
Le siège d’Ypres, du 8 juin au 8 août 1383
Le contexte
La ville de Gand, située dans le comté de Flandre, se rebella en septembre 1379 contre le comte Louis de Male, qui soutenait la France contre l’Angleterre lors de la guerre de Cent Ans. Or, l’aide du comte à la France fut contraire aux intérêts économiques de Gand. Entre-temps, le grand schisme d’Occident était commencé. Le pape de Rome, Urbain VI, demanda l’aide des Anglais qui leva et paya une armée en Angleterre, commandée par l’évêque de Norwich, Henri le Despenser, pour aller détruire les Clémentins du pape Clément VII, élu à Avignon, et soutenu par les Français. Les Anglais débarquèrent à Calais, en mai 1383, et s’emparèrent des villes de Gravelines, Dunkerque, Poperinge et Nieuport. Le 8 juin 1383, avec les Gantois, ils mirent le siège devant Ypres.
La localisation
Les forces en présence
Amies : le comté de Flandres avec 10 000 hommes et le royaume de France avec 100 000.
Ennemies : le royaume d’Angleterre et Gand avec 17 000 Anglais et 20 000 Gantois.
Les pertes
Amies : Ypres a perdu beaucoup d’habitants après 23 assauts.
Ennemis : Beaucoup de morts lors des assauts répétés.
Le siège
Le 8 juin 1383, les Anglais arrivent aux portes d’Ypres. Les cloches sonnent l’alerte dans toute la ville ; le chapelain d’Ypres, le chevalier Jean d’Oultre ordonne la fermeture les portes, l’armement des remparts et l’incendie des faubourgs de la ville.
Les Anglais se placent à l’ouest de la ville et les Gantois, commandés par un des chefs, François Ackerman, à l’est. L’évêque de Norwich envoie un message au roi qui lui indique qu’il ne reste plus que le siège d’Ypres avant que toute la Flandre soit dans ses mains. Aussitôt, l’assaut est lancé par mille Anglais qui est repoussé avec une énergie féroce des assiégés ; pendant quatre jours, on recommence l’offensive, en vain ; beaucoup de soldats anglais meurent. Le 15 juin, on emploie l’artillerie ordonnée par l’évêque de Norwich. Le feu ne cesse ni le jour ni la nuit. Les battants de la porte de Messines cèdent ; les historiens parlent de quatre cent cinquante boulets tirés en l’espace de quarante-cinq jours. Les Gantois creusent, de leur côté, des tranchées pour vider l’eau et assécher les fossés. Inquiet de la technique des assiégeants, le châtelain envoie un messager au duc de Bourgogne pour le prévenir de l’état désespéré de sa ville et, parallèlement, un des chefs bourgeois rencontre l’évêque de Norwich pour lui demander de le lever le siège qu’il refuse, bien sûr. Le 19 juillet, les assiégeants redoublent d’efforts dans les assauts, sans résultats. On construit des ponts pour traverser les fossés. Dans la nuit du 21 au 22 juillet, les Yprois font une sortie et détruisent tous les ouvrages des assiégeants.
Vers le 25 juillet, les Anglais tirent, maintenant, des boulets rougis par le feu et les envoient dans la ville pour créer des incendies qui pourraient paniquer les habitants. Voyant les échecs répétés de leurs assauts, ils construisent des béliers sur roue avec des toitures de protection en peaux de bêtes, toujours arrosées, pour les hommes qui les poussent; l’assaut est donné, sans résultats, car les assiégés sortent de la ville et s’emparent des engins. Cependant, la disette se fait sentir ; l’évêque, au courant du manque de vivres, ordonne la reddition de la ville que les habitants refusent après une si longue et excellente résistance, et attendent toujours les renforts de France. Le 57e jour de siège, les Anglais montent à l’assaut en cinq endroits et sont encore repoussés. Le 7 août, l’armée française est en marche vers Ypres depuis Arras. Malgré les bruits de l’arrivée des Français, les Anglais redoublent leurs assauts, toujours avec des résultats désastreux. Des remparts, les Yprois leur lancent de l’eau et de l’huile bouillante, ainsi que toutes sortes de matières inflammables qui font battre en retraite les assiégeants. Finalement, les assiégeants perdent courage et ayant peur d’être pris entre deux feux avec l’arrivée des Français, l’évêque lève le siège ; les Anglais se replient sur Bourbourg et les Gantois rentrent dans leur ville. Le siège dura neuf semaines, au bord de la disette.
Les conséquences
Les Anglais se réfugièrent à Bourbourg avec, sur leurs talons, l’armée de Charles VI ; toutes les places prises furent évacuées à l’arrivée des Français. De Bourbourg, ils reculèrent vers Gravelines qu’ils brûlèrent, pour finalement s’enfermer dans Calais ; de là, ils repartirent pour l’Angleterre. Gand, toujours ville rebelle aux Français, continua la guerre et prit Bruges. À la mort de Louis de Male, Philippe le hardi, duc de Bourgogne, marié à Marguerite III de Flandre, devint comte de Flandre. Il reprit les hostilités contre les Flamands de Gand qui payèrent très cher leur refus d’obéissance. La paix de Tournai signa la fin des hostilités de part et d’autre.