1° SEPTEMBRE 1377, LA BATAILLE D’EYMET ET LE SIÈGE DE BERGERAC

1° SEPTEMBRE 1377, LA BATAILLE D’EYMET ET LE SIÈGE DE BERGERAC


1377, les victoires pour Charles V se multiplient. Le Poitou, le Maine, le Saintonge, le Limousin et l’Auvergne tombent aux mains des français. L’étau se resserre autour de la Guyenne. De plus, le roi de la Castille, Henri II, s’attaque à la Navarre, alliée des anglais. Même les seigneurs gascons demandent de l’aide au roi de France. Dans ce contexte de liesse populaire, les forces françaises décuplent leur avance. Maintenant, ils arrivent aux portes de Bordeaux à Bergerac, l’une des dernières places fortes anglaises avant l’océan.

A Bergerac, Bertrand du Guesclin retrouve le duc d’Anjou, le comte d’Armagnac, le Sire d’Albret, le prince Yvain de Galles (du siège de la Rochelle), Jean et Pierre de Beuil ainsi que d’autres nobles de la région. Le duc d’Anjou y mène le siège. Les anglais évacuent les faubourgs et se retranchent dans le château. Un conseil de guerre détermine la façon d’attaquer la place. Les uns veulent prendre le fort par la force et ainsi affaiblir les anglais. Les autres se disent que nous perdrons trop de bons soldats en l’assaillant brutalement. Si nous sommes en difficulté, les anglais seront plus confiants. Et que penserait l’église si nous détruisions tout, violions les femmes et pillions les habitations ?

Puis Bertrand parle à son tour :

«  Messires, les affaires des anglais ne peuvent pas être pire en ce moment. Par contre la conquête de la Guyenne est nécessaire. Que les courriers de Thomas Felton n’ont été entendus par le roi d’Angleterre, que le Sire d’Esparre, portant les courriers du sénéchal, en route pour l’Angleterre a été fait prisonnier par la flotte Espagnole et que les anglais n’aiment pas le nouveau roi et toute la maison de Lancastre. Il ne faut pas perdre de temps, il est donc venu nécessaire d’attaquer la place forte. »

On va chercher à la Réole une machine de guerre surnommée «  la truie » qui lance de grosses pierres et un renfort de trois cents lances.

Mais Bertrand est sur ses gardes. Son réseau d’espions lui apprend que Thomas Felton est en campagne avec six cents lances commandées par les Sires de Mussidan, de Duras et de Rozem. Il envoie Yvain de Galles, Pierre de Mornay, Thibaut du Pont et Héliot de Callac avec 200 lances contrôler les terres entre la Dordogne et la Garonne pour sécuriser la région. Felton n’a pas assez d’hommes pour s’en prendre directement aux français. Il décide de brûler tout qui serait utile au ravitaillement des ennemis. Il ne souhaite qu’une chose : affamer les français.

Le 1° septembre 1377, Pierre de Beuil et son groupe armé sont sur la route de la Réole pour ramener des renforts et la machine de guerre. Les espions anglais rapportent l’affaire à Felton. Il décide de leur tendre un piège sur la route. Les français sont obligés de traverser la rivière à Eymet (Dordogne) au sud de Bergerac. Felton se tient en embuscade. Au passage des français, il attaque. Surpris, les français réagissent très vite. Mais la victoire bascule du côté des anglais quand un évènement singulier retourne la situation.

En effet, les valets qui fuyaient le combat sont pris de remord. Ils retournent dans la mêlée aux cris de : « Notre Dame, Guesclin ». Les français reprennent confiance en eux. Arrive Yvain de Galles qui suivait la marche de Felton, il attaque l’arrière des forces anglaises. La bataille fait rage. Les lances s’entrechoquent. Dans le corps à corps, Thibaut du Pont et Héliot de Callas sont tués. La hargne et la rage redoublent de puissance. La fatigue se fait sentir et les anglais plient. Thomas Felton est fait prisonnier avec ses lieutenants, les Seigneurs de Duras, de Langourant et de Rozem. Ils sont présentés au duc d’Anjou et au Connétable. Les hommes et la machine de guerre arrivent à Bergerac.

Le siège de Bergerac

Voyant tous ces renforts et surtout la mise en place de cette grosse machine de guerre, les villageois prennent peur. Ils exposent à leur gouverneur Perducas d’Albret qu’il ne faut pas attendre le dernier moment pour négocier avec les français. Ce dernier, un pro-anglais dans l’âme, s’y oppose vivement. Il leur dit :

« – Vous allez être couvert de déshonneur en capitulant. Nous avons une bonne garnison et assez de victuailles et de munitions pour tenir un siège. »

Il est trop tard pour réfléchir, les français sont déjà en ordre de bataille. Ils avancent vers les murailles jusqu’au moment où le Connétable s’approche et parle aux habitants :

« – Si vous aviez voulu suivre les conseils que je vous ai donnés au commencement du siège, nous serions aujourd’hui bons amis. Considérez la disproportion de vos forces avec les nôtres. Revenez, donc, c’est moi qui vous prie de l’aveuglement où on vous a retenu trop longtemps. Le roi de France vous comptera parmi vos bons et loyaux sujets. »

Les villageois écoutent avec une grande attention le discours du Connétable. Ils lui demandent un quart d’heure de réflexion avant de lui donner leur réponse. Perducas d’Albret tente de démolir un par un les arguments de Bertrand. Mais, ils ne l’écoutent pas et décident de se rendre. S’ils décidaient de se mettre en travers de leur route, ils seraient traités en ennemi. Perducas ne veut pas se rendre. Avec sa garnison, il se jette sur les français. Il y a beaucoup de morts. Les habitants décident de traiter avec le connétable. Il leur accorde plus d’avantages qu’ils demandaient. Mais surtout, Bertrand du Guesclin veut donner l’exemple de Bergerac à toutes les villes qui voudraient lui résister.

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