PHILIPPE III COMTE D’ÉVREUX ET ROI DE NAVARRE

PHILIPPE III COMTE D’ÉVREUX ET ROI DE NAVARRE

À la mort de son père, Louis d’Évreux, il fut chargé de distribuer l’héritage. Il revint à chacune de ses sœurs, Jeanne, Marie et Marguerite, la somme de sept cents livres de rente et vingt mille livres une fois payées après sa mort. Charles, son frère, reçut six mille livres de rente. Quant à lui, il lui laissa tout le comté Pairie d’Évreux et tout le reste de ses biens.

Arbre généalogique des rois et reines de Navarre

Étant dans un âge nubile mais, trop proche parent et à un degré prohibé, le roi de France Philippe le long obtint une dispense de Rome du pape Jean XXII pour marier sa nièce Jeanne, âgée de huit ans, fille unique de Louis X le Hutin et de Marguerite de Bourgogne à Philippe, comte d’Évreux, âgé de treize ans. Unis en 1318, elle lui apporta la couronne de Navarre du droit de son aïeul, Jeanne, femme de Philippe le Bel.

Philippe III était un homme droit, sincère, prudent, affable, doux et pacifique. Il avait beaucoup d’attachement pour la religion et le roi de France. Sa maxime était: « Un prince n’est vraiment grand qu’à proportion qu’il est soumis à Dieu, à son souverain et aux lois de l’État.» Il était de bons conseils pour les affaires civiles et celles de guerre.

Charles IV le bel, nouveau roi de France en 1322 lui donna en plus du comté Pairie d’Évreux, Nonancourt, le duché de Longueville (76), Mantes, Meulan, Breval, Pacy-sur-Eure (27), Anet et Nogent-sur-Seine et avec toutes les appartenances. Spoliés des comtés de Champagne et de Brie par le roi de France Philippe V le Long, Philippe III et son épouse demandèrent de récupérer leurs biens à Charles IV. Celui-ci refusa et leur donna de nouvelles terres. Il leur accorda le comté d’Angoulême et la châtellenie de Mortain (50).

Philippe VI de Valois, en arrivant sur trône de France, reconnut Philippe d’Évreux pour roi de Navarre, mais, lui fit renoncer à jamais les comtés de Champagne et de Brie qu’il tenait du droit de sa femme. Philippe III et Jeanne se rendirent en Navarre, à Pampelune, pour y être salués, roi et reine, le 5 mars 1328, mais Philippe préférait la cour du roi de France. Il ne s’habituait pas à son chétif royaume. Jeanne resta en Navarre alors que Philippe rejoignit le roi de France pour combattre les Flamands qui s’étaient révoltés contre leur comte, Louis I° de Nevers.

La bataille de Cassel en 1328

Lors de cette bataille, Philippe III roi de Navarre, le duc de Lorraine, le comte de Bar, et messire de Noyer, porteur de l’oriflamme, marchaient avec le roi de France qui commandait la cinquième bataille comprenant trente-quatre bannières. Voyant arriver les Français, les Flamands se regroupèrent sur un mont. Il fut décidé d’attaquer le roi en personne pour démoraliser la troupe. Leur général, nommé Zannequin, s’approcha du roi endormi dans sa tente, fut réveillé brusquement. Philippe, comte d’Évreux, par sa bravoure, le protégea. Les Français perdaient la bataille quand l’oriflamme surgit sur la montagne. Tous se rallièrent et l’espoir renaquit. Le dessein des Flamands devint différent. Il fallut défendre et non plus attaquer. Alors, il s’engagea une lutte sans merci entre les deux camps. Philippe, comte d’Évreux batailla dur. Les Flamands furent encerclés.

Zannequin se défendit avec courage, mais, tomba percé de mille coups. Loin de les décourager, ils redoublèrent de fureur. Écrasés par le nombre, trois mille deux cents Flamands périrent dans les combats. Cassel fut rasée et brûlée. L’histoire dit que Philippe de Valois se jeta au cou de son cousin, Philippe, roi de Navarre, et lui dit.

Sire, comte d’Évreux, je vous dois la vie et la victoire.

