LES SIÈGES DE PEYRIAC-MINERVOIS
Rappelons-nous la chevauchée du Prince Noir dans le sud de la France.
Ne pouvant débarquer dans le nord de la France pour prendre le trône de France, Édouard III envoie son fils, le Prince Noir, dans le sud pour effrayer le roi de France Jean II le Bon dans le sud. Il débarque à Bordeaux avec 10 000 hommes et se met aussitôt en route vers l’est. Accompagné de ses lieutenants comme les comtes de Warwick et Suffolk, Audley et John Chandos ( des anciens de Crécy), ils ravagent, pillent, tuent et incendient tout sur son passage sur une largeur de 50 km. Après lui, c’est la désolation comme « la désolation de Smaug » dans le Seigneur des Anneaux.
Le 3 novembre 1355 le Prince Noir aux portes de Carcassonne et incendie la Ville Basse. Après l’échec contre la citadelle défendue par les troupes du Sénéchal Thibaut de Barbasan, l’armée reprend la route vers l’est. Elle brûle Trêbes et Puichéric et arrive à Narbonne le 08 novembre 1355. Les faubourgs sont incendiés mais la cité et le bourg résistent. Le 10 novembre, au courant qu’une armée française est levée à Montpellier avec à leur tête Jean I° d’Armagnac et le comte de Bourbon, il fait demi-tour et rentre en direction de Bordeaux. En chemin, il brûle Pépieux et Azille. Dans le Haut-Minervois
il en fait autant contre les villages de Siran, La Vinière, La Redorte, le domaine de Ventajou et les alentours de Peyriac.
1360, le misérable traité de Brétigny, met sur les routes de France des milliers de mercenaires sans emploi et argent. Certains s’emparent de villages et de places fortes à partir desquels ils rançonnent la région.
1361, Bertucat d’Albret, allié d’un grand chef routier Séguin de Badefol, envahit le Roussillon et le Toulousain. Ce dernier pille Montolieu ( 30 km de Peyriac ) et ses environs. Bertucat d’Albret, fils illégitime de Ezy IV sire d’Albret, s’installe dans la région qu’il pille et rançonne. Le sénéchal de Toulouse Arnaud d’Espagne tente de rétablir l’ordre en déployant des troupes ( juin 1363) et en déployant des réunions de concertations avec les routiers ( mars 1364), en vain.
Dans ces pénibles et douloureuses conditions, le 11 novembre 1363, Peyriac tombe dans les mains de Bertucat d’Albret sûrement par ruse ou par traîtrise.
Premier siège de Peyriac ( 16 – 28 novembre 1363 )
Les français ne peuvent pas laisser cette région aux mains de ces brigands. Le maréchal Arnoult d’Audrehem, compagnon d’armes de Du Guesclin et commandant des troupes du roi en Languedoc, met le siège devant le village dès le 16 novembre. Cinq jours lui ont suffit pour lever une armée. Il est aidé par la noblesse de la sénéchaussée de Beaucaire, du vicomte de Narbonne et d’autres milices de la région. Douze jours de siège ne suffisent pas pour venir à bout des mercenaires enfermés dans le village. Le 28 novembre, il lève le siège et repart vers Carcassonne. En effet, l’hiver 1363-1364 est rude. Il neige 4 fois autour de Montpellier, les gelées détruisent les vignes, les oliviers, les figuiers et les jardins même les vases en étain contenant de l’eau se fendent ( Petit Thalamus de Montpellier 1861, page 365). Il laissera une surveillance sur place afin de contrôler tous les faits et gestes des routiers non loin de Peyriac à Rieux. Ce premier siège est un échec malgré la réaction immédiate du maréchal.
On laisse passer l’hiver et on repart à l’attaque.
Deuxième siège de Peyriac ( 19 mai – 19 juin 1364 )
Les routiers pendant toute cette période de l’hiver et du printemps ne sont pas inquiétés. Pressé par le roi Charles V, le maréchal et lieutenant du roi, Arnoult d’Audrehem reprend le combat contre les routiers. Le 1 mai 1364, il retourne à Rieux. Il lève une autre armée avec l’aide des sénéchaussées de Toulouse, Carcassonne et Beaucaire. Manquant de fond pour l’entretien de cette armée, il se rend à Montpellier pour récupérer les finances. Il ne retournera à Rieux que le 2 juin 1364. Puis il met le siège devant Peyriac. Pendant 5 semaines, il piétine devant la ville fortifiée sans résultat.
Un évènement vient inverser l’issue du siège. En effet le capitaine Jean Colombier avec son contingent d’hommes d’armes vient à sa rescousse. Tout d’abord, il brûle la porte d’entrée de la ville qui s’enflamme aussitôt.
Durant la nuit les mercenaires prennent peur en raison de l’arrivée de l’artillerie (mécanique ou à poudre ??? car l’artillerie à poudre n’arrivera qu’à partir de 1370) avec ce capitaine. Ils pénètrent dans la ville après un rude combat. Colombier plantera sa bannière plus haut que celle du maréchal car, sans lui, il serait toujours en train de piétiner devant les murs de l’enceinte. Il fallut plusieurs semaines pour que le castrum de Peyriac tombe aux mains des français.
Sitôt la ville prise, le maréchal fait passer presque tous les mercenaires au fil de l’épée de ses hommes. Il ne restera que sept survivants envoyés à Trêbes à l’est de Carcassonne.
Informés de ces sept prisonniers à Trêbes, les consuls de la Ville Basse de Carcassonne et 400 habitants arrivent dans le village, brûlent la porte et veulent lyncher les prisonniers qui leur ont mené la vie dure par le passé. En urgence, le lieutenant du roi les fait transférer à la citadelle de Carcassonne. Rien n’y fait, 2 000 habitants de la Ville Basse tentent de les faire sortir pour les châtier. Cette deuxième tentative échoue à cause des fortes fortifications du château malgré l’insistance d’un inquisiteur qui les qualifier d’hérétiques.
Après concertation entre Louis I° d’Anjou, lieutenant du roi en Languedoc et le roi Charles V ils auraient pu punir les habitants mais il ne firent pas.
Ils prétextèrent qu’ils avaient assez souffert par le passé avec la chevauchée du Prince Noir et les invasions du routier Séguin de Badefol. Quant aux prisonniers, l’histoire ne nous parle pas de leur devenir après ces deux révoltes.