3EME ET DERNIER SIÈGE DE LAGNY-SUR-MARNE, JUILLET-AOÛT 1432
En effet, en 1430 et en mai 1432, Jean de Gand, duc de Bedford, essaya de s’emparer de la ville de Lagny-sur-Marne, bastion tenu fortement par les Français et leurs renforts envoyés par le roi de France.
L’affront, que les généraux anglais avaient subi, ne pouvait rester vain. Jean de Gand, duc de Bedford, réunit six mille hommes et les meilleurs chefs de guerre comme le maréchal de Villiers de L’Isle-Adam, un Bourguignon ; Jean « le bâtard » d’Aunay ; Philippe de Vaudrey, le seigneur d’Amont et plusieurs autres bons capitaines. Le duc de Bedford et ses hommes encerclent la ville. Il installe son campement à l’est, renforce la route propice au ravitaillement en vivres et en munitions venant de Paris et réduit ses effectifs à l’ouest, le seul côté plat de la ville.
Lagny est défendue par huit cents à mille combattants et miliciens. Ils sont commandés par Ambroise de Loré que vous avez déjà lu lors de la bataille de la Brossinière dans ma précédente publication ; Jean Foucault, seigneur de Saint-Germain ; Jean Regnault de Saint-Jean et le capitaine écossais Gilbert Kennedy de Dunure, Ier lord Kennedy. Le premier jour, Bedford ordonne à l’artillerie d’anéantir la ville afin de faire peur aux villageois. Certaines portes et des portions de murailles sont détruites. Il fait arrêter l’artillerie et leur demande de se rendre. Les assiégés refusent et résistent aux assauts répétés. Après des jours de bombardement, la situation devient critique. Les murailles sont en ruine et les vivres viennent à manquer.
Mis au courant du siège par les Anglais, Charles VII envoie des renforts pour aider Lagny. Sous les ordres des maréchaux Jean de Brosse, de Boussac, de Saint-Sévère et de Rais ; de Jean de Dunois, le bâtard d’Orléans ; du seigneur de Goncourt ; de Rodrigue de Villandrando ; des deux Xaintrailles, Poton et son frère ; et de la Hire, Charles VII lève une armée de six à huit cents hommes. D’Orléans, ils marchent vers Melun, traversent la Seine et se dirigent vers Lagny à travers la Brie. Sur la route, leur armée grossit des sympathisants du roi de France. Le 17 juillet, le conseil de la ville de Troyes, de leur côté, achemine armes, vivres, munitions et gros engins de défense comme des couleuvrines aux nombres de quarante-huit et six grosses arbalètes d’acier avec une grande quantité de traits pour l’armée française. Maintenant, l’armée forte de six mille hommes commandés par des chefs français et cinq mille routiers de Villandrando prend en étau les assiégeants. Les militaires font face à l’ennemi et les miliciens menacent leur arrière.
Le duc de Bedford reçoit en toute hâte des renforts. Confiant de sa supériorité, il envoie un défi aux commandants de l’armée française en leur demandant le jour et l’heure pour la bataille. Ils répondent : « Nous combattrons à notre avantage quand bon, nous semblera ». En fait, les Français ne veulent pas livrer bataille immédiatement, mais seulement ravitailler les assiégés, et, ensuite, faire lever le siège.
Ils avancent en bon ordre vers « le ru de la Gondoire » au sud de la ville. Puis, ils s’arrêtent et campent près du champ de bataille le long d’un petit bois, non loin d du quartier « les Gouvernes ». Les maréchaux tiennent un conseil de guerre et préparent le plan de bataille. Deux corps sont créés. Le premier avec la cavalerie et toute la noblesse simulera une attaque de front pendant que le deuxième corps contournera, par la droite, le point le plus faible de l’ennemi, avec les seigneurs de Xaintrailles et le chef des routiers Villandrando suivi du convoi de ravitaillement et du renfort en hommes pour les assiégés. Le plan est adopté à l’unanimité.
Mais, Bedford a compris le jeu des Français. Il change de tactique. Il forme trois corps pour sa défense. Lui, prend le premier corps qui attaquera de front la cavalerie. Il envoie le deuxième corps commandé par son meilleur capitaine, Villiers de L’Isle-Adam, contrer Xaintrailles, et avec le troisième, il renforce chaque point menacé pour continuer le siège de la ville.
La bataille
La bataille s’engage sur toute la ligne. L’effort principal des combats se situe dans la prairie entre les deux cavaleries. Le combat est rude. Aucun des deux partis ne gagne. Par contre, le corps des Xaintrailles et de Villandrando perce la ligne de défense ennemie et culbute les Anglais. Ils abandonnent leur position. De leur côté, la ligne des assiégeants prend la redoute (fortification avancée des remparts) par laquelle doit entrer Villandrando. Pour marquer leur victoire, ils plantent la bannière de Bedford. Elle ne restera pas longtemps, car la milice, très combative, reprend la place, met en déroute les soldats et assiège maintenant les camps anglais. L’étau se referme sur Bedford. Villandrando entre dans la ville avec son convoi de ravitaillement. Avec ses routiers, il prête main-forte à la milice. Les Anglais ne s’avouent pas vaincus. Le corps à corps est plus acharné et meurtrier que jamais. Les chevaux soulevant la terre et la poussière, on ne sait plus contre qui l’on se bat. Le désordre est à son comble. La fatigue se fait sentir des deux côtés. Les Anglais reculent épuisés. Les maréchaux avaient gardé une compagnie en réserve pour remplacer les plus fatigués. La situation s’inverse. En fin de journée, les Anglais sont harassés et les Français sont plus forts, frais et plus enclins à se battre. Les Anglais se retirent dans leur camp fortifié autour de la ville. Maintenant, on compte les morts des deux côtés. On a perdu beaucoup d’hommes. Les Français ont perdu un des chefs du convoi, l’aîné des Xaintrailles, frère de Poton, et un chevalier de la cavalerie Gilles de Sellé ou de Selly. Côté anglais, le chevalier Odart de Rémy a été tué.
Les Anglais campent toujours au pied des remparts. Mais, le temps est contre eux. Nous sommes au mois d’août. Voilà vingt-quatre jours que le soleil brûle et commence à entamer le moral des troupes. Quelques jours plus tard, un orage s’abat sur la ville. Le niveau de la Marne monte rapidement de 1,50 m de haut et elle déborde. Le camp est noyé. Les Français commandés par Gaucourt, le bâtard d’Orléans et le sire de Rais décident de s’attaquer au camp retranché des Anglais. Ils traversent la Marne, coupent la route des Anglais vers Paris et les prennent en tenaille.
Bedford craignant de voir la capitale assiégée, lève le siège précipitamment. Son armée laisse sur place tous les canons et tous leurs vivres. Le siège est levé le 20 août 1432. Les habitants peuvent enfin manger à leur faim. Pour se venger, la milice poursuit les fuyards sur les routes de Paris et de la Brie, fait des prisonniers et récupère un maximum de chevaux. Bedford avant de rentrer sur Paris décide de défier l’armée de Gaucourt qui refuse le combat, car son but était de, seulement, délivrer Lagny.
Le siège de Lagny coûta très cher à Bedford. Il y dépensa plus de neuf millions de francs pour quatre mois de siège, sans résultats. Cela causa un fort mécontentement des Parisiens contre les Anglais. Pendant que le duc dépensait leur argent pour la guerre, la disette sévissait dans la capitale et les mercenaires à la solde du roi étaient aux portes de Paris.
Source : Annales du pays de Lagny: depuis les temps les plus reculés … Jacques Amédée Le Paire · 1880