LE TRAITE DE BRETIGNY 08/05/1360

LE TRAITE DE BRETIGNY 08/05/1360

Édouard III signe avec Jean II le traité de Windsor. Sa rançon s’élève à 4 000 000 d’écus d’or dont 600 000 devront être versés pour le 1° novembre 1359. Mais la France ne peut pas payer. Le pays est ruiné. Charles, le régent n’a même plus les moyens de payer une armée. Jean II est au désespoir. La non-application du traité repousse sa libération. Il apprend par son envoyé à Paris, le maréchal Arnoul d’Audrehem, que les états ont quand même voté des taxes pour lever une armée de 12000 hommes au lieu de payer sa rançon.

Édouard III est mis au courant. Il est furieux et rend responsable Jean II de l’échec du traité. Il décide de frapper un grand coup pour faire peur aux français et surtout à Charles, le régent. Il est décidé à mener sa campagne jusqu’au bout « à son honneur » et surtout à son profit. Son principal objectif est de se faire couronner roi de France à Reims.

La chevauchée d’Édouard III

Il rassemble 10 000 hommes dont la moitié d’archers. Il s’entoure de chefs compétents comme le prince de Galles, Lancastre, Warwick, Northampton, Stafford et Walter Mauny. Son armée est impressionnante :

1000 charrettes avec forges, fours, moulins, barques à fond plat, fers à cheval, etc.

Des dizaines de milliers de flèches, 200 sapeurs et charpentiers, 300 clercs.

Du poisson, de la viande salée, de l’huile et du vin.

1 100 navires pour embarquer toute cette armée.

Le départ prévu le 8 septembre 1359 est repoussé à la mi-octobre. Enfin, ils débarquent à Calais le 28 octobre. Le régent a été mis au courant dès juillet de l’objectif d’Édouard III de se faire couronner à Reims. Il prévient le capitaine de la ville.

Édouard III commence sa progression vers Reims. Il partage son armée en 3 corps qui marchent suivant une direction parallèle. Il met un mois pour rejoindre Reims le 04 décembre. En chemin, il n’a trouvé aucun soldat, aucune résistance. Édouard III en est réduit à incendier des fermes vides de ses habitants qui se sont réfugiés dans les villes fortifiées. Pas de butin et de pillage. Le pire, il manque du foin pour les chevaux et du blé pour son armée. Les récoltes dans cette région du Nord ont été minces. L’hiver est précoce et plus rigoureux que d’habitude. Les hommes, de rudes guerriers, sont frustrés et mécontents de ne pas se battre. Le 04 décembre 1359, ils arrivent enfin à Reims.

Depuis juillet, la ville connaît les intentions de l’anglais. Les défenses sont remis en état. Les villageois sont formés à combattre. L’archevêque de Reims, Jean de Craon et les bourgeois de la ville nomment capitaine un énergique chevalier champenois, Gautier de Châtillon. Édouard III organise le siège. Le premier assaut échoue. Il pense que le siège va être long. De plus les réserves s’épuisent. Le 11 janvier il lève le siège sans résultat.

Alors, une errance peut glorieuse commence vers le sud en direction de la Bourgogne. La province est riche, abondante en vin et les abbayes sont sans défense. En effet, elle a été relativement épargnée par les guerres. Pas de combat, le jeune duc Philippe de Rouvre conclue le traité de Guillon le 10 mars 1360 qui promettait 200 000 écus d’or et s’engageait à le reconnaître pour roi après son couronnement en échange de l’évacuation du duché. A Paris, les bourguignons furent taxés de lâche voire de traître.

En quittant la Bourgogne, l’armée anglaise change de direction. Ils vont vers Paris. Édouard III espère soit prendre la ville par trahison ou soit en voir sortir une armée et la combattre. D’abord, sur leur route, ils contraignent les villageois à leur donner les vivres et le fourrage nécessaires pour continuer. Puis il s’ajoute le pillage des biens de valeur, orfèvrerie, tissus, etc. Mais en mars 1360, le ton change. Les anglais violent, massacrent et saccagent tout sur leur passage. Édouard III vient d’apprendre le sac de Winchelsea, un des Cinq ports anglais par les marins normands et picards. Il se venge. Plus les anglais s’approchent de Paris, plus il pillent et incendient les villes. Montlhéry et Longjumeau flambent. Ils arrivent sous les murs de Paris à Vaugirard. Édouard III installe son campement à Châtillon au sud-est de la capitale. Mais Paris a reçu la consigne de ne pas répondre aux provocations et de laisser-passer l’ennemi. Chacun doit garder son sang-froid et attendre le plaisir de Dieu.

