ARNAUD GUILHEM DE BARBAZAN 1360 – 1431
Arnaud Guilhem de Barbazan est issu d’une famille seigneuriale du Bigorre. Il fut aussi vaillant chef de guerre du XVe siècle que l’était Bertrand du Guesclin au XIVe.
Il est né en 1360. Son père, sénéchal et gouverneur du Quercy, vassal du comte d’Armagnac, l’éduque dans l’esprit de l’idéal chevaleresque. Jeune homme, Arnaud contemplait son père, chevelure blanche dont les boucles flottaient sur ses épaules et les yeux toujours brillants de la flamme héroïque. Il avait tellement servi le comte que maintenant il était fatigué. Arnaud écoutait sans relâche son père, raconter ses faits d’armes contre les Anglais. À la fleur de l’âge, la haine contre les Anglais augmente, la colère grandit. Le père, fatigué, dit à son fils.
— Arnaud, tu le vois, les forces refusent de me servir. Va lutter pour moi contre ces loups d’outre-mer. Prends mes armes, elles ont fait leurs preuves ! Mon fils, je compte sur ta valeur ! Va, que Dieu veille sur toi.
Il prend les armes et jure à son père, en levant le glaive vers le ciel, qu’il tirera vengeance des maux que les hommes de rapine et de sang font à la France et qu’il en reviendra glorifier. Il rejoint l’armée de Charles VII. En le voyant arriver, le roi dit à La Hire.
— Quel est le nom de ce jeune homme ?
— Arnaud Guilhem de Barbazan. Le sang d’un père, qui fut brave et courageux chevalier, coule dans ses veines.
— Sire, répond Arnaud, je me ferai bonne renommée par mes exploits et mes vaillances.
— Eh bien ! justement, jeune homme, dit le roi, je te choisis pour combattre cet Anglais, bien arrogant et imprudent, venu défier un de mes chevaliers avant la bataille.
Charles VII fait sonner les trompettes et autorise le combat. Monté sur leur destrier, tous deux s’élancent l’un vers l’autre. L’Anglais aux cris de « Saint-Georges, pour le roi d’Angleterre », Arnaud répond « Saint-Denis, Charles VII ». Les armes s’entrechoquent. Le cheval de son adversaire, touché par un coup d’Arnaud, chancelle et tombe. Par son esprit chevaleresque, il descend de son destrier et continue le combat à pied. Il s’avance la hache levée à la main. Il frappe si durement sur son adversaire que la côte de maille se brise. Le sang coule, mais la blessure est légère. D’Escale, vexé de se laisser vaincre par un jeune français orgueilleux, redouble de fureur. Il lève sa masse de fer qui s’abat sur Arnaud. Le casque vole en éclat. Ses cheveux sont ensanglantés. Il chancelle. Puis, il se redresse rapidement avant de recevoir un autre coup. D’un geste aussi brutal qu’inopiné, il enfonce sa hache dans la visière de l’Anglais ; rien ne résiste au tranchant. Il lui assène un deuxième coup sur sa poitrine ; d’Escale tombe, raide mort, à ses pieds. Après cette victoire sur ce chevronné capitaine anglais, le roi lui donne un sabre précieux, l’adoube chevalier et le surnomme « le chevalier sans reproches ». De Barbazan, trop peu connu dans l’histoire de France, continue, à bien, mériter par sa bravoure. Charles VII en fera son premier chambellan et bientôt, il finira sa vie comme général de son armée.
Il commence sa carrière de chevalier, en 1402, par un tournoi contre des Anglais où il acquit une grande notoriété. En effet, lors d’une trêve, les rivalités nationales sont plus fortes que les serments. Elles se traduisent par des joutes où les chevaliers portent l’orgueil de leur patrie. Un des tournois les plus célèbres est celui organisé par le sénéchal de Guyenne. Sept Anglais rencontrent sept Français du duc d’Orléans entre Mussidan et Montendre, au nord de Bordeaux. Arnaud Guilhem de Barbazan est à leur tête. Après les prières des Français et apparemment quelques verres de vin des Anglais, chacun entre en lice. Le combat est long. Barbazan harangue ses amis, car ils sont insultés. Finalement, la victoire est française et un Anglais est tué dans la mêlée.
En 1403, il accompagne avec Jacques de Bourbon, comte de la Marche ; Jean de Foix ; Pierre de Mornay, maréchal du duc et bien d’autres seigneurs de hauts rangs, le duc d’Orléans en Lombardie pour venir en aide à Catherine de Visconti, duchesse de Milan contre Facino Cane, chef mercenaire piémontais.
En 1412, il se bat aux côtés du comte d’Armagnac, Bernard VII, au siège de Bourges par les troupes de Charles VI et du duc de Bourgogne contre son oncle, le duc de Berry.
En 1420, affecté à la forteresse de Melun, il commande 600 à 700 hommes, dont des Écossais. Henri V, roi d’Angleterre, assiège la ville, en vain. Ni la sape ni les béliers ne peuvent atteindre les murailles. Arnaud dit à ses hommes.
— Demain, au point du jour, les trompettes anglaises sonneront. Ils s’approcheront plus que jamais près des murailles. Préparons-nous à la résistance !
— Nous voulons vaincre ou mourir, disent les soldats.
L’assaut est un échec. Ils tiennent tête aux Anglais et aux Bourguignons durant cinq mois. Pour résister, habitants et soldats mangent leurs chevaux, les rats et les souris. À la fin, ne voyant pas venir les renforts du roi, la ville se rend. Les Écossais sont exécutés immédiatement devant leur roi, détenu par des Anglais, Jacques Ier. Arnaud Guilhem de Barbazan est fait prisonnier. Soupçonné d’avoir participé à l’assassinat de Jean sans peur, duc de Bourgogne, il est envoyé à la forteresse de Château-Gaillard dans l’Eure. Il y restera dix ans. Il en sortira affaibli après de multiples tortures, en 1429, après la prise du château par les Français du capitaine Étienne de Vignolles surnommé La Hire.
En 1431, pour se venger de son emprisonnement, si long, il est vainqueur aux batailles de la Croisette près de Châlons-en-Champagne et à Chappes près de Troyes sur les Anglais et les Bourguignons. La même année, il est nommé gouverneur de la Champagne, de la Brie et du Laonnais. Il est le compagnon d’armes de Dunois et de Xaintrailles. Il meurt le 2 juillet 1431 à la bataille de Bulgnéville (voir ma précédente publication sur la bataille de Bulgnévillehttps://la-guerre-de-cent-ans-et-nous.com/la-bataille-de-bulgneville-le-02-juillet-1431/ ), livrée pour la défense des droits de René d’Anjou. Il lui avait, pourtant, déconseillé de ne pas attaquer les Anglais dans leurs retranchements. Charles VII sera très affligé par la mort de son protégé.
C’était l’un des plus grands généraux des armées du roi Charles VII surnommé le chevalier sans reproches. Un an plus tard, en 1432, le roi le proclamera restaurateur du royaume et de la couronne de France. Il est enterré à Saint-Denis aux côtés de Charles VII. En mémoire de sa vie de passion pour son roi, ses héritiers auront le droit de porter les fleurs de lys de France sans brisures.
Sources : Souvenirs historiques de Saint Bertrand de Comminges: vie du …O. M. · 1839