Le dernier combat de John Chandos, le 31décembre 1369

Le dernier combat de John Chandos, le 31décembre 1369

Un petit rappel de la sortie de mon livre «  Bertrand du Guesclin en Espagne 1365 – 1369 » qui parle de son arrestation à la bataille de Najéra et de la participation de John Chandos au paiement de sa rançon pour sa libération: https://www.simply-crowd.com/produit/du-guesclin/

Revenons au dernier combat de John Chandos.

John Chandos est l’égal de Bertrand du Guesclin. C’est un petit noble anglais. Il s’est fait remarquer dans les combats par sa bravoure, son courage, sa tactique sur les champs de bataille et son abnégation pour son roi et son fils. Il a été à Édouard III et au Prince noir ce qu’a été Bertrand du Guesclin au roi de France, Charles V.

Un peu d’histoire sur ce grand chef de guerre.

Il est né vers 1320 et est mort en 1370. Comme Bertrand du Guesclin, de petite noblesse bretonne, il a gagné la reconnaissance des siens grâce à ses talents de militaire.

En 1339, il se fait remarquer par le roi Édouard III lors du siège de Cambrai pourtant délaissé par celui-ci avant l’arrivée de l’ost de Philippe VI.

En 1346, il est aux côtés d’Édouard III et de son jeune fils, Édouard de Woodstock surnommé le prince noir, lors de leur chevauchée et la bataille de Crécy.

Il chevauche avec le prince noir dans le sud en 1355 et dans le nord de la France en 1356 ; il est considéré comme le vainqueur de Poitiers.

En 1364, il commande l’armée anglo-bretonne à Auray ; il inflige une dure défaite aux Franco-Bretons de Charles de Blois-Châtillon qui meurt dans les combats et fait prisonnier Bertrand du Guesclin.

1367, il est vainqueur à la bataille de Najéra en Espagne, aux côtés du prince noir contre les Franco-Castillans du roi Henri et de Bertrand du Guesclin qui est, une nouvelle fois, fait prisonnier. Il participera au paiement de sa rançon pour sa libération, un an plus tard.

1369, le prince noir le nomme sénéchal du Poitou ; il part combattre les Français qui ont repris les hostilités contre l’Angleterre.

Le 31 décembre 1369, il est mortellement blessé dans un banal combat, et bien malencontreusement, contre une compagnie de Bertrand du Guesclin sur le pont qui enjambe la Vienne à Lussac-les-Châteaux entre Poitiers et Limoges.

 

Je vais vous raconter ce combat :

Louis de Saint-Julien et Guillaume Boitel, un chevalier breton, chevauchent sur le long de la rivière. Ils aperçoivent sur la rive opposée Thomas Percy à la tête de trente lances. Les Français sont supérieurs en nombre. Ils décident de traverser pour les combattre en plaine. Thomas Percy, ne souhaitant pas lutter, fait tout pour empêcher les Français de traverser le pont. Chacun arrive de chaque côté, et mettent pied à terre afin de défendre son accès. Les Français forcent le passage quand John Chandos arrive avec soixante-dix lances, derrière eux. Ils abandonnent l’attaque contre Percy qui s’enfuit et se préparent à recevoir John Chandos. Mais, ce dernier ne voit pas les Français qui, maintenant, sont au milieu du pont courbé. Il renvoie ces lances qui repartent vers leur garnison, et ne garde avec lui qu’une petite compagnie. Surpris, il aperçoit les Français sur le pont ; trop tard pour avertir les siens qui sont déjà loin. Après quelques sommations, Guillaume Boitel ordonne l’assaut. Il frappe et renverse un écuyer anglais. Chandos, courroucé, parle à ses hommes.

Comment , crie-t-il, laisserez-vous tuer cet homme ? Pied à terre et allons secourir l’écuyer.

En tête, il charge les Français. Un fait malencontreux lui coûtera très cher ; embarrassé dans sa cotte trop longue, il trébuche sur le sol humide ; il n’a pas le temps de se relever qu’il reçoit une lance, entre le nez et le front, qui entre légèrement. Mais, pour se relever, il appuie sur la lance qui pénètre jusqu’au cerveau.

Mortellement blessé, il tourne sur lui-même et s’écroule. Les Anglais, dont son oncle Édouard Clifford, le défendent au péril de leur vie. La chute de ce grand capitaine redonne de l’ardeur aux Bretons ; c’est un combat de rare violence. À la fin, les Anglais faiblissent et se rendent. Encadrant leurs prisonniers, les Français rentrent à pied, car leurs valets sont partis avec les chevaux. Sur ces entrefaites, ils rencontrent deux cents lances anglaises qui arrivent sur eux ; ils ne souhaitent pas engager le combat, car ils sont en sous-nombre, ils libèrent leurs prisonniers et se rendent sans batailler.

Voilà, l’histoire de ce combat

On transporte le corps de Chandos à l’église de Morthemer, à quelques kilomètres de Lussac. Le 1° janvier 1370, il décède. Il sera regretté par Édouard III et le prince noir, et aussi par Bertrand du Guesclin qui voyait en lui un grand chef de guerre et un ami, même dans l’adversité. Son tombeau a peut-être disparu lors de malheureux travaux de restauration au XIX° siècle. Peu après sa mort, un cénotaphe est érigé en sa mémoire par les autorités anglaises sur les rives de la Vienne où a eu lieu le combat. Déplacé au XIXe siècle, à proximité pour le protéger des crues par la société d’histoire locale, il est classé aux Monuments historiques en 1909 et est aujourd’hui visible dans un petit jardin aux Aubeniaux entre la rue Jean Chandos et la route de Gouex, sur la commune de Mazerolles, au-dessus du lieu où il est mort. Le cénotaphe est entretenu par les autorités anglaises.

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