Las d’attendre un combat qui ne viendra jamais, les anglais lèvent le siège de Paris le 11 avril 1360. Ils prennent la route de Chartres peut être pour rejoindre la Bretagne, terre amie.

Mais la route est encore longue et le temps se détériore rapidement. Le 12 avril sera un lundi noir pour eux. Un orage terrible, accompagné de neige et de grêle, s’abat sur l’armée anglaise. On meurt de froid. Les routes embourbées empêchent les chariots chargés de butin d’avancer. Les chevaux meurent d’épuisement. Ils sont obligés d’abandonner leur butin. Édouard III voyant dans l’état où se trouve son armée pense à accepter un traité de paix avec les français. Il n’a eu ni Reims et ni Paris. Il faut traiter lui dit le sage duc de Lancastre : «  Sire, on peut perdre en un jour plus qu’on n’avait gagné en vingt ans ». Fin avril 1360, Édouard III est prêt à traiter.

Le traité de Brétigny le 08 mai 1360

Brétigny est un hameau près de Chartres. Le 1° mai, français et anglais s’y réunissent. Édouard III s’y fait représenter par les comtes de Warwick et Salisbury. Côté français, pas de régent, seulement Jean de Melun, comte de Tancarville, une des têtes des Français de Londres. Celui-ci est accompagné de légistes.

Mais où est passé Charles, le Régent ? Jean II, prisonnier à Londres, a mis sous bonne garde son fils à l’hôtel de Sens à Paris. Il ne doit avoir aucun pouvoir représentatif royal. Il ne veut surtout pas qu’il négocie pour lui. Il est en guerre contre son fils.

Le traité de Brétigny est ratifié. En plus des 4 000 000 d’écus d’or, Édouard III obtient la Guyenne et la Gascogne en toute souveraineté ainsi que Calais, le Ponthieu et le comté de Guines. Il obtient également le Poitou dont l’un des fils de Jean II, Jean, est pourtant comte, le Périgord, le Limousin, l’Angoumois et la Saintonge. Enfin, il devient souverain de toutes les terres du comté d’Armagnac en recevant l’Agenais, le Quercy, le Rouergue, le Bigorre. Par contre, Édouard III renonce aux duchés de Normandie et de Touraine, aux comtés du Maine et d’Anjou et à la suzeraineté sur la Bretagne et les Flandres. Il renonce surtout à revendiquer la couronne de France. Ce traité vise à désamorcer tous les griefs qui ont conduit au déclenchement du conflit.

Jean II est aux anges. Il est le seul bénéficiaire côté français. Il va recouvrer sa liberté. Par contre, les français, eux, sont obligés de payer le prix de la paix et du retour du roi.

Le 10 mai 1360, la paix signée, toutes les cloches de la capitale résonnent. Elle est très amère cette paix. Des 600 000 écus d’or seulement 400 000 seront récoltés avant les 4 mois exigés par le traité. Le pays est ruiné. A réception de cette somme, Édouard III consent à libérer le roi Jean. Par contre, il lui accorde un court délai pour le versement du reste de la rançon.

Le 8 juillet, le roi de France arrive à Calais. Sa joie est indécente pour un souverain qui vient de perdre le quart de son royaume. Les français ont bien du mal à payer pour faire libérer leur roi. Aux bourgeois de Reims, le roi suggère ceci : « Engagez vos joyaux, ceux de vos femmes et des riches veuves, empruntez de l’argent à Metz ou ailleurs et pour cela donnez des otages ! ». Même les provinces cédées aux anglais par le traité doivent payer pour la libération du roi qui ne sera plus le leur.

Édouard III exigea 40 otages nobles pour garantir l’exécution du traité. Jean II ne s’embarrasse pas de complexe. Parmi les otages figurent 2 de ses fils, Louis et Jean, son frère Philippe et le duc de Bourbon, Louis, beau-frère et ami du régent.

Ce fut un honteux traité de Brétigny

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