LA BATAILLE ET LE SIÈGE DE CHIZE 21 MARS 1373

LA BATAILLE ET LE SIÈGE DE CHIZE 21 MARS 1373


Après la Rochelle, les princes Jean de Berry et Louis I° d’Anjou avec Bertrand Du Guesclin se dirigent, d’abord, vers Surgères puis St-Jean-Angelys. Les villes fortifiées tombent l’une après l’autre. Début mars 1373, il fait le siège de Montreuil-Bonin, près de Poitiers. Il apprend par ses éclaireurs qu’une forte garnison d’anglais est stationnée à Chizé, en dessous de Niort. Les princes reçoivent l’ordre du roi de rentrer sur Paris car le duc de Bretagne demande allégeance au roi de France. Seul, Du Guesclin et son armée repartent. Ils arrivent devant Chizé, mi-mars 1373.

Commence, alors, le siège de la ville. Le responsable de la garnison est un chevalier nommé Robert Miton qui guerroie pour le compte du roi d’Angleterre. Il a avec lui un effectif important d’hommes en armes. Bertrand y met le siège. Il fait creuser des tranchées derrière son armée au cas où il serait surpris. Plusieurs fois, il donne l’assaut en vain. Les anglais résistent.

Toute cette région est commandée par messire Jean d’Évreux, lieutenant du roi d’Angleterre et cousin du roi de Navarre, Charles le Mauvais. Il se trouve à la tête de 800 chevaliers et 200 archers répartis dans plusieurs forteresses autour de Niort.

A cette période, Olivier de Clisson met le siège devant le château de la Roche-sur-Yon (85). Il apprend que Jean d’Évreux a levé une armée pour faire cesser le siège de Chizé. Il fait prévenir Bertrand du danger imminent de l’arrivée des anglais de Niort.

Mais Bertrand a divisé son armée en 3 groupes. Une partie à Lusignan avec Olivier de Clisson, une autre avec Alain de Beaumont à la Roche-sur-Yon et la dernière avec lui au siège de la ville de Chizé.

Jean d’Évreux et son conseil décident de combattre Bertrand et de le mettre à rançon ainsi que d’autres seigneurs. Il réunit ses 800 chevaliers et archers puis bannières levées part en direction de Chizé. En chemin, ils arrêtent une charrette remplie de tonneaux de vin. Tout est bu. Les esprits sont échauffés. Ils veulent en découdre avec les français. Mais quelques chevaliers, voyant dans l’état où se trouve leur armée, demandent à Jean d’Évreux d’attendre la nuit dans le bois et de prendre les français par surprise. Jean leur parle ainsi :

« – Seigneurs, nous sommes ici dans cette compagnie huit cent chevaliers et deux cents archers. Vous savez bien qu’il n’y a pas plus de cinq cents combattants français devant Chizé. Les anglais en tout temps sont de forts guerriers et ils ont toujours obtenu de grands succès. C’est le moment de détruire notre ennemi et faire prisonnier Du Guesclin. »

Après cette allocution, il est applaudi par tous qui acceptent de livrer combat maintenant. Ils quittent, donc, le bois et s’approchent de Chizé. Jean d’Évreux place ses hommes et envoie deux hérauts pour présenter la bataille à Du Guesclin.

Les français ne voient pas les anglais en ordre de bataille. Bertrand se repose sous sa tente. L’envoyé de Clisson arrive trop tard. Surpris par la présence des hérauts anglais, il réunit son conseil. Il prend les avis du comte de la Perche, le vicomte de Melun, messire Jean de vienne, amiral de France, olivier de Mauny, Jean de Beaumont et d’autres seigneurs. Un dialogue s’installe. Il leur parle ainsi :

« – Seigneurs, vous voyez devant nous l’ennemi qui nous présente la bataille. Le roi nous prévient que les anglais se regroupent mais nous défend de pousser la hardiesse jusqu’à leur livrer bataille. Ne croyez vous pas que nous déshonorions notre parole si nous allions à l’encontre de celle de notre roi.

– Nous ne vous conseillons nullement de désobéir à l’ordre du roi. Mais nous savons bien que vous avez une assez forte armée pour tenir le siège et tenir les anglais en détresse. Vous êtes en force pour recevoir les Anglais s’ils viennent attaquer nos lignes qui sont ceintes de palissades et retranchées. C’est pourquoi nous estimons que cette conduite vous fait assez d’honneur, sans sortir en bataille.

