Charles V, année 1377 et 1378

Charles V, année 1377 et 1378

Au moment où meurt Édouard III le 21 juin 1377, la trêve expire. Charles V, pendant cette période, se préparait déjà à la guerre. Il réorganise la flotte et l’augmente avec la venue des Castillans de l’amiral Ferrant Sausse. Charles V lance les hostilités.

 

Dans le nord de la France, une première armée commandée par l’amiral Jean de Vienne s’approche des côtes anglaises. Elle brûle les ports de Portsmouth, Plymouth et Darmouth. L’amiral débarque sur l’île de Wight. Il prend les villes et les rançonne. Londres s’inquiète de ces incursions françaises. Les comtes de Cambridge et Buckingham lèvent une armée de 100 000 hommes pour protéger les côtes dont une grande partie est stationnée à Douvres. L’objectif des Français de brûler la ville est annulé. L’amiral se dirige maintenant sur Calais, possession anglaise. Conjointement, le duc de Bourgogne attaque Ardres, à quelques lieux de Calais. La place est fortement gardée. Le capitaine de la garnison demande des renforts de Calais qui ne viendront pas car la ville surveille la flotte française. Ardres tombe ainsi que d’autres places fortes. L’étau se resserre autour de Calais.

 

Dans le sud, la deuxième armée commandée par le duc d’Anjou et Bertrand du Guesclin investissent la Guyenne. Ils prennent 135 places fortes dont Bergerac. Ils font prisonnier le sénéchal de Bordeaux, le Sire de Felton.

Dans l’ouest, la troisième armée d’Olivier de Clisson soumet la ville d’Auray et d’autres places fortes anglo-bretonnes.

Dans le centre, la quatrième armée du duc de Berry sécurise l’Auvergne et le Berry où quelques places fortes sont encore tenues par des mercenaires ou des anglais.

Enfin, une cinquième armée commandée par le roi est placée au centre de tout le dispositif. Elle est en réserve.

Charles V est informé de tout ce qui se passe sur son territoire. Il peut renforcer en hommes, en munitions et en argent les autres armées. Il envoie même des hôpitaux de campagne pour les blessés. Grâce à son intelligence et à sa tactique de guerre, il ne reste fin 1377, aux anglais, que quelques places : Calais, Bordeaux et Bayonne.

Tout semblait promettre des succès décisifs pour l’année suivante quand une trame de Charles de Navarre et Richard II d’Angleterre contre Charles V est découverte.

Mais ce roi habillé en chef de guerre sait recevoir

Début janvier 1378, Charles IV, empereur du Saint-Empire, roi de Bohême et comte du Luxembourg souhaite venir à Paris voir son cher neveu, Charles V. Il veut aussi présenter son fils Venceslas, élu roi des Romains. Charles IV a été protecteur pour le régent Charles après la défaite de Poitiers et l’emprisonnement de son père Jean II. Le roi de France est heureux de retrouver son oncle. Il le loge même dans ses propres appartements. Le soir, il donne un grand festin. Les rois et tous les princes sont présents.( La Bnf )

On dresse trois buffets : le premier en or, le deuxième en vermeil et le troisième en argent. Les tables sont dressées sur des dais de draps d’or aux armes de la France. Le dîner est composé de quatre services de quatre-vingts mets différents. Mais le moment le plus spectaculaire de la soirée sont les représentations appelées « entremets » à cette époque. ( La Bnf )

Au fond de la salle de réception une nef avance avec ses mâts, ses voiles et cordages, les pavillons aux armes du roi de Jérusalem. Sur le pont supérieur apparaît Godefroy de Bouillon accompagné de plusieurs chevaliers en tenue et armés. Puis, une autre représentation suit, la ville de Jérusalem avec son temple et ses tours couvertes de sarrasins. Alors les chevaliers descendent de la nef et attaquent Jérusalem, épée à la main. La ville est prise. Le spectacle est terminé.

Le 14 janvier 1378, Charles IV et son fils quittent Paris couverts de présents, une coupe en or couverte de pierres précieuses avec les douze signes du zodiaque, deux grands flacons en or en forme de coquille Saint-Jacques rappelant le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, des aiguières, gobelets et des pots d’or enrichis de saphir et de perles et enfin une ceinture de draps d’or couverte de diamants. Ces cadeaux sont à la hauteur de l’estime que porte Charles V à son oncle si protecteur.

Quelques jours après ces fêtes s’abat un grand malheur sur le roi de France. La reine Jeanne de Bourbon meurt le 06 février 1378 en mettant au monde sa fille Catherine. Elle a 40 ans. Le roi est inconsolable. Pendant 28 ans de mariage, Jeanne a toujours été à ses côtés avec ses précieuses qualités de son esprit et de son cœur. Jeune et belle, elle n’a jamais pensé à être autre chose qu’une bonne mère et une bonne épouse. Sa prudence et son jugement évitent de nombreux problèmes à son mari. Elle est souvent chargée de missions secrètes. Elle assiste régulièrement au conseil du roi. En effet, trois ans auparavant, le roi a fait son testament. Il la nomme régente du royaume de France en cas de mort prématurée.

Le roi est très affligé par la mort de sa femme. Mais il n’a pas le temps de pleurer car un autre roi ourdit dans son dos : Charles II, le roi de Navarre. En effet, il envoie son fils à la cour de Charles V pour marquer sa bonne volonté envers la France

     

mais, en même temps il dépêche son chambellan Jacques de Rue négocier un traité en secret avec les oncles du nouveau roi d’Angleterre, Richard II. Informé de cette traîtrise, Charles V arrête Jacques de Rue. Il est conduit au Châtelet pour y être emprisonné. Il explique que son roi en échange des places fortes en Normandie devait récupérer les villes de Bayonne et de Bordeaux. Mais le pire, il apprend qu’il prévoyait son empoisonnement. Convoqué par le roi de France, Charles II nie en bloc ses accusations. Pour lui prouver sa bonne foi, il donne l’ordre aux châtelains du comté d’Évreux et du Cotentin de se placer sous la responsabilité des gens de France. Parallèlement, Bertrand du Guesclin et le duc de Bourbon reçoivent l’ordre d’envahir tous les territoires de Normandie aux mains des Navarrais. Toutes les places, obéissant au roi de Navarre, ouvrent leurs portes sans résistance. Au cours de leur expédition, ils prennent le château de Bernay tenu par le secrétaire du roi de Navarre, Pierre du Tertre. Il est amené à Paris puis est interrogé. Il confirme bien la coalition de Charles II avec les anglais et le désir d’empoisonner le roi de France. Du Tertre et de Rue, chambellan de Charles II, reconnus complice du roi de Navarre, sont décapités le 21 juin 1378.

En représailles et sur ordre du roi, Du Guesclin envahit le comté d’Évreux, le duc d’Anjou s’empare de Montpellier, ville donnée par le régent Charles et le roi de Castille entre en Navarre. Il assiège Pampelune, Tulède et Miranda. Charles de Navarre fait appel aux anglais pour lui venir en aide. En remerciement, il leur livre Cherbourg, dernière place navarraise. Novembre 1378, il est secouru par ses amis. Le Sire de Neuville avec mille hommes et deux mille archers débarque à Bordeaux. Celui-ci arrivera à enrayer l’invasion castillane. Charles le Mauvais perdra quand même 20 de ses forteresses.

A ma prochaine publication de Charles le sage, je vous parlerais de la fin de son règne. il mourra deux ans plus tard.

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