donne et surtout l’alliance. Alors que Charles de Blois attend la décision de la Cour des Pairs pour le désigner duc de Bretagne, Jean de Montfort parcourt toute la Bretagne pour haranguer la noblesse bretonne de le rejoindre et faire la guerre aux partisans de Charles de Blois. Au courant de cette trahison, Philippe VI de Valois lève une armée contre Jean de Montfort. Ce dernier est fait prisonnier à Nantes 21 septembre 1341 où il était retranché par le duc de Normandie, Jean, futur roi de France. Il est envoyé à Paris et enfermé au Louvre.
C’est à partir de cette date que Jeanne de Flandre entre en scène et deviendra une femme politique et guerrière.
Jeanne est à Rennes avec son fils quand elle apprend la captivité de son mari. Elle décide de reprendre le flambeau. Abattus par l’emprisonnement de leur chef, les barons montfortistes n’ont plus le moral. Jeanne de Flandre parcourt toutes les villes acquises à leur cause avec son fils dans ses bras. Elle rassure les populations et leurs seigneurs. Par sa fermeté et son autorité, elle empêche la défection des troupes de son mari et leur redonne le moral de combattre Charles de Blois et ses alliés français.
Elle dit à chacun de ses passages : « Mes amis, j’espère que Mon Seigneur sortira de là où il est, tôt ou tard ; Mais si Dieu nous défavorise tant qu’il y demeure, voici son enfant légitime de son sang et nourri sous espérance que par la grâce de Dieu, il sera un jour un homme de bien et de valeur, et croissant la perte du père, et malgré ses ennemis, lesquels cette heure lui occupe la terre. » Elle sera surnommée, Jeanne La Flamme.
D’Argenté, le chroniqueur , dira d’elle : « Cette dame avait bien le cœur tel, que jamais siècle n’en rencontra semblable en son sexe ».
Froissart, un autre chroniqueur, dira d’elle : « Cette princesse qui avait le courage d’homme et cœur de lion »
Pour l’heure, Jeanne s’est retirée dans sa forteresse de Hennebont pour y passer l’hiver. Elle ne se repose pas pour autant. Douée d’une grande habileté dans les négociations, elle renforce les garnisons des villes acquises à sa cause, fait réparer celles dont les fortifications sont endommagées et accorde certaines libertés à ceux qui la suivent.
Au printemps 1342, la guerre se rallume. Charles de Blois, soutenu par Philippe VI de Valois, reprend la ville de Rennes avec 12 000 hommes. De son côté, Jeanne accepte l’aide d’Édouard III. Les Français approchent d’Hennebont.
Jeanne fait sonner le tocsin et donne l’ordre à tous les habitants de prendre les armes. Elle-même s’équipe et s’arme de toutes pièces. Montée sur un destrier comme une amazone, elle parcourt la ville et renforce les endroits les plus exposés.
Elle amène pierres, chaux vive et pots à feu pour les jeter sur les assaillants. S’apercevant au loin une faiblesse de l’ennemi, elle sort de la ville sur son destrier avec 300 hommes. Ils détruisent et brûlent tout dans le camp français. Le chemin du retour étant barré, elle se dirige vers Auray. Quelques jours plus tard, accompagnée de 600 hommes, elle rentre de nouveau dans Hennebont. Mais le long siège de la ville vient à bout de sa témérité. Désespérant du secours des Anglais, elle se résout à se rendre quand débarque une troupe avec un fort contingent d’hommes. Les Français sont surpris et perdent pied. Charles de Blois est obligé de lever le siège.
Quelques mois plus tard, Charles de Blois est mis au courant que les Anglais arrivent par la mer. Il fait équiper une flotte puissante. Les Anglais commandés par Robert d’Artois fondent sur les navires français. Jeanne de Flandre, aux côtés des Anglais, se bat héroïquement comme un chevalier le plus brave. Ni vainqueur ni vaincu. La tempête oblige chacun à se réfugier dans les ports du littoral breton. Robert d’Artois et Jeanne de Flandre se réfugient à Vannes qu’ils investissent. Quelques jours plus tard, Charles de Blois décide de reprendre la ville. Lors de ce siège, Robert d’Artois est mortellement blessé. Édouard III le remplace. Il débarque à Vannes. Jeanne l’accueille à bras ouverts. Mais il arrive en terre de Bretagne pour ordonner une trêve entre les 2 camps après avoir subi quelques revers.
Entre-temps, Jean de Montfort s’évade du Louvre et se réfugie à Londres. Il mourra quelques semaines après sa captivité. Jeanne place alors son fils, le futur Jean IV de Bretagne, à la cour d’Angleterre qui l’éduque. Édouard III devient son tuteur. Dans la même période, Charles de Blois est fait prisonnier par les Anglais à la Roche-Derrien en 1347.
Maintenant, deux femmes vont s’affronter : Jeanne de Flandre avec les montfortistes et Jeanne de Penthièvre avec les blésistes. On l’appellera dorénavant « la guerre des deux Jeanne » une trêve est signée entre les deux de rois. En Bretagne, les deux camps sont fatigués d’une guerre sanglante qui aura duré 23 ans (1341-1364).
Jamais la fermeté de Jeanne de Flandre ne fut remise en question. Elle transmit toute sa force, son opiniâtreté, son talent guerrier et son savoir à son fils qui deviendra duc de Bretagne au traité de Guérande en 1365.
Elle mourut dans l’année 1374. À Hennebont, Morbihan, en 1953 la ville donna le nom « Jeanne-la-Flamme » au pont qui engendre la rivière, le Blavet.