LE SIÈGE DE MONTPAON EN JANVIER 1371

LE SIÈGE DE MONTPAON EN JANVIER 1371

 

Contexte

Édouard de Woodstock, prince d’Aquitaine, exténué, car il avait contracté une maladie lors de son expédition en Castille, aux côtés de Pierre le cruel contre Henri Trastamare, rentra définitivement en Angleterre. Il était certain d’y recouvrer sa santé. Il laissa son gouvernement à son frère, Jean de Gand, duc de Lancastre. A la faveur d’une succession de défaites face aux Français, de la maladie d’Édouard de Woodstock et de l’impopulaire levée d’un nouveau fouage, les grands vassaux de Gascogne basculèrent dans le camp des Français. Bertrand du Guesclin quitta le duc d’Anjou et alla à Périgueux où il fut reçu avantageusement. Il y laissa quelques amis bretons. La passation de la principauté d’Aquitaine entre les deux frères étant confuse, quatre Bretons tentèrent une incursion en Aquitaine.

La localisation

Les forces en présence

Amies : le royaume de France avec 200 lances

Ennemies : le royaume d’Angleterre avec 700 lances et 500 archers.

Les pertes

Amies : non communiquées

Ennemies : Beaucoup de morts lors des assauts

Le siège

Montpaon est un bourg avec une forteresse, au bord de l’Isle entre Périgueux et Libourne. Quatre chevaliers bretons, Guillaume de Longueval, Eustache de la Houssaye1, Louis de Mailly et le sire d’Arcy quittent Périgueux dans les premiers jours de 1371. Guillaume de Montpaon en est le châtelain. Les Bretons entourent le château. De Montpaon se rend trop rapidement par peur ou par connivence avec les Français. Les assiégeants s’installent à l’intérieur. À cette nouvelle, le duc de Lancastre lève une armée pour reprendre la place. Il est accompagné des sires de Pons, de Parthenay, d’Harcourt, de Guichard d’Angle, des barons gascons et des chevaliers du Poitou et Saintonge. Quand le sire de Montpaon apprend que le duc de Lancastre et son armée arrivent, il n’est pas rassuré. Il se doute qu’il sera pris et que le duc le tuera pour trahison. Il décide de se réfugier auprès des Français et de laisser le fort aux quatre Bretons. Il n’attend pas et leur donne la forteresse. Ils lui disent qu’ils la défendront coûte que coûte. Puis, il part immédiatement pour Périgueux. Lancastre arrive à Montpaon et y fait le blocus. Avant de donner l’assaut, il comble les fossés de fascines, de paille et de terre. Le travail dure vingt jours. Puis, il ordonne l’assaut des remparts. Il fait cinq à six attaques par jour, mais la défense du château tient bon, car ce sont des guerriers rompus à tous les combats. À Saint-Macaire, non loin de Montpaon, deux écuyers, Jean de Malestroit et Sylvestre Budes se disputent à qui ira soutenir les Bretons contre les Anglais du duc de Lancastre. Ils tirent à la courte paille et Sylvestre remporte le jeu. Il part avec une douzaine d’hommes, entre dans la forteresse et est accueilli en grande joie par les Bretons.

Après onze semaines de siège, à coup de pics, un pan de mur s’effondre. Le duc ordonne d’élargir la brèche, puis il fait préparer le dernier assaut avec les archers en tête. Quand les quatre Bretons s’aperçoivent qu’ils ne tiendront pas longtemps, ils envoient un héraut parlementer avec le duc pour une reddition. Après concertation avec ses barons, le duc de Lancastre envoie Guichard d’Angle, maréchal d’Aquitaine, imposer sa reddition. Ce dernier leur dit.

Seigneurs ! Vous avez durement courroucé monseigneur, car vous avez tenu le siège onze semaines et il a perdu beaucoup d’hommes d’armes. Voilà pourquoi, il ne vous recevra pas, si vous ne vous rendez pas simplement. En tout premier, il veut le sire de Montpaon pour le faire mourir comme traître.

Messire Guichard ! Vous direz à votre prince que, pour le sire de Montpaon, nous vous jurons que nous ne savons où il se trouve ; il est parti avant que vous arriviez. Pour nous rendre simplement, nous sommes des guerriers et pas des manants. Avant que nous fassions un tel marché, nous nous vendrons si chèrement qu’on en entendra parler dans cent ans. Retournez voir, monseigneur le duc, dites-lui qu’il propose un montant pour notre rançon comme nous l’aurions fait pour vous si nous étions dans votre position !

Je vais derechef lui rendre compte.

Il rapporte au duc et à son conseil les paroles des quatre Bretons. Lancastre accède à leur proposition. Les quatre Bretons et Sylvestre Rudes sont mis à rançon. La forteresse est reprise par les Anglais.

Les conséquences

Le duc de Lancastre y plaça deux chefs gascons, les sires de Mussidan et Soudich de Latrau avec quarante hommes d’armes et autant d’archers. Il paya la reconstruction du mur et renforça les murailles. Il fit venir des vivres et de l’artillerie. Il repartit pour Bordeaux et licencia son armée. Les barons et les seigneurs s’en retournèrent chez eux. Les deux capitaines anglais de Montpaon se livrèrent à toute sorte d’hostilité contre les habitants de Périgueux.

1 (1330-1381) Il est chevalier, seigneur de la Houssay, conseiller de Jean IV de Bretagne et lieutenant de Bertrand du Guesclin de toutes ses batailles en France et en Espagne.

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