Ordonnance du 03 mars 1357
Le 03 novembre 1356, les États Généraux sont de nouveau réunis non au Palais du Louvre mais aux Cordeliers.
La réunion est mouvementée. Charles, le Dauphin leur explique qu’il attend toujours les messagers du roi qui n’arrivent pas. De plus, il se prépare à partir pour Metz voir son oncle Charles IV.
Charles est parti à Montlhéry mais le conseil a quand même eu lieu. Robert Le Coq, évêque de Laon prend la parole. :
« – Le royaume a été mal gouverné. Beaucoup de malheurs en ont résulté pour ses habitants, tant en la mutation des monnaies qu’en réquisitions. Les deniers que le roi a tirés du peuple ont été mal administrés et ont été donnés à plusieurs qui ont mal servi. »
Il détaille longuement les revendications du 17 octobre 1356. (voir article précédent). Il accentue son discours contre le parti royal. Il veut la mise sous tutelle du gouvernement et la nomination de nouveaux membres du Conseil du Dauphin par les États Généraux. N’oublions pas que Robert le Coq a choisi Charles de Navarre et non Charles, dauphin de France, comme mentor.
En décembre 1356, le dauphin est sur la route de Metz que les choses aillent bien ou mal.
Pourquoi est-il parti en ces moments difficiles pour le royaume de France ?
Charles est dauphin de France. Il est aussi dauphin du Viennois, possession française au sein de l’empire germanique. Il doit prêter hommage lige à son oncle, Charles IV de Germanie. Mais aussi, tous deux doivent renouveler le traité d’alliance entre les 2 pays. De Metz, Charles reviendra prince d’empire.
Il a passé Noël et a festoyé avec son oncle. Le retour à Paris sera difficile. Il devra faire face à 2 problèmes : Étienne Marcel et l’émeute du 19 janvier 1357.
Le 05 février, les États Généraux sont convoqués à une nouvelle session. Elle s’achèvera le 03 mars 1357 par la publication de la grande ordonnance.
Que s’est-il passé en son absence ?
Charles est parti « faire la fête » à Metz. Il a laissé « la patate chaude » à son frère Louis, âgé de 17 ans. Celui-ci réglera le problème de la fabrication d’une nouvelle monnaie que le peuple refuse. En effet, le Conseil de Charles sur ordre de son père a publié le mandement ordonnant la nouvelle monnaie avant de partir. Les parisiens sont menaçants. On attendra le retour du dauphin pour qu’il s’explique.
« La pilule » passe très mal. La ville est en émoi. Charles fait pression sur Étienne Marcel afin d’arrêter son opposition à la fabrication de la nouvelle monnaie. Il lui répond :
« – Sire, je n’en ferais rien. »
Sur son ordre, les ouvriers cessent le travail. Il leur demande de s’armer. Une émeute sanglante se prépare visant les responsables de cette loi. Charles est obligé de céder. Il ne veut pas un bain de sang à Paris. Il décide de baisser de 10 % la valeur de la nouvelle monnaie.
Le 20 janvier, au Palais du Louvre, Étienne Marcel et les siens sont là quand arrive Charles. Il prend la parole. Il leur dit qu’il leur pardonne ce qu’ils ont fait. Les parisiens réagissent et lui demandent de destituer et de mettre en prison certains conseillers du roi.
Étienne Marcel précise les propos de Jean II avant d’être fait prisonnier :
« Et pour ce qu’il avait entendu, que les sujets du royaume se tenaient fortement aggravés de la mutation des monnaies, il offrit à faire bonne monnaie et durable, mais que l’on fît autre aide qui fût suffisante pour faire la guerre. Pour la nouvelle monnaie, elle devra être agréable et profitable au peuple ».
Étienne Marcel demande au dauphin de tenir ses promesses. Il devra les inscrire dans une lettre en bonne et due forme. Il donne l’ordre au notaire de les écrire.
Le dauphin n’arrêtera pas les conseillers mais les laissera partir rejoindre le roi Jean à Bordeaux . N’oublions pas qu’il est prisonnier des anglais. Il est en partance pour Londres, sa prison dorée et ce jusqu’à sa mort.
Une nouvelle session s’ouvre le 05 février. Elle sera clôturée le 03 mars 1357 par l’ordonnance de réforme. Elle met sur pied un nouveau gouvernement. Les termes sont les suivants :
– Révocation non pas de 7 conseillers mais de 22 qui seront poursuivis.
– Administration royale épurée par une commission de réformateurs.
– Administration mise sous contrôle du pouvoir politique.
– Convocation d’une session des États Généraux sans l’autorisation du Roi.
– Période minimum d’un an avant de « remuer » la monnaie.
Qui mettra en œuvre cette ordonnance ? A Qui profitera ce chambardement ?
Les nobles, bien sûr.
Charles de Blois réorganise la Chambre des Comptes et aux Monnaies
Le Duc d’Orléans prête son chancelier pour la fonction de Chancelier de France
Des chevaliers de renom comme , les Hangest et Houdetot rentrent au Conseil
Moreau de Fienne, chevalier d’Artois, devient Connétable de France
Jean le Maingre dit Boucicot devient Maréchal de France
Enguerrand Quiéret, fils de l’amiral de l’Écluse, est nommé Amiral de la flotte
Robert d’Houdetot prend la fonction de maître des Arbalétriers.
Tout ce beau monde remplace la garde rapprochée de Jean II au profit de son fils Charles, le Dauphin.
Et Étienne Marcel ? Que devient le héros des marchands ?
Le prévôt des marchands ne siège pas au Conseil du Dauphin Charles. Il ne trouve pas sa place au milieu de ces nobles. C’est un bourgeois. Il s’active et organise une milice parisienne pour la défense de la ville. Il se pose en chef de guerre.