LE SIÈGE DE SAINTE-SEVERE 1372

LE SIÈGE DE SAINTE-SEVERE 1372

mi à fin juillet 1372

Après le siège du château de Moncontour (Vienne 86), Bertrand du Guesclin se dirige vers Sainte-Sevère (Indre 36). En 1369, les anglais prennent la ville et s’y sont installés. Puis à la demande de Charles V, le duc de Berry et le duc de Bourbon, beau-frère du roi, en font le siège. Mais ils sont en difficulté. Leurs attaques restent vaines. Ils font appel à Du Guesclin. Sa venue ranime un moral des français bien bas. Il vient aussi avec du ravitaillement qui commence à manquer.

Guillaume Boitel, Geoffroy Payen, écuyer et d’autres chevaliers se promènent près des fossés pour observer la ville. Geoffroy s’arrête alors devant une tour. Il pose sa hache et s’appuie dessus. La terre se dérobe sous sa hache et elle choie au fond du fossé. Il demande aux anglais de le laisser entrer dans le fossé pour récupérer son arme. Ils refusent. Geoffroy, ne pouvant pas se passer de sa hache, se fait aider par ses amis. Ils forment une corde humaine et Geoffroy, le premier de cordée, se penche et récupère son arme. Les anglais commencent à tirer sur les français. Puis, dans les rangs de Du Guesclin, la nouvelle se répand que des français sont dans les fossés et que le siège de la ville est reparti de plus belle. Il est midi et tout le monde mange. Quand l’assaut commence, tous se lèvent, renversent les tables et partent au combat. Les ducs de Berry, de Bourbon et Bertrand arrivent sur les lieux, bannières levées.

Dans les fossés, on escalade les douves. Les échelles sont posées sur les murs. Les hoyaux sont bien utiles pour monter et percer les murailles. Les remparts sont assiégés de tout part.

Les anglais se défendent vivement. Ils renversent les échelles et assènent les français de pierres et de traits. Ces derniers sont échauffés par les efforts de leurs attaques, la chaleur et la soif. Nous sommes en plein été. Les fortes chaleurs épuisent les assiégeants. Dans les rangs de l’armée française, il y a des femmes. Elles sont d’une grande utilité. Elles donnent à boire et rafraîchissent les soldats assoiffés. Bertrand s’aperçoit que ses soldats subissent plus le siège qu’ils l’acceptent. Il décide alors de leur distribuer du vin pour les encourager et redoubler d’effort. Ils repartent à l’assaut avec encore plus de vigueur.

Les anglais imaginent alors un nouveau stratagème. Ils couvrent le sommet de la muraille avec des couvertures afin de se protéger des traits. Ils continuent à jeter des pierres sur les têtes de français. Bertrand s’apercevant du stratagème envoie des arbalétriers aux pieds des murailles. Ils tirent des traits à la verticale sous les couvertures. Les anglais cessent aussitôt les jets.

Le siège prend alors un tournant. Les échelles sont à nouveau posées sur les murailles. Ils les escaladent. Mais les anglais continuent à jeter des pierres. Il arrive un moment où il ne reste plus aucun pavé dans les rues de la ville. Alors, ils décident d’abattre les murailles afin de récupérer les pierres. Maintenant, elles sont fragilisées. Les français en profitent et entrent dans la ville. Ils sont repoussés énergiquement par les anglais. Ils leur jettent de l’eau bouillante, de la chaux vive et même des bottes de foin mouillées. Ils les enflamment. Ils créent, alors, un écran de fumée qui ralentit l’avancée des assiégeants. Mais, les français ne reculent pas. Bien au contraire, ils sont enragés sûrement à cause du vin que leur a distribué Bertrand.

L’abbé de Mal-Paie entre le premier dans la ville. Aussitôt, il se trouve face à un grand nombres d’anglais. Il est fait prisonnier. Derrière lui, les français y pénètrent et délivrent l’abbé. Ils sont repoussés puis reprennent des forces et continuent le combat. La ville est assaillie de toutes parts. Pourtant, à chaque fois, les anglais les repoussent. Il y a des morts de chaque côté. Les anglais savent que le combat est en phase d’être perdu.

Le capitaine, messire Guillaume de Percy demande à rencontrer Bertrand pour négocier la reddition de la ville. Il propose que les français lui donnent 30 000 livres d’or et lui garantissent l’évacuation de la ville avec ses soldats. Bien sûr, Bertrand refuse et le siège continue.

L’abbé de Mal-Paie creuse une mine et fait exploser la muraille. Derrière, il aperçoit une grange pleine de foin. Il y met le feu. Les anglais, s’apercevant que le bâtiment brûle, arrivent en toute hâte pour l’éteindre. Pendant ce temps, les français continuent à escalader les remparts et entrent dans la ville.

Le siège de Sainte-Sevère est terminé.

Les anglais nés en Angleterre sont mis à rançon. Les français ayant pris cause pour le roi d’Angleterre sont encordés et pendus. Bertrand jura qu’il ne boirait de vin et ni mangerait tant que tous ces français seront en vie.

Il en résulte un échange entre Le duc de Berry et Bertrand du Guesclin :

« – Ami Bertrand, pourquoi vous ne prenez pas de vin avec nous ? Craignez-vous que vous pensiez qu’on va vous empoisonner ?

– Sire, je suis prêt à obéir à tous vos ordres. Mais, j’ai fait un vœu que je redoute d’enfreindre. Vous savez, Seigneur, que les gens du monde qui ont le plus nui à la France, sont ceux qui sont sujets du royaume de France et, donc, des vôtres. On a pris dans cette ville plusieurs chevaliers du pays de France, et j’estime que ce sont eux qui ont tant fait durer l’assaut où tant de braves de nos gens ont péri. Aussi ai-je promis et jurer de ni boire et ni manger tant qu’il en resterait un en vie.

– Vous donnez à tout homme déloyal un grande leçon de sagesse. Aussi, Moi, Jean duc de Berry, je promets et je jure que je ne boirais ni ne mangerais tant qu’il restera un homme en vie de la nation de France qui a été pris avec les anglais de Sainte-Sevère.

– Monseigneur, je voudrais que tous les princes partageassent votre désir. »

Bertrand délivre les anglais dont les rançons ont été données. Il fait pendre à un arbre à l’extérieur de la ville tous les français qu’on avait pris avec les anglais. Un service solennel est pratiqué pour tous ses soldats morts au siège.

Le duc de Berry prend possession de la ville. Il fera reconstruire les remparts et renforcera la garnison en hommes.

Pendant ce temps, mis au courant que les français assiègent la ville, le Captal de Buch, d’Angoulême, lève une armée pour leur venir en aide. Il rassemble deux milles chevaliers et écuyers avec cinq cents archers puis part en direction de Sainte-Sevère. En chemin, il rencontre des anglais rançonnés par Bertrand. Ils lui racontent la prise de la ville et de son château. Ils lui disent :

« – Seigneur, nous savons où se dirige Bertrand Du Guesclin ; Il va à la Souterraine.

– Nous vous conseillons d’y aller. »

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