1373, LA RECONQUÊTE DE LA BRETAGNE, SUITE ET FIN

1373, LA RECONQUÊTE DE LA BRETAGNE, SUITE ET FIN

 

À ma dernière publication, je vous parlais de la reconquête de la Bretagne par Bertrand du Guesclin et de l’isolement des Anglais dans Brest. Maintenant, il faut la confirmer.

Son premier objectif est la place forte de Hennebont près de Lorient. La garnison est puissante et bien gardée par un fort contingent de soldats avec des habitants qui sont pour le duc de Montfort. Il fait le siège de la ville sans succès. Elle se défend vaillamment. Les échelles et les hoyaux ou houes sont d’aucune utilité. Les murailles sont trop hautes et épaisses. Il fait appel aux mineurs. Ils creusent sous les remparts, installent les explosifs et, sur l’ordre de leur chef, allument la mèche. C’est l’explosion. Une brèche est créée. Elle est si grande que les assiégés ne pourront pas contenir la masse de soldats français qui est prête à entrer dans la ville. Avant de donner l’assaut, Bertrand du Guesclin réfléchit sur les exactions que feront ses soldats. Il dit à ses lieutenants :

Seigneurs, j’ai pitié et compassion pour ses gens qui vont être livrés à la fureur de nos guerriers. Ils profaneront les églises. Ils tueront les hommes et violeront les femmes. Arrêtez le siège et ramenez nos soldats au camp. Je vais parler au capitaine de la garnison.

Le combat s’arrête immédiatement des deux côtés et tous écoutent le connétable.

J’éprouve aujourd’hui que je suis breton comme vous. Comme vous, mes compatriotes, ne soyons plus ennemis. Nous sommes de la même patrie et comme tel nous nous devons une amitié réciproque. Sur mon ordre, je peux investir votre ville de suite et m’en rendre maître. Si les anglais défendent la ville, c’est plus vous opprimer. Ainsi, chers amis, cessons de combattre et ne me forcer pas à répandre le sang.

Les habitants cessent le combat, rendent leurs armes et quittent la brèche. Quant aux anglais, ils sont faits prisonniers. Certains assiégeants passent outre et se jettent dans la ville. Leurs capitaines ont bien du mal à les arrêter. Néanmoins, le calme revient. La garnison est tombée. Il place assez d’hommes en armes afin d’éviter un éventuel retour des anglais.

Le lendemain matin, de bonne heure, Bertrand du Guesclin reprend sa route. Maintenant, il se dirige vers Quimperlé qu’il atteint dans la matinée. La ville se rend avant midi. Le vicomte de Rohan y plante, le premier, la bannière des lys sur la plus haute muraille de l’enceinte.

La troupe continue son chemin. Sur la route de Quimper, Bertrand du Guesclin s’arrête à Concarneau. Le château est situé en bordure de mer. Il n’y a qu’un seul accès pour l’assiéger, par la porte principale. Les assauts sont repoussés plusieurs fois. Les anglais tiennent bon. Du Guesclin est obligé d’intervenir lui-même pour redonner de l’ardeur à ses troupes. Son propre état-major s’en mêle. Le duc de Bourbon, le comte d’Alençon et du Perche, Hervé de Mauny, compagnon de toutes les batailles de Du Guesclin, l’abbé de Mal-Paie, qui s’est illustré au siège de Sainte-Sevère, le vicomte de Rohan, le maréchal de Blainville et bien d’autres s’emploient à la réussite du siège. L’abbé de Mal-Paie pose alors une mine. Une brèche dans la muraille est ouverte. Le duc de Bourbon s’engouffre le premier. C’est un combat au corps à corps qui s’engage avec les anglais. Tous sont à la brèche. Rien n’y fait. La nuit tombe. Bertrand remettra le siège au lendemain. Mais pendant la nuit, les anglais réfléchissent. Au petit matin, ils envoient un héraut au connétable, pour négocier leur reddition, qui accepte leurs conditions. Le château se livre aux Français.

Cette défaite anéantit l’espoir des anglais de reprendre la Bretagne. Toutes les places tenues par les anglais se vident. La peur d’affronter Bertrand du Guesclin les effraient. Ils partent tous se réfugier à Brest, dernier gros bastion armé. Il est tenu par un puissant contingent d’hommes en armes. Il est commandé par l’illustre chef de guerre, Robert Knolles, le capitaine général de la Bretagne du duc de Montfort. Sur les routes, les anglais, qui fuient les français, sont rattrapés par des bretons qui les massacrent sur place. La femme de Robert Knolles échappe de peu à la tuerie.

