LE SIÈGE DU CHÂTEAU DE BENON 1372

LE SIÈGE DU CHÂTEAU DE BENON 1372

La Rochelle est aux mains des Français sans difficulté majeure. Mais les Rochelais ont peur du retour de leurs ennemis qui se sont réfugiés dans un château non loin de Benon. La ville est située entre La Rochelle et Fontenay-le-Comte. Ils demandent de l’aide au duc de Berry.

Le duc interpelle Bertrand et lui demande de se rendre au plus vite afin d’assiéger le château. L’armée quitte La Rochelle.

Le donjon DU GUESCLIN, vestige du château médiéval

Le château est gardé par un Anglo-Gascon et un Napolitain. Le premier se nomme Guillaume de Pau, un gentilhomme du comté de Foix et un proche du Captal de Buch. Le deuxième est un Napolitain surnommé « messire Jacques ».

Six compagnons d’armes, originaires de La Rochelle, ayant fui le siège de la ville par les Français, arrivent au château. Ils se présentent au gouverneur. Courroucé qu’ils n’aient pas résisté à l’ennemi, il décide de les punir gravement. Il ordonne qu’on leur coupe un doigt, les lèvres et une oreille à chacun. Il les renvoie à La Rochelle pour bien faire comprendre aux habitants qu’ils auront le même traitement s’ils ne résistent pas plus aux Français. Devant ces six malheureux, les Rochelais sont dépités et enragés du désir de justice. Cette affaire arrive aux oreilles de Bertrand du Guesclin. Ils les rencontrent. Ils lui expliquent pourquoi ils ont été, ainsi mutilés, par leur seigneur. Bertrand du Guesclin est ému. Il n’est pas dans ses principes, une telle punition.

Arrivé près du château, il somme le capitaine de se rendre. Celui-ci refuse. Devant son impatience de les punir sévèrement, il donne l’ordre d’assiéger le château. Mais, les échelles sont trop courtes pour arriver en haut des remparts.

Olivier V de Clisson lui demande de différer les assauts afin de confectionner de plus grandes échelles. Bertrand refuse et lui rétorque :

« – attaquons, toujours ! Avec ce que nous avons, l’ennemi ne résistera pas longtemps, car des gens qui se sont montrés si cruels avec leurs soldats ne peuvent être que des lâches. »

Les fossés sont vite comblés avec des fascines et des sacs de terre. Ce travail étant terminé, du Guesclin est prêt à donner l’assaut. Mais la nuit tombe vite. On attaquera demain à l’aube.

Dans la nuit, Guillaume de Pau avec une douzaine de cavaliers sortent du château et pénètrent dans le camp des Français aux cris de : «  Captal de Buch, victoire ! » afin de semer la peur et donc, la zizanie dans le camp des Français. Mais l’avant-garde du Connétable veille sur le camp. Elle est commandée par Geoffroy Payen, l’un des meilleurs écuyers de la compagnie d’Olivier de Clisson. La garde se défend énergiquement. Mais, Geoffroy Payen est blessé dans le combat. Les Français se ressaisissent et mettent en fuite les Anglais. En repartant, ils font prisonniers Geoffroy, sanglant et percé de coups. Arrivé au château, il demande à ses ennemis de le ramener pour se faire soigner. Guillaume de Pau lui demande son appartenance. Il leur répond :

« – je suis breton et je me nomme Geoffroy Payen. Je commande trente hommes de la compagnie de mon seigneur Olivier de Clisson.

– Ah ! Scélérat, dit-il, tu vas mourir de suite puisque tu appartiens à ce tigre de Clisson, le plus cruel ennemi de l’Angleterre. »

Les Anglais le percent avec leur épée et le laissent mourant au sol devant les portes du château. Il tombe inanimé sur le chemin quand arrive Olivier de Clisson. Il est ulcéré et courroucé de voir son ami dans cet état. Les derniers mots de Geoffroy Payen :

«  Oh, Seigneur, gardez-vous de ne jamais tomber dans leurs mains. Ils m’ont fait prisonnier. Je m’étais rendu à eux de bonne grâce. Malgré leur parole, voilà ce qu’ils m’ont fait en entendant le seul nom de Clisson. »

Rien ne peut l’arrêter. Il jure qu’il ne laissera aucun Anglais debout à l’avenir et qu’il vengera son ami, quoi qu’il puisse en coûter.

Le lendemain, Bertrand fait dresser les échelles sur les murailles et poser les mines. L’assaut est donné. Le combat est rude. Les Anglais résistent bien. Mais les échelles sont courtes et beaucoup de soldats meurent.

Les Anglais disent à Bertrand :

« – retournez chez vous apprendre à monter à une échelle »

Bertrand, rouge de colère, arrête les assauts. Il ordonne le minage de la muraille. Protégés par les arbalétriers, les sapeurs creusent le pied des remparts. Puis, un pan de mur explose. Les Français s’y engouffrent et entrent dans le château. Ils tuent tous ceux qui leur résistent. Le capitaine de la garnison et ses derniers hommes se réfugient en hâte dans le donjon, leur dernier refuge. Voyant qu’ils vont perdre le combat, ils décident de négocier si on les laisse sains et saufs avec leurs biens. Bertrand refuse leur demande. Il leur explique qu’ils doivent se rendre complètement et sans aucune condition. À regret, ils s’exécutent.

C’est à cet instant qu’Olivier de Clisson, surnommé « le boucher », demande à Bertrand du Guesclin, qui ignore sa pensée, de lui remettre les prisonniers comme sa seule rançon. Il accède à sa requête. Il ne pressentait pas la suite macabre des évènements. Olivier de Clisson les emmène dans la tour. Il leur demande de sortir, un par un, une corde au cou. Puis, il les exécute, à coup de hache, de sang froid. Il en tue douze avant l’intervention de du Guesclin qui lui dit :

« Seigneur de Clisson, cette boucherie et cette sauvagerie sont indignes d’un chevalier de votre rang. Vous n’êtes pas un bourreau, que je ne sache. Vous auriez dû laisser faire les hommes de Geoffroy Payen. »

La générosité du connétable permet aux survivants d’être sauvés. Ils seront envoyés à Poitiers pour y être jugés. Les fortifications du château de Benon seront restaurées et une forte garnison y sera installée.

Source: Christophe-Paulin de la Poix de De Fréminville – 1841

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