RENÉ D’ANJOU ET LA BATAILLE DE BULGNEVILLE LE 2 JUILLET 1431
René d’Anjou, dit le bon roi René est né en 1409 à Angers et mort en 1480 à Aix-en-Provence. Il est le fils de Louis II d’Anjou et de Yolande d’Aragon et petit-fils de Louis Ier d’Anjou, frère du roi Charles V ; il a été élevé avec le futur roi Charles VII. Il fut successivement, roi de Jérusalem, duc d’Anjou, comte de Provence et de Forcalquier, duc de Bar et Lorraine, roi d’Aragon et de Naples.
Ce fut un prince guerrier. Il fit sa première campagne, presque enfant aux côtés du cardinal de Bar, son oncle, et de l’évêque de Metz. Beaucoup de conflits obligèrent René d’Anjou à de nombreuses chevauchées. Il est victorieux de multiples assauts.
La mort des ducs de Bar et de Lorraine, survenue presque en même temps, laissa les deux duchés à René. La querelle de Lorraine allait, donc, se régler en une journée.
La bataille de Bulgnéville le 2 juillet 1431
Antoine de Vaudemont , neveu du duc de Lorraine, prétendait, lui aussi, à la couronne. Il décida de faire la guerre à René d’Anjou avec l’aide de Philippe le Bon, duc de Bourgogne. Il lui prêta une forte armée commandée par le maréchal Antoine de Toulongeon accompagné de capitaines anglais.
René d’Anjou n’était pas en reste. Il avait avec lui, toute la chevalerie barroise et lorraine, deux cents lances et un corps d’archers du dauphin commandés par un grand chef de guerre, Arnault Guilhem de Barbazan, le chevalier sans reproches, son conseiller et son premier chambellan.
Localisation :
Forces en présence :
le duché de Bourgogne avec 4 000 cavaliers et 5 000 fantassins.
Le duché de Bar avec 4 500 cavaliers et 6 000 fantassins.
Les pertes
Le duché de Lorraine : 2 000 hommes et chevaliers dont Barbazan ; et entre 90 et 200 nobles mis à rançon.
Les Bourguignons : inconnues.
Le duc d’Anjou décida de marcher contre les troupes de son opposant. Il mit le siège devant Vaudemont. Malgré les conseils de Barbazan de tenir l’encerclement jusqu’à la famine de la garnison, René d’Anjou, jeune prince fougueux de 23 ans, décida de livrer bataille à ses ennemis. Il marcha contre les Bourguignons, en direction de Bulgnéville. Antoine de Vaudemont, plus tacticien que René, se rappela de la bataille de Poitiers du prince noir. Il prit position sur un promontoire, fit mettre à pied à terre ses cavaliers, creusa un fossé tout autour de son campement et le garnit de pieux. Il cacha ses archers derrière des bosquets et posta son artillerie au centre, cachée derrière les chariots.
Quand Barbazan aperçut le campement renforcé de leur ennemi, il dit au duc d’Anjou.
— Sire, je vous conseille de les bloquer et d’attendre que la faim les harcèle. Ils sortiront de leur retranchement ; là, vous pourrez donner l’assaut.
René d’Anjou ne l’écouta pas et ordonna l’attaque. Il se plaça au centre et Barbazan sur son aile droite. Ils enfoncèrent les premiers rangs avec succès. À ce moment, Vaudemont fit enlever les chariots et ordonna le feu à ses canons et couleuvrines. Les archers entrèrent en action et les fantassins s’attaquèrent aux cavaliers du duc. Les Lorrains et Barrois furent bloqués au centre des combats. Le duc, blessé par trois fois, se battait avec bravoure malgré le sang qui coulait de partout. La bannière de Barbazan tomba à terre et sema la panique dans les rangs. Blessé mortellement, il est impuissant à retenir les fuyards. Les chevaliers avec leurs hommes quittèrent le champ de bataille. Le duc était seul, maintenant. Affaibli, entouré de toutes parts, il dut se rendre avec ses chevaliers les plus fidèles, à un écuyer bourguignon. Cette courte bataille qui ne dura qu’une journée, fut surnommée cette âpre, forte et douloureuse bataille de Bulgnéville.
Charles VII pleura son conseiller et ami, Arnault Guilhem de Barbazan. René d’Anjou fut prisonnier du duc de Bourgogne pendant six ans, d’abord, dans la forteresse de Talent à Dijon puis celle de Bracon-sur-Salins en Franche-Comté, dont il eut un appartement, loin des frontières avec la France et des coups de main de Charles VII. Il s’adonna à de doux et agréables passe-temps comme l’écriture de chroniques et de romans chevaleresques ainsi que de la peinture. Il vécut tranquillement sous les verrous.
Pendant son emprisonnement, Jeanne II, reine de Naples, mourut et René d’Anjou devint son héritier. En échange de sa libération, il donna au duc de Bourgogne, 200 000 florins d’or et la cession de plusieurs villes. Aussitôt, il fit voile vers Naples à la tête de vingt navires et entra dans la ville avec la couronne d’or sur la tête.
Trahi par un de ses proches, le duc de Barri, René d’Anjou s’enferma dans Naples. Les Aragonais, venus le détrôner, entrèrent dans la ville de nuit. Le duc batailla avec férocité pour garder Naples. Il épouvanta et émerveilla ses adversaires. Finalement, il se réfugia à Marseille.
Les malheurs du duc d’Anjou s’accumulèrent.
– Il renonça à soutenir François Sforza pour son royaume de Sicile.
– Il céda la Catalogne à son fils, le duc de Calabre, qui disparut de mort violente.
– Sa fille Marguerite d’Anjou, mariée à Henri VI d’Angleterre, fut écartée du pouvoir à cause des accès de démence de son mari par Richard d’York et les comtes de Salisbury et de Warwick. Elle se réfugia en Lorraine à la mort de ce dernier.
– Ses petits-fils moururent tragiquement dont Édouard de Westminster, prince Galles, sur le champ de bataille à 18 ans.
– Louis XI, roi de France, lui confisqua l’Anjou, car il s’opposait à lui.
Conclusion
Finalement, ce duc guerrier doux et vaillant prince chéri de ses Angevins et ses Provençaux mourut en 1480 à Aix-en-Provence.
Il reste de lui quelques écrits comme :
Traité de la forme et devis comme on fait les tournois (1451-1452)
Le Mortifiement de Vaine Plaisance (1455)
Le livre du Cuer Damours espris (1457)
Il était notamment le protecteur à Avignon du peintre Nicolas Froment.