CHARLES V, SON ENFANCE ET SON ADOLESCENCE

CHARLES V, SON ENFANCE ET SON ADOLESCENCE

Les aventures de Charles V

Il existe peu de souverains dont la vie a été aussi bien remplie que celle de Charles V. À 18 ans, il guerroie au côté de son père, Jean II le Bon qui est fait prisonnier à Poitiers. À 19 ans, il est le chef du gouvernement du royaume de France en son absence. Il a vécu toutes les embûches possibles : la vengeance d’ Édouard III, le roi d’Angleterre, et de son fils, le prince noir ; les cabales Étienne Marcel, le prévôt des marchands de Paris et Robert Lecoq, les instigateurs du soulèvement de Paris ; les traîtrises, les perversités et vilenies de Charles le mauvais, roi de Navarre, et n’oublions pas, son père, jaloux de son propre fils.

Charles V est né le 21 janvier 1338 au château de Vincennes à Paris. Son père Jean, le Bon, est duc de Normandie et roi de France en 1350. Sa mère, Bonne de Luxembourg, est la fille du roi de Bohème. À sa naissance, Philippe VI, roi de France, est son grand-père. On s’apercevra plus tard que Jean, devenu roi, se méfiera de son fils, il voit en lui un rival. Il n’y a que 18 ans d’écart entre eux. C’est un enfant faible de corps et de santé. Il est l’aîné de 9 enfants. 4 frères et 5 sœurs. Il fut aimé de sa mère qui mourut à l’âge de 30 ans de la peste. Son père, de caractère violent, orgueilleux, émotif, borné et passionné, mais aussi trop brave et trop généreux est le contraire de son fils, calme, réservé et prudent. En fait, Jean II a récupéré tous les défauts de son père. Philippe VI estime beaucoup son petit fils, Charles. Pour preuve, il fait libérer tous les prisonniers détenus pour délit de droit commun de ses prisons pour célébrer la naissance de son petit-fils, futur roi de France. Un autre personnage sera de bons conseils, pour le dauphin, son oncle maternel, Charles IV, empereur des Romains, roi de Germanie et de Bohême. Jeune, Charles a grandi au milieu d’une famille unie et d’une dizaine de garçons de nobles rangs, tous descendants de Saint-Louis. Le plus clair de son temps, il le passe à étudier dans les livres. Néanmoins, il trouve des moments pour aller chasser et manier l’épée. Des années de son enfance, il gardera l’amour de sa mère, la nostalgie de la forêt et les jeux avec ses frères et cousins.

Son adolescence est endeuillée, en plus, de la mort de sa mère, par celle de sa tante et de sa grand-mère, décédées de la peste noire.

Il a 12 ans. Charles devient dauphin du Viennois et, donc, dauphin de France. Les barons et les comtes lui prêtent serment de fidélité. Son père l’arme du titre de comte d’Anjou et d’Alençon.

Il a 14 ans. Charles est marié à Jeanne, fille du duc de Bourbon.

Il a 17 ans. En désaccord avec son père, Charles s’enfuit pour retrouver son oncle maternel, le roi de Germanie, plus protecteur que lui. Cette tentative échoue, car Jean II est averti de sa fugue. Afin de l’empêcher de récidiver, il le sermonne grandement et le nomme duc de Normandie afin de le mettre face à ses responsabilités envers le roi de France. Il lui donne pour mission d’organiser la défense du duché en vue du débarquement des Anglais. Il devra réunir les 3 états : le clergé, la noblesse et les bonnes villes (les bourgeois) afin de les convaincre de lever un impôt pour la défense du royaume.

Il a 18 ans. Charles gère bien la Normandie ; afin d’avoir la paix autour de lui, il veut se réconcilier avec les ennemis du royaume de France, le clan des Navarrais avec Charles II, roi de Navarre, en tête. Il les réunit à Rouen en avril 1356. L’affaire est rapportée à son père. Celui-ci, pestant contre son fils, chevauche vers la capitale de Normandie avec sa troupe.

Il fait irruption dans la salle de réunion et ordonne à ses hommes de saisir immédiatement le roi de Navarre, son ennemi juré, et ses amis, puis de les emprisonner. Jean II s’exprime ainsi.

Que personne ne bouge sous peine de mort !

Puis, il s’avance vers Charles le mauvais et, en l’empoignant il vocifère ces mots.

Sus au traître ! Tu es indigne de t’asseoir à la table de mon fils. Par l’âme de mon père, que je ne boive ni ne mange tant que tu vivras.

Son fils désappointé dit à son père.

Ah ! Monseigneur, pour Dieu, merci, vous me déshonorez. Que pourra-t-on dire de moi ? J’avais invité à dîner avec moi le roi de Navarre et ses barons, et vous les traitez ainsi. Je n’ai jamais vu en eux que toute bonne courtoisie.

Son père lui répond ainsi, afin de le réduire au silence.

Du calme, Charles ! Ce ne sont que de mauvais traîtres et leurs faits leur feront découvrir. Vous ne savez pas tout ce que je sais sur eux.

Un fait supplémentaire qui assombrira les relations entre un père et son fils. On pourra lire plus tard que Charles de Navarre, libéré, fera tout pour renverser les rois de France.

En 1356, Charles est nommé lieutenant général du royaume en l’absence de son père qui est prisonnier des Anglais.

Un drame. Jean II le bon est averti qu’Édouard III veut envahir la France. En 1356, il demande à son fils, le prince de Galles, de remonter avec son armée de Bordeaux et de le rejoindre aux environs de Paris. Jean II lève l’ost et part se mettre en travers de son avancée. Il s’ensuivra la bataille de Poitiers, dernier désastre français de cette première partie de la guerre de Cent Ans. Jean II a emmené au combat tous ses fils alors trop jeunes pour combattre. Le royaume reste sans souverain. Voyant qu’il va perdre la bataille, il aurait ordonné à son fils aîné Charles, héritier de la couronne de France, de quitter le champ de bataille et de rentrer au plus vite sur Paris (d’autres versions sur cette fuite circuleront). Le roi est fait prisonnier.

Charles, à 18 ans, a la charge de gérer les affaires du pays en l’absence de son père. Les années 1356-1357 sont catastrophiques pour la France et compliquées à administrer pour le jeune dauphin, mais 1358 sera encore pire.

Pour l’heure, le dauphin Charles n’aura pas eu le temps de goûter aux joies de l’adolescence.

Sources :

Histoire de Charles V, roi de France Justin Barthélemy de Beauregard · 1843

Histoire de Charles V: surnommé le sage, roi de France Just-Jean-Etienne Roy · 1852

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