Le siège du château de Belleperche, en février 1370

Le siège du château de Belleperche, en février 1370

Le contexte

     

En 1369, Isabelle de Valois, mère du bon duc Louis de Bourbon et belle-mère de Charles V, se retira en son château de Belleperche, à deux lieues de Moulins dans le Bourbonnais, en aval de l’Allier (aujourd’hui disparu) pour fuir la chaleur et les tracas de Paris. Une Compagnie anglaise commandée par des capitaines routiers, Hortingo de la Salle, Bernard de Wisk et Bernard de la Salle apprirent qu’une vieille duchesse de Bourbon séjournait dans le château de Belleperche, ils s’en emparèrent sans difficulté et firent prisonnière la duchesse. L’étonnement fut grand dans le Bourbonnais à l’annonce de la prise du château. Louis de Bourbon et le maréchal de Sancerre, avec l’accord du roi, armèrent leurs troupes et se dirigèrent vers Belleperche.

Les forces en présence

Amies : le royaume de France avec 800 hommes et 200 arbalétriers

Ennemies : le royaume d’Angleterre avec 120 combattants + 3 000 Anglais en renfort

Les pertes

Amies : inconnues

Ennemies : beaucoup de pertes

Le siège

Le duc de Bourbon, avec les principaux chevaliers d’Auvergne et du Forez, arrive avec quatre ou six engins de siège, dont des mangonneaux. On lance sans relâche des pierres sur le château qui détruisent toutes les toitures. La duchesse prend peur devant toute cette dévastation occasionnée par son fils. Sur sa demande, il décide de cesser les tirs et préfère soit de mettre le feu au château ou d’affamer la garnison par un blocus complet. C’est à l’emploi de ce dernier qu’il envisage d’exécuter. Le duc de Bourbon fait même construire une grande et forte bastille. L’armée bourbonnaise reçoit tous les jours de nouveaux renforts. Les assiégés décident à demander de l’aide du sénéchal du Limousin, qui préfère en parler aux comtes de Cambridge, gendre d’Édouard III et au comte de Pembrocke. Les Anglais se rassemblent et partent de Limoges, fin janvier 1370. Mais, le froid glacial et le manque de vivres, commencent à peser sur le moral des Français. Le maréchal de Sancerre, avant de rejoindre le duc de Bourbon, publie de Paris ce message :  « Hâtez-vous de venir, vous trouverez des occasions pour vous distinguer, car les Anglais sont mal établis et il est facile de leur porter dommage ». Campant non loin du château, les Anglais, en nombres supérieurs, décident d’engager une bataille rangée dans la plaine que le duc de Bourbon refuse, car il attend des renforts. Il s’enferme derrière les palissades qu’il a érigées en les attendant. Les Anglais lui envoient, une nouvelle fois, un héraut pour lui offrir de nouveau le combat ; il lui répond ainsi.

Rapportez à vos seigneurs que je n’ignore pas leur présence, mais que je me crois le droit de choisir mon heure sans tenir compte de leurs désirs ou leurs ordres. Je suis ici pour recouvrer Belleperche et je ne romprai pas l’ordonnance de mon siège pour leur faire plaisir.

Trois jours plus tard, il renvoie le héraut qui dit au duc.

Seigneurs, mes comtes m’ont dit de vous rapporter que si vous ne leur offrez pas le combat, ils emmèneront la duchesse avec eux.

Dites à vos seigneurs, répond-il au héraut, que je leur offre un combat de cinquante chevaliers des miens contre cinquante des leurs.

Les comtes s’empressent de refuser. Cependant, à midi, la duchesse apparaît sur une mule avec sa suite devant son fils, car les Anglais du château l’avaient quittée dans la nuit. Maintenant, le duc de Bourbon peut accepter la bataille.

Au lever du jour, l’armée anglaise est rangée en bataille, face du retranchement du duc. Aussitôt, il donne l’ordre de tirer aux arbalétriers et aux artilleurs. Surpris des jets de pierres, les Anglais reculent et se reforment plus loin. Les comtes lancent la cavalerie et les piétons, chargés de fascines pour boucher le fossé devant le camp français ; ils sont arrêtés par des chausse-trappes1 qui déciment les premiers rangs. Les arbalétriers génois tirent énergiquement et sans relâche. Leurs traits fauchent les rangs suivants. La retraite est sonnée. Dans leur repli, les Français les poursuivent et tuent les survivants. Malgré une nouvelle offre de bataille des Anglais, les deux comtes comprennent qu’il n’est plus nécessaire d’insister, car ils ne gagneront pas la bataille ; ils décident de lever le siège au milieu de la nuit et s’en retournent à Limoges.

Les conséquences

Avant de partir, les trois capitaines anglais libérèrent la duchesse et mirent le feu au château. Aussitôt, le duc s’empressa d’y rentrer et arrêta l’incendie. Les Anglais, au moment où ils lèvent le siège, eurent la douleur d’avoir honteusement rendu cette place à des adversaires infiniment plus faibles qu’eux.

1Défense constituée soit par un pieu aigu camouflé au fond d’un trou dissimulé par une trappe, soit par quatre pointes de fer.

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