SIÈGES DE SAINT-MAUR ET DE BRESSUIRE FIN DÉCEMBRE 1370
Après la victoire française de Pontvallain, les troupes anglaises sont dispersées dans le Poitou. Bertrand du Guesclin et son armée reprennent la route du Mans. Là, il fait reposer ses hommes qui en ont grand besoin. Il est toujours aux aguets. Il envoie des éclaireurs dans toutes les directions pour savoir où est passé le reste de l’armée anglaise de Grandson, le chef anglais de Pontvallain. Un de ses envoyés lui apprend que les anglais, sous le commandement du capitaine Cressonval, sont retranchés Saint-Maur (49)
Fort de cette collecte de renseignements, les français reprennent la route vers Saint-Maur. Arrivé sur place, Bertrand commence le blocus de la ville. Elle est bien tenue. D’un coup d’œil, il sait que le siège ne se fera pas en un jour. Il est pressé.
Mais Bertrand pense qu’il pourra ramener à la raison Cressonval. Il lui envoie une invitation qui est aussitôt acceptée par l’anglais. Ils se connaissent bien car Cressonval était sous les ordres de Bertrand du Guesclin en Castille. Il ont une affection réciproque. Ils dînent et se rappellent les bons souvenirs. Mais il faut passer aux choses sérieuses. On parle du siège de la ville. Bertrand lui fait comprendre que son entêtement l’emmènerait à sa perte. Mais l’anglais aussi bon guerrier que convive lui explique que la ville est assez fortifiée et bien défendue. Il ne capitulera pas. Bertrand se met dans une colère rouge. Cressonval le connaît bien. Il sait qu’il ne lâchera rien car il est opiniâtre et infatigable persévérant. Il demande un délai de réflexion et doit en parler à la population. Tous les villageois lui supplient de capituler à l’annonce du nom de Du Guesclin. Cressonval a une autre idée en tête. Il leur dit:
« – Nous partirons cette nuit. Du Guesclin pourra s’emparer de la ville demain matin. Nous laisserons que des cendres avant de partir. Nous irons rejoindre le Prince Noir en Poitou.»
Dans la nuit, les anglais et les villageois quittèrent la ville qu’ils ont brûlée et rejoignent Bressuire, ville plus fortement gardée.
Bertrand ne se doute pas de ce subterfuge. Au petit matin, on le prévient que la ville brûle et que les anglais sont partis. Furieux de la tromperie, il lève son armée sur-le- champs et part à la poursuite des fuyards. Quand les anglais entrent dans Bressuire, une sentinelle aperçoit toutes les bannières françaises levées au loin. Les français sont là. Le soldat du haut de son donjon s’écrie :
« – Trahison, trahison, voici Bertrand ! ces anglais fugitifs nous ont vendu ! » La ville ferme alors les portes. Ceux qui étaient à l’intérieur sont massacrés par les villageois et les autres, à l’extérieur, sont tués par les français. Le calme revient.
Du Guesclin ordonne au gouverneur de la garnison de Bressuire de se rendre. Celui-ci s’exprime ainsi à Bertrand :
« – Maudit soit le jour où vous êtes venu au monde pour être le fléau des anglais dont depuis quatre mois vous avez mis à mort plus que toutes les autres nations ennemies de l’Angleterre qui en ont tués dans l’espace d’un siècle !
Bertrand n’écoute pas ces sornettes :
– Si vous vous rendez, vous aurez la vie sauve avec la liberté d’aller où vous voulez. Sinon, vous serez tous passés par le fil de nos épées. »
Rien n’y fait. Le gouverneur anglais refuse. Bertrand voit que s’il fait le siège, celui-ci risque de durer longtemps. Il propose à l’anglais :
– Je vous laisserais en repos que si vous me donnez des vivres pour mes soldats.
Le gouverneur a la réponse suivante :
– Je vous fournirais volontiers des vivres, même pour rien, mais j’aurais des remords qu’en les mangeant vous vous étrangliez, vous et tous vos français.
– Ah ! félon capitaine, par tous les saints, vous serez pendu par votre ceinture ! »
Le maréchal d’Audrehem, Olivier de Clisson et bien d’autres sont indignés des propos du gouverneur à l’encontre de Bertrand. Du Guesclin commande alors l’assaut. Les villageois se défendent bien. Ils lancent des tonneaux remplis de pierres sur les français qui escaladent les remparts. Beaucoup sont tués. Mais la vengeance est plus forte. Les français redoublent de vigueur et d’audace. Tous se battent comme des lions. Le vieux maréchal augmente ses exploits malgré son âge avancé. Pendant le siège Du Guesclin et Olivier de Clisson sont blessés légèrement. Le combat est rude. Bertrand motive ses hommes :
« – Amis, si vous voulez souper dans la place, il vous faudra la prendre ou mourir de faim ! »
Chacun redouble d’efforts. Les anglais savent que s’ils sont pris il n’y aura pas de quartier. ils seront tous tués. Sans machine et à la force des muscles, tout en recevant des pierres, ils piochent un pan de mur pour le faire tomber . Une brèche est créée. L’élite des forces françaises s’engouffre avec l’étendard de Bertrand en tête. La défense plie. Les français, maintenant, entrent en ville. C’est une boucherie. Certains fuient. Ils sont rattrapés et tués par le groupe du maréchal d’Audrehem.
Maintenant, les français sont maîtres de la ville. Mais à quel prix ? Beaucoup de français ont été tués à ce siège. Mais surtout Bertrand perd son fidèle ami de toute ses campagnes, le maréchal Arnoul d’Audrehem. Il mourra quelques jours plus tard épuisé et rompu par tant de combats. Il aura des obsèques dignes de son rang organisées par Bertrand à Saumur où le maréchal s’était retiré. Il a été très affecté par la mort de son ami.
Mais la guerre continue. La reconquête de la France est en marche.