LA JOURNÉE DES HARENGS LE 12 FÉVRIER 1429

LA JOURNÉE DES HARENGS LE 12 FÉVRIER 1429

Quelle curieuse journée, que celle du 12 février 1429

    A cette époque, les Anglais envahirent tout le nord de la France, au-dessus de la Loire. Depuis la bataille d’Azincourt, la France avait un roi, mais qui gouvernait le pays lors de ses moments de lucidité. En effet, la démence de Charles VI dit « le fol » l’en empêchait. La bataille politique faisait rage entre les Armagnacs de son fils, déshérité de la couronne par le désastreux traité de Troyes en 1420, Charles, néanmoins dauphin de France et les Bourguignons de Philippe le bon, alliés aux Anglais qui siégèrent à Paris. Henri VI d’Angleterre succéda à son père en 1422. Il fut sacré roi de France, malgré la contestation des Français dont les Armagnacs, à Paris en 1431.

   Mais, le roi d’Angleterre était trop jeune pour gouverner, seul, la double monarchie. Il n’avait que 9 ans. La régence fut partagée avec ses oncles, Jean de Lancastre, duc de Bedford et Humphrey de Lancastre, son frère, duc de Gloucester. Jean de Lancastre fut chargé des territoires anglais en France et de mener la guerre contre le roi légitime de France, Charles VII. Humphrey de Lancastre fut régent du royaume d’Angleterre et portait la fonction de « Lord Protecteur », en fait chef du gouvernement. En cette année 1429, le duc de Bedford, avait maille à partir, avec les Français de Charles VII . Les Anglais assiégèrent Orléans.

   Ils construisirent neuf bastilles autour de la cité, sauf à l’est du côté de Paris dont les territoires étaient investis et protégés par des garnisons anglaises. Mais, il fallait alimenter régulièrement en obus et en vivres une armée de milliers d’hommes. Ce jour là, la nourriture transportée était composée, surtout de poissons, des harengs, pour le Carême.

    Le duc fit assembler un convoi de quatre ou cinq cents charrettes et chars sous la conduite de John Falstoff, grand-maître d’hôtel du duc et de Simon Morhier, prévôt de Paris. Le convoi était protégé par mille six cents gens d’armes, archers et cavaliers et un millier d’hommes de métier divers, des charretiers, des marchands, des pages et autres gens de petite défense. Le convoi, parti de Paris, ne fut pas inquiété sur la route contrôlé par leurs troupes.

    Mais, Charles VII avait des espions partout. Les Français furent avertis qu’un convoi de ravitaillement pour les troupes anglaises, assiégeant Orléans, passerait par Étampes. Ils décidèrent de l’intercepter à Rouvray-Saint-Denis, à mi-chemin. Le roi leva une armée de plusieurs milliers d’hommes qu’il plaça sous le commandement de

   Jean de Dunois dit le bâtard d’Orléans, comte de Longueville, et fils de Louis Ier d’Orléans, des deux maréchaux, Gilles de Rais et Jean de Brosse, du connétable d’Écosse et comte d’Évreux Jean Stuart de Derneley, de Charles de Bourbon, des seigneurs de Chauvigny et d’Albreth et des capitaines La Hire et Poton de Xaintrailles. Les Français furent repérés ; les Anglais formèrent un grand parc avec leurs chariots comme dans les films de western des années 60 ; ils laissèrent deux issues pour en sortir. Leurs archers étaient en place prêts à décocher des flèches avec leur longbow. Cela faisait deux heures qu’ils attendaient.

    Dans les rangs français, on discutait et on se chamaillait sur la tactique d’attaque du convoi. Les écossais préféraient combattre à pied alors que les Français, à cheval. De plus, les renforts de Charles de Bourbon et de son capitaine le seigneur de La Fayette arrivèrent en retard. On n’attendit pas, on lança l’attaque. Les uns à pied et les autres à cheval. Les archers anglais tirèrent inlassablement. Ce fut un massacre. Le connétable d’Écosse et son frère Guillaume furent tués ainsi que cinq cents combattants dont la plupart était Écossais. Voyant la débâcle, les Français fuirent. Les cavaliers anglais sortirent de leur parc et mirent en déroute l’armée française malgré une légère riposte de La Hire et Poton de Xaintrailles. Nous étions le 12 février 1429. Cette bataille fut surnommée la bataille des Harengs.

 

    Le lendemain, les Anglais ramassèrent armes, brigantines, armures et heaumes de leurs adversaires morts sur le terrain de bataille, reformèrent leur convoi et prirent la direction d’Orléans. On eut écrit qu’il y eut un seul mort, côté anglais, le neveu du prévôt de Paris. On adouba chevalier le Gallois d’Aulnay, le seigneur d’Orville, le grand Raoulin et Louis de Lexu, des Savoyards.

    Ce revers de l’armée de Charles VII fut compensé par des victoires décisives cette même année comme la levée du siège d’Orléans par Jeanne d’Arc ainsi que les batailles de Patay, de Jargeau, de Meung-sur-Loire et quelques autres qui repoussèrent sans cesse les Anglais de nos territoires jusqu’à la fameuse bataille de Castillon en 1453 qui met fin à la guerre de Cent Ans entre Français et Anglais.

Source : L’histoire de France racontée par les contemporains: …Berthold Zeller · 1886

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