1366-1367 BERTRAND DU GUESCLIN ET SES MERCENAIRES EN CASTILLE

1366-1367 BERTRAND DU GUESCLIN ET SES MERCENAIRES EN CASTILLE


La grande armée se rassemble à Saragosse. On se met en route dès les premiers jours de mars 1366.

Bertrand du Guesclin demande à Henri Transtamare, demi-frère de Pierre le Cruel, la direction à prendre :

– Sire, par où irons-nous au plus vite en Espagne trouver don Pierre qui s’enfuit devant un mouton ou comme un cerf aux bois qui rencontre un bon chien ?

– Je connais bien la région, nous allons en premier à Magallon.

– Alors allons y rapidement ! allons conquérir car c’est le moment.

Le 08 mars 1366, ils arrivent aux portes de la ville. Henri demande au capitaine de lui donner l’accès. Celui-ci refuse. Henri le prévient :

– Par ma foi, vous le regretterez car Bertrand ne partira pas tant que femmes, enfants, juifs et sarrasins y habiteront plus.

Henri utilise la renommée de Du Guesclin pour semer l’épouvante. La garnison se bat et résiste. Des remparts, les femmes et les enfants leur jettent de la chaux vive. La ville fortifiée est attaquée de toutes parts. Après un combat féroce, la garnison tombe.

Le 11 mars, ils arrivent devant Borjà. Henri pose la même question. Le capitaine refuse l’entrée. Bataille, défense féroce, même résultat, la garnison tombe. Une à une, les villes s’effondrent au passage de la compagnie blanche.

La prise de Briviesca est plus difficile. Elle est la dernière place forte avant la capitale de la Castille : Burgos. Elle est construite avec une double muraille. Elle est réputée imprenable. Henry pose toujours la même question, il essuie toujours le même refus. De son côté, Pierre le Cruel est certain que la forteresse, poste avancé de sa capitale, ne tombera jamais. Mais il ne connaît pas Du Guesclin. Celui-ci donne un objectif à tous ses chefs. Hugues Calveley, Pierre III, de Villaines dit le Bègue de Villaines, le comte de la Marche, Olivier de Mauny, Gauthier Huet, le maréchal d’Arnold d’Audrehem et Jean d’Évreux se déploient tout autour de la ville. La trompette est sonnée, c’est l’assaut. Bertrand crie :

– En avant, douce Vierge, assaillons aujourd’hui ces renégats.

Les assiégeants attaquent de toutes parts. Le combat est acharné. Dans la mêlée, Alain de la Houssay tombe des remparts et se fracture les bras. Puis, un breton plante le premier la bannière de Bertrand sur le chemin de ronde et crie :  «  Du Guesclin, Du Guesclin, » Il est tellement vu et entendu que la fureur des autres est décuplée. Les défenseurs juifs sont poursuivis jusque dans leur retraite. C’est un massacre. Il ne reste aucun survivant.

Cette tuerie aurait pu ternir l’image de Du Guesclin. Mais, les historiens, tel Cuvelier, rapportent qu’il est un combattant, un chef de guerre. Il se bat contre tous ceux qui s’opposent à lui sans distinction de couleur et de religion. Pierre le Cruel est abasourdi par la nouvelle non par le nombres de morts mais par son poste avancé qui est tombé.

Il est temps de faire Henri, roi de Castille. Du Guesclin et Calveley le poussent vivement. Don Tello, le frère d’Henri, lève la bannière et dit :

– Castille pour le roi Henri !

Quelques bourgeois de la ville se sont sauvés de Briviesca et préviennent le roi Pierre le cruel. Enragé d’avoir perdu sa forteresse, il rassemble les survivants et leur dit :

– Faux frères, traîtres, vous avez vendu la ville à Henri et à Bertrand qui veulent ma mort. Je vous ferai tous pendre.

En effet, il les fait exécuter. Après quoi, il s’enfuit dans le sud de l’Espagne sous bonne escorte pour trouver de l’aide afin de reprendre son trône.

Le 28 mars 1366, Henri Trastamare et la Compagnie Blanche avec en tête Du Guesclin entrent dans Burgos.

