LA CHEVAUCHÉE DU PRINCE NOIR DANS LE SUD
Les origines du conflit
Les origines n’ont pas changées depuis Crécy et surtout 1337, l’avènement de Philippe VI de Valois, sur le trône de France. Plus que jamais, Édouard III le revendique. Il aurait du être roi de France par le sang capétien de sa mère Isabelle de France, fille de Philippe IV Le Bel. La Chambre des Pairs de France en a décidé autrement. Pas de roi anglais à la tête de la France.
Philippe VI de Valois est mort dans la honte en 1350 suite au désastre de Crécy. Son fils, Jean II Le Bon est maintenant roi. Souvenons-nous qu’il a fait endossé la responsabilité de la défaite de Crécy sur son père devant les nobles de France. Il ne fera pas mieux à la bataille de Poitiers. Il sera, même, prisonnier des anglais. En effet, à la différence de son père, la France devra payer une forte rançon pour sa libération, il cédera le quart de son royaume aux anglais et finira ses jours à la Tour de Londres. Jean II Le bon est un roi tout à fait acceptable en période de paix mais c’est un piètre chef militaire voire une calamité pendant la guerre de Cent Ans. Pour couronner le tout, il est très dépensier. Les caisses sont vides.
Côté anglais, Édouard III est furieux. Il avait fomenté le plan d’envahir la France avec Charles de Navarre. Lui arriverait par la Normandie et Charles par l’Aquitaine. Mais le plan échoue. En effet, Charles de Navarre fait la paix avec le roi de France et récupère ses biens perdus après leur confiscation par Philippe VI.
Il annule son expédition en Normandie et concentre ses forces sur l’Aquitaine. Celle-ci sera confiée à son fils aîné, Le Prince de Galles surnommé plus tard le Prince Noir. Il a toujours été aux côtés de son père dans tous les combats : Caen, Crécy et Calais. Quand il arrive en Aquitaine, il a 24 ans. Autoritaire, ne supportant pas ni les contradictions et ni les obstacles, il est impitoyable. Il est capable de terribles massacres comme celui de Limoges en 1370.
Le Prince Noir prépare sa mission
Comme redoutable chef de guerre, il montre de suite de quoi il est capable. Il rassemble son armée. Il s’entoure de chefs compétents et de guerriers expérimentés comme les comtes de Warwick, Suffolk, d’Oxford, Sir Reginald Cobham et Sir James Audley. Tous d’anciens de Crécy et de l’Ecluse. Mais son précieux compagnon et mentor l’accompagne : John Chandos.
Le Prince Noir quitte Plymouth le 09 septembre 1355. Il arrive à Bordeaux le 20. Il a emmené avec lui 2 200 hommes aguerris et bien payés par la Couronne d’Angleterre. Sur place, l’attendent 7 000 hommes dont 4 500 gascons commandés par Albret et le Captal de Buch. Il prévoit une chevauchée de dévastation en remontant la vallée de la Garonne.
La mission donnée par son père est de ruiner le pays et sa capacité à payer des impôts, ramasser tout le butin, de prouver aux populations locales que le roi de France est incapable de les protéger et qu’Édouard III ferait un meilleur roi de France.
La chevauchée du Prince Noir dans le Sud
Les anglo-gascons partent de Bordeaux et prennent la direction de l’Est par la vallée de la Garonne. Ils brûlent tout sur leur passage, maisons et récoltes. Ils tuent hommes et bétail. C’est une opération de la terre brûlée. Ils sèment terreur et panique pour longtemps.
Ils sont 26 octobre 1355 à Toulouse, le 03 novembre à Carcassonne et le 08 à Narbonne. A Carcassonne, ils contournent la forteresse car ils n’ont pas emmené leurs machines de siège. La ville est brûlée. A Narbonne, Le Prince Noir rencontre de la résistance. Une armée française est en marche pour lui couper la retraite. Elle commandée par le comte Jean 1° d’Armagnac et le Connétable de Bourbon. Il décide, alors de rebrousser chemin et repart vers Bordeaux par le comté de Foix. Il y rencontre Gaston Phoebus, beau-frère du roi de Navarre, le fameux Charles le Mauvais, roi de Navarre. Son comté sera épargné par le Prince Noir qui voit en lui un allié.
Le bilan est lourd et éloquent : 800 km parcourus (aller et retour), 500 villages détruits, une traînée de dévastation de 50 km de large sur les 200 km de long, un nombres incalculable de morts et des provinces fiscalement anéanties dont les revenus serviront à leurs reconstructions.
Le Prince noir écrit à son père : « Votre Majesté, nous avons dévasté et détruit cette région ce qui a causé une grande satisfaction aux sujets de notre seigneur le roi » ;
De retour à Bordeaux, il accorde 3 semaines de repos à son armée. Maintenant reposé, il faut repartir. Sur sa lancée, il décide d’en faire autant en remontant vers le nord. Ses capitaines prennent Tonneins, Agen, Souillac, Beaulieu et Périgueux. Début 1356, il devient le maître incontesté de l’Aquitaine.
Le roi Jean II Le Bon aborde cette année 1356 sous de mauvais hospices. En effet, il a perdu toute crédibilité et confiance de sa noblesse. La chevauchée du Prince Noir a été dévastatrice et il a été incompétent à l’enrayer. Édouard III est revenu par le Nord de la France. Il a pillé plusieurs villages sans réponse du roi de France. Les états généraux de décembre 1355 ont révélé son impopularité.
Les prémices de la bataille de Poitiers
Édouard III ne baisse pas les bras pour récupérer le trône de France. Il envisage une ambitieuse stratégie. Il débarquera en Bretagne afin d’attirer le roi Jean pendant que son fils remontant vers la Loire le prendra à revers. Voilà les bases de la fameuse bataille de Poitiers…….