1372, LE SIÈGE DES ILES ANGLO-NORMANDES

1372, LE SIÈGE DES ILES ANGLO-NORMANDES


      Pour les passionnés d’histoire de la guerre de Cent Ans, nous parlons souvent des batailles et des sièges connus comme Crécy, Poitiers, Azincourt, le sac de Limoges, Bergerac et bien d’autres. Cette guerre a pu, aussi, être gagnée par des entreprises méconnues que je développe dans mon blog « la-guerre-de-cent-ans-et-nous.com » et dans YouTube.

     Aujourd’hui, je vous parlerais du siège des îles anglo-normandes en 1372 dont les Français ne s’en sortent pas glorifiés. Dans cette affaire, il existe deux versions rapportées par les chroniqueurs de cette époque médiévale. Froissart associe Yvain de Galles au siège de Guernesey et non celui de Jersey quant à Jean Cabaret d’Orville, il parle du siège des deux îles par Bertrand du Guesclin.

      La reconquête des territoires perdus en 1360 par Jean II le bon, lors du triste traité de Brétigny, est en marche grâce à la pugnacité son fils, Charles V. Aidé par son connétable, Bertrand du Guesclin, il reprend un à un, comtés, duchés et seigneuries. Les Anglais ne sont pas perdus pour autant. Ils décident de renforcer la défense des îles de Guernesey et de Jersey. En effet, Édouard III se doutant d’une attaque française pour intégrer ces îles au royaume de France et situées à une faible encablure de nos côtes, il décide d’envoyer hommes, matériel et armement comme il l’a fait pour la place fortifiée de Saint-Sauveur-le-Vicomte. Ces deux places sont essentielles pour l’intervention des Anglais en Normandie et en Bretagne.

D’après Froissart ( les chroniques de Jean Froissart, volume 2, 31e chapitre )

       En 1372, Charles V confie la mission d’investir l’île de Guernesey à Yvain de galles. Fils du prince de Galles, Thomas Rothery, tué par les Anglais et spolié de ses terres, il se réfugie auprès du roi de France, Philippe VI de Valois qu’il l’élève. Pendant toute son adolescence, il ne pensera qu’à se venger des Anglais et en particulier d’Édouard III. Devenu adulte, Yvain de Galles est appelé par le roi Charles V. Bon navigateur et brillant chef de guerre aux côtés des Français, il lui demande d’assiéger l’île de Guernesey et de détruire tout qui pourrait être utile aux Anglais pour venir en aide à Jean IV de Bretagne dans le conflit qu’il lui oppose. Il tient là sa vengeance. Il rassemble une armée de quatre mille hommes à Harfleur, dont beaucoup de Gallois, exilés comme lui. Il embarque et se dirige en toute hâte vers les îles en longeant le cap de la Hague. Guernesey est la première île sur sa route. Il y débarque et mène le siège. Mais, les habitants opposent une vive résistance sous le commandement d’Edmond Rose, capitaine de l’île et écuyer du roi d’Angleterre.

Sous un nombre bien plus supérieur en hommes, ils cèdent et se réfugient dans la forteresse de Cornet, unique lieu sécurisé de l’île. Sur les remparts, la bataille fait rage. La résistance ne rompt pas. Yvain de Galles, suite à un message du roi de France, est obligé de lever le siège. Il rejoint La Rochelle par la mer. Bertrand du Guesclin a maille à partir avec les Anglais qui résistent dans la ville. Guernesey devait tomber entre les mains d’Yvain de Galles. Belle revanche sur les Anglais pour ce prince déchu, mais, du fait du départ précipité du Gallois, l’île de Guernesey est sauvée.

D’après Cabaret d’Orville ( chroniqueur de Louis II de Bourbon)

     En 1372, Bertrand du Guesclin assiège Brest. Il ne vient pas à bout de la résistance des Anglais. Il décide d’en faire le blocus afin de les inciter à se rendre. Mais, cela ne marche pas. Il se doute, maintenant, qu’ils doivent être ravitaillés en hommes et en armes par la mer. Le plus proche point d’approvisionnement n’est autre que les îles Anglo-normandes de Jersey et de Guernesey. Accompagné de Louis II, duc de Bourbon, et de chevaliers bretons et normands, il débarque à Jersey avec 10 000 soldats, arbalétriers et archers dans le port de Gouray ( en Anglais Gorey) au pied du château Mont Orgueil.

Aussitôt, il met en œuvre les grands moyens pour le siège. Il place des trébuchets, des pierriers, des mangonneaux et des beffrois. Il ordonne l’attaque. On lance des engins d’énormes pierres pour détruire les remparts. Cela ne suffit pas. On en vient au corps à corps à coups d’épées, de masses d’armes, de sabres et de lances. Cela ne suffit toujours pas, on organise des sapes des murailles du château. La résistance des assiégés ne faiblit pas. Il ne reste plus que les négociations. Bertrand du Guesclin décide de cesser le siège jusqu’à la Saint-Michel. Par contre, si les renforts n’arrivent pas avant cette date, le capitaine de la garnison devra remettre les clés du château à Bertrand du Guesclin et partir sans armes et sans bagages vers une autre destination. Il laisse une forte armée sur place et retourne en Bretagne. Mais, il apprend qu’Édouard III envoie des renforts à Jersey. Il rapatrie son armée et quitte définitivement l’île de Jersey pour ne plus y revenir.

      La place ne fut jamais prise ni rendue. Édouard III fut fier de garder ces deux Îles. Ce fut le dernier succès militaire des Anglais. En effet, en 1379, le royaume d’Angleterre ne possède plus que Brest, Bordeaux, Bayonne et quelques ports.

(Source : Jersey, ses antiquités, ses institutions, son histoire – volume 2 – par de la Croix – 1860)

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