Le 05 avril 1366, Henri est couronné roi de Castille sous le nom de Henri II de Castille. Son triomphe est uniquement du à Bertrand et ses compères. les femmes sont admiratives et craintives à la fois en les voyant. Le roi récompense en grande pompe Bertrand. Il lui octroie une bonne rente. Il le fait duc de Trastamare, en donnant son propre fief, et de Molina. Les autres capitaines sont faits comtes ou marquis. Nul n’est oublié. Couronnement et distribution exécutés, il faut penser à l’avenir. Du Guesclin et les autres sont favorables à la reprise de la marche vers le sud pour attraper et tuer Pierre le Cruel selon les ordres de Charles V. Henri et son épouse en décident autrement:

– Achevons d’abord la conquête de la Castille. Vous y trouverez richesse ici auprès de juifs et des musulmans. Puis vous irez tuer mon demi-frère comme il vous plaira.

Le 20 avril 1366, on se met en route en direction de Tolède. Le trajet est difficile. Il fait très chaud et les points d’eau sont rares.

Il faut marcher lentement sur les chemins de la sierra de la Guadarrama.

Début mai, ils arrivent en vue de la ville. C’est une puissante forteresse dominée par une cathédrale, une synagogue et une mosquée. Toutes les religions y sont représentées. Les bourgeois préfèrent ouvrir les portes sans coup férir.

Vers le 20 mai, la marche reprend en direction de Séville. Henri pense y trouver Pierre qui en a fait sa résidence secondaire. Celui-ci est parti depuis longtemps. Il s’est réfugié chez son oncle Pierre I°, roi du Portugal. Du Guesclin ne trouve aucune résistance. La Compagnie y passera 2 mois. La Castille est conquise.

Bertrand dépassera-t-il les frontières de la Castille ? A 50 kilomètres, il y a les musulmans du royaume de Grenade. Souvenons-nous de Roland et de Charlemagne, ils s’arrêtèrent eux aussi à cette frontière. Bertrand du Guesclin ne franchira pas le Rubicon.

Bertrand et Henry se posent des questions sur les réactions de leur voisin : le Portugal. Ils décident d’envoyer un espion pour connaître les intentions du roi du Portugal, oncle de Pierre le Cruel : Mathieu de Gournay, un fin diplomate. Après une entretien avec le roi, il est rassuré. Il restera neutre dans cette affaire car il n’a pas d’intentions belliqueuses. Il retourne à Séville. Bertrand est rassuré de ce côté là mais inquiet sur l’entrevue entre Pierre le Cruel et le Prince Noir. Maintenant, Henry sait qu’il ne sera pas attaqué par son voisin. Il décide de renvoyer les compagnies. Par contre, il garde près de lui Du Guesclin qu’il considère son fidèle allié.

Des messagers castillans leur apprennent que le Prince Noir traverse avec une armée les Pyrénées par le col de Roncevaux. Ils apprennent aussi que son objectif est de remettre Pierre le Cruel sur son trône.

Ils quittent précipitamment Séville et remontent vers Burgos. Du Guesclin pressentant une bataille proche part chercher des renforts en France et en Aragon. Pendant ce temps, Henri fuit la bataille tant que Du Guesclin n’est pas de retour. Il se suffit de quelques escarmouches dont l’attaque d’un convoi de nourriture ou une attaque d’un groupe armé anglais venu l’espionner. Du Guesclin arrive avec des renforts. On se dirige tout droit vers une bataille.

Cette année 1367 sera mauvaise pour Bertrand. D’abord les capitaines anglais quittent Du Guesclin et rejoignent les rangs du prince Noir. Ceci est conforme à la parole de Bertrand avant de partir en croisade. Puis, li sera fait prisonnier.

Une bataille est obligée de se dérouler entre les anglais et les franco-castillans ; Ce sera la bataille de Najera le 03 avril 1367.

Je vous parlerai dans ma prochainement d’une des plus importantes batailles de la Guerre de Cent ans par le nombres d’hommes sur le terrain, 80 000 mais aussi par le nombres de morts. Cette bataille est pourtant passée inaperçue dans notre histoire car elle s’est déroulée en Espagne.

One thought on “1366-1367 BERTRAND DU GUESCLIN ET SES MERCENAIRES EN CASTILLE

  1. Bonjour
    D’abord, merci de vous intéressez à mon blog.
    Pierre I° le cruel, après la débâcle de Montiel, s’est réfugié dans le château. Henri de Trastamare construisit une enceinte en pierre autour afin qu’il ne s’échappe pas. Voyant qu’il était prisonnier, Pierre I° négocia sa fuite avec Bertrand du Guesclin qui accepta mais le divulgua aussitôt à Henry Trastamare. Le soir, Pierre I° s’est retrouvé dans la tente de Du Guesclin et son demi-frère arriva. Ce fut le combat où Pierre mourut des mains d’Henri.

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