CHARLES II DE NAVARRE

CHARLES II DE NAVARRE

Charles II de Navarre, dit « Charles le Mauvais » est né à Évreux, 10 octobre 1332 et mort à Pampelune 1er janvier 1387. Il est roi de Navarre de 1349 à 1387 et comte d’Évreux de 1343 à 1378. Il est le fils de Philippe III de Navarre et de Jeanne II de Navarre, fille du roi de France et de Navarre, Louis X le Hutin (1314-1316). Ce dernier n’est autre que le fils de Philippe IV le Bel. A la mort de Charles IV, dernier roi capétien direct, il n’y a pas d’héritier mâle. Sa femme, Jeanne d’Évreux accouche à la mort de son époux d’une fille, Blanche de France.

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Un article extrait et déformé de la « loi salique » interdit aux filles de sang royal d’accéder au trône de France. Donc, Philippe VI de Valois, capétien indirect, devient roi de France le 29 mai 1328.

Mais Jeanne II de Navarre ne veut pas en rester là. Elle revendique le trône de France pour son fils Charles II de Navarre. D’ailleurs le problème est identique pour Isabelle de France, fille de Philippe IV Le Bel et Jeanne de Navarre, mariée à Édouard II, roi d’Angleterre qui revendique aussi le trône de France pour son fils Édouard III.

Le jeune roi de Navarre trouve alors ses plus fidèles soutiens au sein même de sa famille : il est l’aîné et le chef de la puissante famille d’Évreux, dotée de riches possessions en Normandie (le Cotentin actuel) et dans la vallée de la Seine ( l’Eure).

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Sa tante maternelle, la reine Jeanne d’Évreux, veuve du dernier Capétien direct, Charles le Bel, le soutient inlassablement. Elle fera œuvre de diplomatie sa vie durant pour tenter d’apaiser Jean le Bon puis Charles V, excédés par les complots répétés de son neveu.

Mais le désastre de Crécy en 1346 met à mal la notoriété de Philippe VI. Charles II conteste la légitimité du Valois et réclame le trône de France.

A la mort de Philippe VI, se voyant écarté du pouvoir par Jean II, Charles Le Mauvais en 1354 fait assassiner Charles d’Espagne, connétable de France et favori du roi.

Le 05 avril 1356 Jean II, lors d’un dîner avec Charles, son fils, à Rouen, l’arrête et le jette en prison dans la forteresse d’Arleux (près de Douai). Il sera libéré par ses sympathisants dont les frères Piquigny, le 09 novembre 1357. C’est raté. Tout est à refaire.

Il change plusieurs fois d’alliance. Un jour, il est vu aux côtés d’Édouard III puis un autre, en 1358, il devient capitaine de la ville de Paris aux côtés d’Étienne Marcel lors du soulèvement des parisiens contre les envoyés de Jean II pour lever l’impôt de sa rançon. En 1358, il est à la tête d’une armée pour réprimer la Jacquerie dans le Vexin.

En 1361, il revendique la succession du duché de Bourgogne, confié à Philippe le Hardi, le jeune fils de Jean II. En représailles, il saisit l’occasion de la mort du roi pour lever, en 1364, une puissante armée et tente d’empêcher le sacre de Charles V. Commandée par le Captal de Buch, elle est vaincue par Bertrand Du Guesclin à Cocherel (dans l’Eure). Il doit retourner aux affaires espagnoles.

Il tente un retour sur la scène française en complotant avec les Anglais en 1378, mais il est découvert.

Déconsidéré, il s’isole diplomatiquement et finit vaincu et neutralisé par Charles V.

Charles le Mauvais a huit enfants de Jeanne de France (fille aînée de Jean II le Bon et de Bonne de Luxembourg) qu’il épouse en 1352 :

  • Charles III le Noble (1361-1425), roi de Navarre ;

  • Philippe (1363-mort en bas âge par accident) ;

  • Marie (1365-après 1420), mariée en 1393 à Alphonse d’Aragon, duc de Gandie ;

  • Pierre (1366-1412), comte de Mortain, marié en 1411 à Catherine d’Alençon ; sans postérité légitime ;

  • Isabelle (1367-1376), élevée au monastère de Santa Clara à Estella ;

  • Blanche (1369-1385) ;

  • Jeanne (1370-1437), mariée en premières noces, en 1386, à son cousin Jean IV de Bretagne, puis en secondes noces, en 1403, à Henri IV d’Angleterre ;

  • Bonne (1373-1383) ;

Il faut ajouter deux enfants illégitimes :

De Catalina de Lizaso :

  • Leonel, bâtard de Navarre (1378-1413), chevalier, vicomte de Muruzabal de Andion ; sans alliance, il fut marié avec Epifania de Luna et laissa cinq enfants (peut-être d’une maîtresse) ;

De Catalina de Esparza :

  • Johanna, bâtarde de Navarre (vers 1378-1413), mariée en 1397 à Johan de Béarn, écuyer, capitaine du château de Lourdes en Bigorre ; il était, en 1381, le vassal de son beau-père pour son fief de Murillo el Fruto.

Charles de Navarre a définitivement perdu son duel contre Charles V : après avoir trahi tous les partis à la fois, il s’est fait tant d’ennemis qu’il est à présent isolé.

Dépossédé de ses riches possessions normandes et languedociennes, il ne peut plus compter que sur les ressources fiscales de la seule Navarre. Il doit mater la rébellion de ses sujets qui refusent de payer. Il le fait avec modération ce qui lui vaut leur respect pour sa fin de règne.

Ainsi, le plus résolu des ennemis de la dynastie des Valois tombe dans une déchéance qui va l’obliger, jusqu’à sa mort en 1387, à vivre d’expédients et d’emprunts.

Charles de Navarre meurt le 1er janvier 1387. Les chroniqueurs de l’époque ont prétendu qu’il était mort accidentellement dans d’atroces circonstances. En fait, Charles de Navarre était suivi par les médecins depuis le début de l’année 1386, ainsi que le rapportent les archives de Navarre, et est sans doute décédé de mort naturelle.

En 1385, il avait rédigé un testament par lequel il demandait que ses restes soient inhumés en trois endroits différents : son corps à Notre-Dame de Pampelune, son cœur à Notre-Dame d’Ujué et ses entrailles à Notre-Dame de Roncevaux. Il avait obtenu pour cela une autorisation pontificale.

Son fils Charles III le Noble lui succède. Proche de son oncle Charles V qui a toujours veillé à ne pas faire l’amalgame avec Charles le Mauvais, il n’a aucune prétention sur la couronne de France et montre une indéfectible fidélité aux rois de France.

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