1364 – 1368 LE ROYAUME DE FRANCE EN DANGER

1364 – 1368 LE ROYAUME DE FRANCE EN DANGER


Jean II est mort et Etienne Marcel a été assassiné par les parisiens. Charles V est, maintenant, roi d’une France mais d’une France éclatée. Plusieurs lourdes affaires plombent le début de son règne. A 18 ans, lors de l’emprisonnement de son père, il a eu tous les soucis du monde et maintenant, il doit reconstruire un pays. Est ce que la chance va lui sourire ?

Traitons les problèmes un par un.

1° Que faire de tous ces mercenaires ?

Après le traité de Brétigny de 1360, des milliers de mercenaires restent sur le sol français. De plus, il donne des terres françaises aux anglais. Il oblige ces seigneurs par la contrainte à obéir voire même à combattre contre les français.

Les mercenaires se regroupent et forment « la Compagnie Blanche ou les Tards-Venus ». Ayant écumés les provinces du centre de la France, ils décident de descendre vers Avignon, la cité des Papes.

Palais des papes d'Avignon — Wikipédia

Nous savons que l’église regorge de richesse. Jean II tente d’enrayer cette vague de pillages. Il envoie une armée de 12 000 hommes contre la Compagnie blanche. Celle-ci est taillée en pièce à la bataille de Brignais le 06 avril 1362. Échec total. Charles V use de plus de raisonnements. Il rencontre le pape. Ils décident ensemble de mettre en place une croisade. Elle permettra d’envoyer les mercenaires hors de la France mais aussi de la cité des Papes. C’est décidé ; l’expédition ira en Espagne combattre Pierre I° de Castille dit le Cruel. Il faut trouver un chef. Un nom circule : Bertrand Du Guesclin. Mais celui-ci est prisonnier des anglais après la bataille d’Auray. En 1365, libéré, il quitte la France avec ces fameux mercenaires au nombre de 12 000. Charles V a réussi ce joli coup de force par la diplomatie.

2° Le problème breton

En 1365, la paix de Guérande met fin aux hostilités en Bretagne entre bretons mais  reste un allié des anglais. Charles V ne cherche que l’hommage-lige de jean IV de Montfort pour la Bretagne. La chose n’est pas simple. Mais le 13 décembre 1366 à Paris, le duc de Bretagne prête son serment de fidélité au roi de France. En effet, le duc de Bretagne est Pair de France et son duché est un des principaux fiefs du royaume. Ses prédécesseurs l’ont toujours prêté par le passé. Jean de Montfort, en contre partie, demande au roi de ratifier le traité de Guérande par un arrêt du Parlement. Ainsi, toute peur d’un retour des Penthièvre serait écartée. Charles V devient le souverain de la Bretagne. En 1367, il rendit même les biens confisqués par Philippe VI le Valois, son grand-père, à Olivier de Clisson.

A qui ira la Flandre aux anglais ou aux français ?

Édouard III veut marier son fils, Edmond de Langley, comte de Cambridge à Marguerite III de Flandre, seule héritière du comté de Flandre, des comtés de Bourgogne et de Rethel par son père, Louis de Male et les comtés du Brabant, du Limbourg et d’Artois par sa mère, Marguerite de Brabant. Mais le pape Urbain V, par le droit canon, en décide autrement. En effet, Edmond de Langley et Marguerite III de Flandre sont cousins au quatrième degré de parenté. Le pape refuse le mariage. Il est donc annulé. Édouard III est fort courroucé quand il apprend que le pape autorise le mariage de Philippe, dit le Hardi depuis la bataille de Poitiers, frère de Charles V avec Marguerite III de Flandre.

En fait, le problème est autre. Le pape est français proche du roi. Il ne veut pas de mariage avec un anglais qui permettrait à Édouard III d’avoir un deuxième pied à terre sur le territoire français avec la Guyenne. Il pourrait, ainsi, déclencher un autre conflit contre le royaume de France à partir de la Flandre. Louis de Male a résisté longtemps à cette union. Il se sent obligé de l’accepter à la seule condition que le royaume de France lui restitue les châtellenies de Lille, Douai et Orchies saisies par Philippe le Bel et le paiement de 200 000 francs or. Le mariage est conclu par le traité de Gand le 12 avril 1369. Il est célébré 3 mois plus tard le 19 juin 1369. Quant à Charles de Navarre, ses espoirs de récupérer la Bourgogne s’éloignent. Ne voulant pas perdre la face, il demande à Charles V de lui restituer les villes de Mantes, de Meulan et le duché de Longueville pris par Bertrand Du Guesclin, sur son ordre. Charles V refuse. En échange, il lui donne la ville de Montpellier.

Charles V est un fin diplomate. Son idée est de donner au royaume une structure proche du fédéralisme sans nuire à son intégrité et son unité. Il s’entoure ainsi d’intellectuels pour la mise en œuvre de cette politique comme maître Anseau, docteur en droit canon, licencié en droit civil et spécialisé en droit public. Tous les deux, ils mettent au point des principes et des armes juridiques pour affronter tous ces délicats problèmes.

Il porte bien son nom de Charles V le Sage.

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