LE SIÈGE DE BERGERAC PAR LES ANGLAIS EN 1345

LE SIÈGE DE BERGERAC PAR LES ANGLAIS EN 1345

 

Édouard III est déterminé à attaquer la France sur trois fronts, par la Bretagne avec Guillaume de Bohun, comte de Northampton, par la Gascogne avec son cousin, Henri de Grosmont, comte de Derby et par la Flandre qu’il commandera. Il n’a pas supporté que Philippe de Valois soit couronné roi de France à sa place. Il nomme le comte de Derby, lieutenant du roi en Gascogne, le 13 mars 1345 et l’autorise à lever une armée. Il embarque à Hampton et atteint Bayonne à la Saint-Michel en 1345. Aussitôt tout déchargé des nefs, il prend la route de Bordeaux. Le comte de L’Isle-Jourdain apprend l’arrivée à Bordeaux d’une forte armée anglaise. Il réunit rapidement les comtes de Gascogne au service de la France. Les seigneurs lui disent qu’ils sont forts assez pour garder le passage de la Garonne. On recrute dans toutes les villes et villages pour se défendre. Le comte de Derby entend que les barons et chevaliers de Gascogne sont à Bergerac. Il décide de partir immédiatement ; le comte nomme, maréchaux, Gauthier de Mauny et Frank van Hallen.

Après avoir chevauché toute la matinée, l’armée anglaise, forte de 300 chevaliers et écuyers, 600 hommes d’armes et 2 000 archers, arrive au château de Montcuq, à quelques encablures de Bergerac. Les espions de Derby lui rapportent.

Sire ! Nous pourrions boire les vins des seigneurs de Bergerac, qui se tiennent en garnison, car ce soir les Français ne sont pas si nombreux que cela.

À l’écoute des discussions de leurs chefs, les compagnons de Gauthier se vêtent, s’arment et enfourchent leur destrier. Voyant que tous sont prêts, le comte de Derby dit.

Allons nous armer, nous chevaucherons tantôt devant Bergerac.

Les Français, retranchés dans la ville, entendent qu’ils vont être assiégés, sortent de la ville avec leurs gens d’armes, mais aussi des paysans mal armés. Les Anglais avancent en rangs serrés, puis s’arrêtent et laissent leurs archers tirer leurs flèches. Avec une pluie incessante de traits et des bannières inconnues qui flottent au vent, devant eux, les gens de Bergerac prennent peur et commencent à reculer. La cavalerie anglaise entre en action. C’est le choc. Ils donnent des coups d’épée à gauche et à droite sur les piétons qui, maintenant, fuient vers la ville. La chevalerie française ne peut pas avancer, gênée par une foule qui recule. Les Anglais s’engouffrent dans les rues avec le flot de gens qui bat en retraite. Puis, les ponts et faubourgs de Bergerac sont pris. Des écuyers morts ou blessés gisent sur les bords des rues de la ville. Voyant la défaite arriver, le comte de L’Isle-Jourdain avec ses seigneurs, chevaliers, écuyers et tous les survivants, s’enferment dans le château. Ils montent aux créneaux, défendent hardiment les murailles et font reculer l’ennemi. Les Anglais se retirent et emportent avec eux, vins et viande à volonté.

Le lendemain matin, le comte Derby rassemble son armée et donne l’assaut aux murailles avec des échelles. La défense des assiégés est vaillante. Les assauts restent vains. En fin de journée, les Anglais sont toujours sur leur faim de vaincre. Le comte de Derby réunit son conseil de guerre et explique son idée.

Mes seigneurs, nous n’arriverons pas à les vaincre par nos assauts. Ce que nous ne pouvons pas faire par la terre, nous le ferons par la rivière. Gauthier ! Rapportez-moi, suffisamment, de nefs et de barges de la Gironde, car c’est par la Dordogne que nous les vaincrons.

Le maire de Bordeaux leur envoie quarante bateaux. La flotte arrive dans la nuit. Au même moment, les palissades du château sont détruites. Le lendemain matin, Derby fait équiper les navires d’archers et s’approche de l’endroit où l’accès est possible pour entrer dans le château. Avant de donner l’assaut, quelques chevaliers français veulent parler de reddition.

Nous voulons nous rendre ; nous voulons prier le comte de Derby qu’ils nous prennent à merci, qu’il sauve nos vies et nos biens. S’il accepte, nous nous mettrons en l’obéissance du roi d’Angleterre.

D’abord, dites-nous où se trouvent le comte de L’Isle-Jourdain et ses barons, demande le comte de Pembrock.

Nous ne savons pas où ils sont, répondent-ils, par contre, ils ont chargé tout ce qui leur appartenait et sont partis vers minuit.

Le comte de Pembrock rapporte la demande des assiégés à Derby qui s’empresse de dire.

Dites-leur qu’ils nous ouvrent les portes et qu’ils nous laissent entrer. Alors, nous leur garantirons leur sécurité.

Après avoir donné la réponse aux chevaliers français, les portes de château s’ouvrent. Tous les hommes et les femmes arrivent en procession devant Derby et s’agenouillent. Anglais et gens de Bergerac vont à l’église pour prêter serment d’allégeance au roi d’Angleterre et reconnaitre le comte de Derby comme leur seigneur.

Bergerac, avec 600 morts au combat, depuis longtemps française, devient anglaise. La prise de la ville constitue une victoire majeure pour les Anglais. Henri de Montigny, sénéchal de Gascogne, pour le roi de France et dix autres nobles sont faits prisonniers. Stratégiquement, les Anglo-Gascons ont sécurisé une base importante pour les futures opérations militaires. Henry de Grosmont, prouve aux nobles gascons indécis dans le conflit que les Anglais sont meilleurs que les Français.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *