DU GUESCLIN PART EN CROISADE POUR L’ESPAGNE
Charles V et le pape Urbain V cherchent l’homme providentiel qui commandera cette expédition en Espagne. Le roi de France avait déjà posé la question à Bertrand. Il sait que les Compagnies lui vouent un grand respect comme chef militaire.
Mais Bertrand Du Guesclin, en cette année 1365, est libre mais toujours prisonnier, sur parole, des anglo-bretons de John Chandos. Il ne doit participer à aucun combat tant que sa rançon n’est pas intégralement payée. Affaire réglée, Charles V l’honore en totalité. Bertrand est libéré.
Fin septembre 1365, Il arrive à Paris et rencontre le roi. Il lui explique ses objectifs : combattre Pierre le Cruel, roi de Castille et se débarrasser des Compagnies qui pillent le royaume.
Début octobre, il se met en route car il doit rencontrer le gros des troupes des Compagnies à Châlon. Il a avec lui quelques milliers d’hommes, des bretons, des normands, des flamands, des anglais et bien d’autres. Il est accompagné d’amis comme Jean de Bourbon, comte de la Marche, le cousin de Blanche de Castille assassinée par Pierre le Cruel, le maréchal Arnoul d’Audrehem, Antoine de Beaujeu, son frère Olivier Du Guesclin et ses cousins bretons. Mais Bertrand est le chef incontesté de cette expédition.
Mi-octobre, il est à Châlon. Les mercenaires arrivent de tous les coins de France. Peu de chefs l’ont vu mais tous connaissent sa réputation. Ils se posent plusieurs questions : quel est le but de cette expédition, le trajet et les perspectives de butin ? Il devra les convaincre de le suivre.
Mais Du Guesclin se méfie. Il connaît bien ces gibiers de potence. Il y retrouve Hugues Calveley qu’il avait comme ennemi à la bataille d’Auray ainsi que Mathieu de Gournay. Il y a là des allemands, brabançons, flamands, picards, lorrains, navarrais, anglais et bien d’autres.
Bertrand Du Guesclin s’adresse à l’assemblée. Il commence son discours ainsi : « Dieu vous garde, compagnons, je vous ferai tous riches et dans pas longtemps. Ils répondirent. Bien soyez heureux, Sire Bertrand, nous ferons tout ce qu’il vous plaira. Bertrand de répondre. Bien, nous sommes donc d’accord. »
Hugues Calveley le prend à part : « Bertrand, dit-il, par Dieu qui créa le monde, j’irai guerroyé partout où il vous plaira ; Mais je ne combattrai pas contre le Prince de Galles et John Chandos. S’ils le veulent, je vous quitterai et irai les rejoindre. Je le jure devant vous. Bertrand de répondre. Je vois trop bien cela. » Il l’invite à partager son vin. Tout s’arrange pour Du Guesclin.
Il explique l’objet de cette expédition aux chefs de Compagnies : « Seigneurs, dit-il, voilà pourquoi je suis venu. Le roi de France pour sauver son peuple veut que vous veniez avec moi pour tuer des sarrasins soit avec le roi de Chypre ou à Grenade en Espagne tuer le roi Pierre qui a tué son épouse. Nous y trouverons bons vins, bonnes victuailles et beaucoup de d’argent. J’emmène avec moi, le maréchal Arnoul d’Audrehem, le comte de la Marche, Olivier de Mauny et ses frères et d’autres beaux chevaliers. En Avignon, je vous ferai donner 200 000 florins et l’absolution de tous vos pêchers.
Les capitaines de Compagnies très sensibles à ce discours font un triomphe à Bertrand. Hugues Calveley, leur chef, est résolu à faire la croisade. Pourtant tous ne sont pas d’accord avec lui . Certains préfèrent continuer à piller en France et refusent de partir. 25 capitaines avec leurs hommes se rangèrent du côté de Bertrand. Ne nous y trompons pas, les Compagnies ne cherchent que l’attrait de l’abondance et de la vie aisée en Espagne.
Quand Du Guesclin eut l’accord écrit et scellé, il monta à Paris pour l’expliquer au roi : « Sire, dit-il au Roi, j’ai accompli votre gré. Je mettrais hors de votre royaume tous les pires gens de votre règne.
Le roi de répondre : Bertrand, veilles de garder ton corps et reviens en bonne santé et joie par la Sainte Trinité.
Bertrand de rétorquer : Merci, Sire. Les capitaines ont grande volonté de venir à Paris, votre bonne cité.
Le Roi : Je le veux de bon gré. Qu’ils viennent au Temple se rassembler. »
Ils arrivèrent à Paris. Ils furent reçus par le roi de France et festoyèrent. Le lendemain, ils scellèrent l’accord.
Mi-octobre 1365, la croisade se met en route de Chalon et se dirige vers le sud. Les rangs grossissent tout au long du chemin. Ils sont rejoints par d’autres capitaines comme, Guillaume Boitel qui tua John Chandos, le capitaine anglais et ami du Prince Noir, le Vert Chevalier, Guillaume de Lannoy et le Bègue de Vilaines.
Fin octobre, tout cette armée de mercenaires s’arrête en Avignon. Le maréchal d’Audrehem, le plus instruit de tous, entame les pourparlers avec l’envoyé du pape, un cardinal : « Mon Seigneur, dit le maréchal, nous voulons 200 000 florins et l’absolution pour ces 12 000 gredins.
Surpris et effaré, le cardinal répond. Pour l’absolution d’accord ; Mais les 200 000 florins, je ne suis sûr de rien, je vais en parler au Pape. Sire, confirme Du Guesclin, il vous convient de donner tout ce que vous demande le maréchal car il vous dit vrai que les absolutions ne suffiront pas. Ils veulent de l’argent.
Le maréchal, de continuer, le prévient : Nous avons, ici, 12 000 hommes que nous pourrons tenir au calme que s’ils sont payés.
Ne voyant rien venir, les Compagnies commencent à piller dans la région. Apeuré le pape prélève un impôt sur ses habitants (évidemment, l’Église ne veut pas se démunir et pourtant elle est riche, très riche) . Les 200 000 florins sont collectés et donnés au maréchal.
Mi-novembre 1365, on se remet en route. Du Guesclin est inquiet. Les 200 000 florins ne suffiront pas pour aller battre le roi de Castille Pierre le Cruel. Pierre le Cérémonieux, roi d’Aragon, comme entendu avec le roi de France, doit leur verser le dernier paiement de l’expédition. Pierre IV promet de les payer. Cette croisade doit traverser son pays pour rejoindre la Castille.
Bertrand arrive à Montpellier le 29 novembre avec le gros des troupes. Quelques Compagnies embarquent à Aigues-Mortes pour faire la jonction avec Du Guesclin à Barcelone. Tout ce ramassis de soudards sur ses terres inquiète Pierre IV d’Aragon .
Arrivé à Perpignan ( Perpignan et ses environs appartiennent à l’Aragon), il est reçu par le roi Pierre IV d’Aragon………………….