LE SAC DE LIMOGES 19 SEPTEMBRE 1370

LE SAC DE LIMOGES 19 SEPTEMBRE 1370


Remémorons-nous les causes de ce jour malheureux du 19 septembre 1370.

Poitiers 1356, le roi de France, Jean II le bon qui n’était pas plus bon que Charles de Navarre dit le mauvais, est fait prisonnier par les anglais. Dans ma dernière vidéo sur Charles V, je vous décrivais le caractère de ce roi. En fait, Jean II n’avait qu’une idée en tête : être libéré afin de reprendre les rênes du pouvoir qu’il avait laissés à son fils Charles dont il était extrêmement jaloux .

Édouard III le roi d’Angleterre fixa le montant de sa rançon. 4 millions d’écus d’or. Mais les caisses de la France sont vides. Le roi d’Angleterre, ne voyant pas arrivé la totalité de sa rançon, exigea des contreparties : le fâcheux et malheureux traité de Brétigny de 1360. Égoïste par nature et pensant qu’à sa libération, il troqua des provinces françaises contre le reste de la rançon. Le Poitou, le Saintonge, l’Armagnac, la Gascogne, le Limousin et bien d’autres changèrent, par obligation, de roi.

Voilà un peu d’histoire. Nous arrivons maintenant au sac de Limoges. Limoges est la capitale du Limousin.

Elle est ancrée dans la domaine du royaume de France depuis Pépin le Bref. Ses habitants sont profondément français. Contraints et forcés, ils sont passés sous la domination anglaise. Charles V en 1369 relance la guerre de cent ans en vue de reprendre aux anglais tous les territoires perdus par son père. Un enthousiasme nationaliste renaît à Limoges qu’ils paieront très cher.

Suivant les ordres de Charles V, son frère Jean duc de Berry, à la tête de son armée, avance vers les anglais par le Limousin. Le 11 août 1370, en compagnie du maréchal de France, Louis de sancerre, il part de Bourges en direction de Limoges.

Le 21 août 1370, Jean de Berry arrive sans avoir batailler devant les portes de Limoges. En effet, en chemin, il avait traité la reddition de la ville avec l’évêque de Limoges, Jean de Cros. Les habitants de la ville, s’étant rebellés contre le Prince de Galles, demandaient la protection de Charles V mais pas que ça !! Les villageois et les bourgeois demandaient aussi de conserver leurs privilèges, d’être exemptés d’impôts pendant dix ans et enfin l’octroi de certaines franchises particulières comme la création de deux foires annuelles et d’un marché hebdomadaire. Toutes leurs demandes furent acceptées par le duc.

Il entre, donc, sans combattre dans la ville et est acclamé par la population aux cris répétés de : «  Montjoie ! saint Denis ! ». La bannière des rois de France flotte à l’entrée de la ville. Il est accueilli par l’évêque de Limoges, les consuls et trois chanoines.

Mais il ne reste à Limoges que la journée du 24 août car l’expédition vers le sud continue. Il ne laisse sur place qu’une faible garnison soit cent lances. Ils sont commandés par Jean de Villemur, un toulousain, Hugues de la Roche et Roger de Beaufort. Hugues de la Roche est le beau-frère de Pierre Roger de Beaufort futur pape Grégoire XI. Ce passage éclair de Jean de Berry abandonne l’évêque de Limoges et la population, sans moyen de défense efficace, à la vengeance du Prince de Galles.

A Angoulême, il est mis au courant que Limoges a ouvert ses portes aux français sans combattre. Il est fortement courroucé. Il rend responsable de trahison Jean de Cros, l’évêque de la ville. « Je jure de faire payer chèrement cette trahison » Voyant que toutes les villes de Guyenne tombent une à une dans le royaume de France, il décide de faire un exemple pour apeurer et ramener les autres places fortes dans son giron.

Le Prince de Galles rejoint Cognac début août 1370 où l’attendent des renforts venus de Bretagne. Cette armée est composée de 1200 armures, 1000 archers et 3000 hommes de pied. Sont présents ses deux frères, le duc de Lancastre et le duc de Cambridge, son beau-frère le comte de Pembrocke et l’élite de ses chevaliers. Afin de ne pas attirer l’attention de Du Guesclin qui guerroie entre Brantôme et Saint- Yrieix, l’armée anglaise franchit la Vienne à Chabanais non loin de Rochechouard et arrive à Limoges par les plateaux ouest de la ville.

L’évêque voit sur le hauteur arriver l’armée anglaise. Soudainement il s’aperçoit que la ville est en péril. Il cherche à joindre le duc Jean. Il envoie un écuyer avec son courrier. Ce dernier rencontre le duc à Felletin près d’Aubusson. Il lui remet le courrier qui est un appel au secours. Mais le duc est trop loin pour rebrousser chemin. Il arrivera sûrement trop tard.

Machiavélique, le Prince Noir, il bloque la ville pendant un mois sans l’assiéger. Pendant tout ce temps les mineurs préparent la destruction d’un rempart très épais. Il donne l’ordre d’allumer les mèches. C’est l’explosion. Elle entraîne la chute d’un large pan de mur dans lequel s’engouffrent les soldats. Nous sommes le 19 septembre 1370.

Ils commencent leur massacre. Les cent lances du duc de Berry tombent les premières puis hommes, femmes et enfants se jettent aux pieds du Prince pour lui demander pardon. Il est si enflammé d’ardeur que tous passent par les lames de ses soldats. En tout, trois cents habitants sont tués. Jean de Cros, l’évêque est présenté devant le prince Noir qui est affaibli par la maladie allongé sur une litière car il ne peut plus monter à cheval. D’un regard dévastateur, il lui dit :

«- Vous m’avez trahi. Je vais vous trancher la tête. Et puis, sortez-le de ma vue !!»

Il ne mettra pas son ordre à exécution. Prisonnier puis libéré, il se réfugie à Avignon.

Il ne reste que les trois chevaliers français qui se battent courageusement. Après plusieurs heures de combat, épuisés, ils sont obligés de se rendre. Ils sont traités avec beaucoup d’égards. Par contre, ils eurent de grosses rançons à payer pour être libérés.

Après la reddition, la ville est détruite, pillée puis brûlée totalement et les fortifications abattues.

Ce sera la dernière victoire du Prince Noir. L’orgueil, le principe même de ses vertus, termine une carrière militaire pourtant si glorieuse naguère. Dans toute l’Europe, cet acte militaire restera un crime et non une victoire anglaise car des innocents non armés, de surcroît, ont été sauvagement assassinés.

Le lendemain, le Prince Noir et son armée chargées de butin repartent vers Cognac.

Ce sera la dernière victoire des anglais sur le sol français si on peut appeler cela une victoire. Le sac de Limoges n’eut aucun impact sur les villes de Guyenne en rébellion contre le Prince Noir. Bien au contraire, une à une, les villes ouvriront leurs portes aux soldats du royaume de France sans batailler.

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