Maintenant toute la Bretagne est libérée des anglais sauf Brest. Du Guesclin décide d’y mettre le siège. Il fait donner plusieurs assauts sans résultat. Son Conseil de guerre lui explique qu’il n’est pas nécessaire d’exposer tant de gens et de nobles. Il suffit d’en faire le blocus. On construit des petits forts pour empêcher toute entrée dans Brest par terre. Par mer, le problème est simple. La flotte anglaise n’est plus que l’ombre d’elle même. Les navires français surveillent étroitement la Manche. Bertrand du Guesclin ne veut pas prendre de risque. Il se renseigne sur les places anglaises qui pourraient venir en aide à l’armée retranchée à Brest.

Un nom revient souvent : Jersey. L’île a un fort contingent d’hommes et bien pourvue en ravitaillement et en armes. Il y fait le siège avec difficulté mais le château se rend.

Il débarque de nouveau sur les côtes bretonnes et se dirige directement vers le château de Derval. Une demande du duc d’Anjou.

Pendant le siège du château de Derval, Bertrand du Guesclin apprend une terrible nouvelle de Brest. Des renforts commandés par le comte de Salisbury ont quand même débarqué dans le port avant l’expiration du délai de la reddition. Ils ont passé au fil de l’épée tous les habitants de la ville et des alentours, sans distinction d’âge et de sexe. Ce procédé en dehors de toutes lois de guerre afflige Bertrand. Il décide de repartir pour Brest et de venger le massacre de la ville. Il laisse sur place Olivier de Clisson pour continuer le blocus.

Arrivé sur place, il met son armée en ordre de bataille face au port. Il demande des explications au comte anglais. Il s’engage, alors, un dialogue de sourd pendant plusieurs jours. A la fin, le blocus reste actif. Brest reste aux mains des anglais et le duché sera français dans sa totalité.

Après avoir laissé une forte armée, Bertrand du Guesclin se dirige vers Nantes mais les portes sont fermées à son arrivée. Les bourgeois lui requièrent la raison d’entrer dans la ville. Bertrand leur dit:

J’ai ordre du roi de France de saisir tout le duché. Étant donné que votre prince a reçu les anglais sur ses terres et leur a donné le passage, je dois prendre votre ville. J’y ai toujours porté une affection particulière. Je serai au désespoir d’user de la violence.

Nous vous remercions de vos bontés. Il n’y a point de ville de Bretagne qui a autant de respect et d’admiration pour vous. Nous vous demandons un délai jusqu’à demain afin d’assembler les habitants et de délibérer sur votre demande.

Nobles gens, j’accepte votre requête. Mais, sachez que je ne partirai pas de Nantes sans en être maître.

Le lendemain, ils retournent voir Du Guesclin et lui expliquent :

Nos concitoyens sont surpris de vos propos. Ils ne peuvent pas croire que le roi veule que nous violons la fidélité à notre duc et que vous utilisiez la force pour entrer en ville. Nous avons deux propositions à vous faire :

  • La première, si le duc revient nous pourrons le reconnaître comme Prince sans qu’ils nous soient faits de mal.

  • La deuxième, que nous serons dépositaires de tous les deniers publiques jusqu’à la paix sans que le duc et le roi puissent en disposer auparavant. Si ces propositions vous agréent, notre ville vous recevra avec joie.

Il réfléchit tout en les écoutant et se dit :

  • D’abord, le duc de Montfort ne peut pas revenir, sinon par un traité de paix.

  • Et puis, si je refuse, le siège pourrait être long.

Il réfléchit : Depuis son dernier message, le roi me demande expressément en Picardie. Si je peux éviter de faire couler le sang de bretons, c’est encore mieux.

Finalement, Il agrée et ratifie les deux propositions des bourgeois. Ensuite, il entre dans la ville sous les acclamations. Il met renforce en hommes la place et part rejoindre le duc d’Anjou et Olivier de Clisson à Derval avant de remonter en Picardie. Il ne restera que Brest aux mains des Anglais. La Bretagne est rentrée dans le domaine royal mais pas pour longtemps.

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