De retour en Navarre, il redressa le royaume. Il réprima les désordres dus aux vols et aux cruautés depuis des décennies. Il publia de nouvelles lois et établit un nouveau Conseil composé de douze nobles, connus pour leur sagesse, leur justice, leur désintéressement de la politique et leur estime du peuple. Le calme revenu dans le royaume, le roi et la reine repartirent en France et laissèrent un gouverneur de taille, Henry de Solibert, vaillant chevalier. De retour à Évreux, la reine fit construire un château qu’elle appela Navarre ( aujourd’hui, ont pris place un hippodrome et un quartier appelé Navarre)

Philippe VI de Valois eut un projet de croisade. Le roi de Navarre s’était fait l’un des champions de la croix. Mais, la guerre contre Édouard III empêcha sa préparation. Il leva une armée et rejoignit celle du roi de France à Saint-Quentin en 1339. À ce moment, il y avait quatre rois, celui de France, de Navarre, de Bohême et d’Écosse. Ils secoururent les villes de Tournai et de Cambrai attaquées par les Anglais.

1338, Philippe III de Navarre maria sa seconde fille, Marie, à Pierre IV le cérémonieux, roi d’Aragon. Alphonse de Castille ne souffrant pas le roi d’Aragon fit tout pour interdire le mariage. Le gouverneur de Navarre, Henry de Solibert, pressentant une guerre avec le Castille leva une armée. Philippe III lui ordonna de se radoucir. Ne tenant pas compte de ses injonctions, il envahit la Castille et s’empara du monastère de Scitéro que les Castillans avaient usurpé sur la couronne de Navarre. Elle fut reprise aussitôt par Alphonse XI. La contrée fut dévastée et subit beaucoup de cruauté. Aidé par Gaston, le comte de Foix, son allié et son ami, ils reprirent avec les Béarnais et les Gascons les territoires perdus. Ils se vengèrent de la cruauté des Castillans et assiégèrent Logroño. Jean, archevêque de Reims1, qui passait pour rejoindre Saint-Jacques-de-Compostelle, fit signer une trêve de six ans entre les deux belligérants.

1343, le roi de Fez et du Maroc envahissent la Castille avec 400 000 hommes et 70 000 chevaux. Le pape Clément VI fit prêcher une croisade. Philippe III et Gaston II, comte de Foix allèrent secourir les chrétiens. Le roi de Navarre équipa une armada en Normandie et partit en direction des ports andalous. Il débarqua à Algésiras dont l’armée chrétienne, qui employait pour la première fois les canons à poudre, y faisait le siège. Lors des combats, le roi de Navarre et le comte de Foix furent blessés à mort. Ce dernier fut emmené à Séville et y mourut aussitôt. Quant à Philippe III, soigné par ses chirurgiens, décéda à Xérès peu de temps après, le 16 septembre 1343. Il n’avait que trente-sept ans. Il fut inhumé à Pampelune. Son coeur fut apporté à la reine Jeanne à Évreux qui le garda jusqu’à la fin de sa vie. Voilà pourquoi, il fut surnommé Philippe III le Bon et le Sage.

Son fils, Charles II, était un autre personnage. Au début, honnête, affable et populaire, il abusa étrangement de ces bonnes qualités pour devenir fourbe, perfide, vindicatif et cruel. On dit que les maladies, qui seront fatales à son cousin Charles V, roi de France, auraient été orchestrées par lui. Il s’est allié à Édouard III d’Angleterre dans ses prétentions au trône de France. Bref, si vous suivez mon blog : www.la-guerre-de-cent-ans-et-nous.com, vous comprendrez aisément pourquoi Charles V, roi de France, en guerre contre Charles II de Navarre, demanda à Bertrand du Guesclin de reprendre les possessions du roi de Navarre comme les villes de Mantes, Meulan et le duché de Longueville qu’il lui octroya de plein droit.

Source : Histoire civile et ecclésiastique du comté d’Évreux par Pierre le Brasseur 1722

1Jean II de Vienne est chanoine de Reims, abbé de Saint-Basle puis évêque d’Avranches en 1328. Il passe à Thérouanne en 1331 et à l’archidiocèse de Reims en 1334.

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