Bertrand qui ne souhaite que combattre est mécontent d’entendre ses paroles. Il réfléchit et rétorque la chose suivante :

– De tout temps, j’ai ouï dire que le roi Charles de France est l’héritier légitime de la couronne. Quand il me nomma connétable, il m’a dit de combattre les anglais jusqu’au dernier. Je pense avoir emmené avec moi des chevaliers d’aussi grande valeur que l’on pourrait en trouver ailleurs. Nous croyons que nous sommes en nombres presque égal à celui des anglais : Ainsi, qui pourrait nous reprocher de refuser la bataille et nous déshonorer.

– Nous savons bien qu’il n’y a pas meilleur chrétien que le roi. Nous ne voulons pas trahir sa parole. Nous savons aussi que nous avons autant d’hommes que les anglais. Le roi nous interdit la bataille. Nous vous le déconseillons. Nous voulons toutefois obéir à ce qui vous tient à cœur car tout ce que vous avez entrepris nous a toujours réussi. 

Cette fois-ci, ces paroles le remplissent de joie. Il remercie courtoisement ses seigneurs :

– Seigneurs, je suis procureur de Roi, je vous jure qu’il est héritier de la couronne et que le duché de Guyenne est bien sa propriété. Je vous mènerais à la victoire si Dieu le veut. »

Il dit aux hérauts anglais qu’il accepte la bataille. Puis il range ses troupes devant le retranchement de Chizé. Il harangue ses hommes et leur dit :

« – Allons, mes vaillants compagnons, voilà ceux qui nous ont demandé la bataille. Ce sont les mêmes que nous avons toujours battus. Faites comme vous avez fait jusqu’ici. Mais si vous montrez votre faiblesse, vous aurez perdu la réputation que vous avez acquise avec tant de peine. Aujourd’hui, il s’agit de votre gloire, fortune, repos et particulièrement de l’honneur et de la tranquillité de la patrie. »

Il est vivement acclamé par ses soldats. Pour continuer le siège, il laisse Jean de Beaumont avec une garnison de 80 hommes. Il les met à l’abri au cas où les anglais sortiraient de la ville pour aider leurs amis. Il fait abattre les palissades arrières et met le reste de son armée en ordre de bataille.

Puis l’assaut est donné. Les français attaquent lances baissées jusqu’aux rangs des archers anglais. Les traits ennemis durent peu. Les français s’élancent sur les anglais avec force. Ces derniers sont déséquilibrés et reculent. Les anglais de leur côté jettent leurs lances et sortent les haches. Erreur fatale. Bertrand s’aperçoit de la manœuvre ennemie. Il ordonne de serrer fortement leur lance dans leurs mains et de fondre sur l’ennemi. Les haches anglaises ne pouvant pas atteindre les rangs serrés des français, lances droites, les anglais sont repoussés. Certains basculent à terre.

De leur château, les anglais de la ville voient que leurs amis en difficulté. Ils décident de sortir et de leur venir en aide. Ils sont accueillis par les français de Jean de Beaumont. Ils sont déconfits et leur capitaine est fait prisonnier.

Sur le champs de bataille, les français sont sur le point de gagner. Ils refoulent les anglais en les frappant de leur lance. Bertrand a tout prévu. Les arbalétriers, sur ses ailes, tirent des traits sur les anglais qui reculent. Puis, ils finissent le travail avec leur hache. Les anglais sont cernés de toute part et sont en déroute. Jean d’Évreux est fait prisonnier. Six cents anglais sont tués et cinq cents sont prisonniers. La bataille est terminée.

Aussitôt, Bertrand donne l’ordre de reprendre le siège de la ville. Il ne dura que quelques minutes. La ville se rend. Nous sommes le 21 mars 1373.

Mais, Bertrand n’attend pas. Il prend, aux anglais, chevaux et vêtements. Comme au château de Fougeray, il prépare une ruse. Il demande à ses soldats de s’habiller avec des vêtements anglais. Tous équipés, ils chevauchent à vive allure vers Niort. A la vue des français habillés en anglais, les habitants de la ville abaissent le pont-levis. Aux cris de : «  Du Guesclin », ils s’engouffrent dans la ville fortifiée. Sans résistance, la ville est prise. Le butin est riche.

Niort est sous la domination française. Bertrand laisse un contingent important d’hommes et repart à l’assaut d’autres places fortes….

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