POITIERS, LA BATAILLE

POITIERS, LA BATAILLE

La bataille de Poitiers

Les anglais s’arrêtent. Pourtant le Prince Noir est d’avis de s’éclipser la nuit tombée et de continuer la marche. Son État-major, lui, veut se battre en particulier le Captal de Buch et ses gascons. Ils pensent que dans les rangs français, il y a de bonnes rançons à faire valoir. Le prince dit : «  Nous combattrons ici et que Dieu nous vienne en aide. »

Le lendemain matin le 19 septembre 1356, les anglais sont en position à quelques lieux de Poitiers, dans la plaine de Maupertuis. Ils sont à mi-pente entre haies épineuses, vignes sur échalas et collines d’un côté. Devant ils creusent des fossés comme à Crécy. Un mouvement tournant des français est impossible car ils sont adossés à la forêt et sont bornés par des marécages à gauche et à droite. L’endroit est idéal pour attendre les français.

Des 2 côtés ont réfléchi : Faut-il attaquer ou attendre l’attaque ?

La tactique française

Le roi envoie 4 chevaliers reconnaître le terrain. Pendant ce temps, il tient conseil de guerre dans sa tente. Il dit : « le prince de Galles parcourt et incendie le pays. Le moment est venu de lui faire payer les dégâts qu’il a commis. Il me le faut vivant. Pour les autres, pas de quartier ce n’est que de la merdaille, frappez et n’épargnez jamais anglais, chevaliers. »

Les chevaliers ont aperçu le dispositif des anglais et rendent compte au roi. Eustache de Ribemont prend la parole :  «  Sire, les anglais sont environs 12 000 dont 3 000 hommes d’armes, 5 000 archers et 4 000 fantassins. » Il dessine leur dispositif avec les emplacements exacts des archers. Il inscrit sur le plan les haies d’épineux, le seul chemin d’accès pour les combattre. Celui-ci est assez large pour faire passer 4 cavaliers de front et est sinueux. L’entrée de leur dispositif est très bien protégé par des archers.

Le roi hésite. Il demande conseil à son état major qui reste silencieux et embarrassé. Personne ne veut prendre la responsabilité d’un échec. Le roi impatient s’adresse à Eustache de Ribemont : «  Donnez-moi sans délai votre avis » Celui-ci de répondre :  «  Sire, envoyez d’abord 300 hommes à cheval pour disperser les archers avant de faire monter la 1° bataille, celle du dauphin. » L’entourage du roi approuve son plan, Même William Douglas, l’Écossais se range à cette proposition. Il sait que les chevaliers anglais sont de bons guerriers même à pied. « La tradition chevaleresque ne sera pas respectée et alors !! »: dit-il. Le plan est adopté. « On combattra à pied »: ordonne le roi.

La tactique anglaise

De leur côté, les avis sont partagés. Les troupes sont en place. La question toujours en suspend : Faut-il attaquer ou s’esquiver ? Pourtant favorable à une retraite, le Prince de Galles fait volte-face : «  La victoire ne dépend pas du nombres mais de la valeur. Pour moi, je suis résolu à vaincre ou à mourir. Je ne déshonorerais pas mon pays par la disgrâce d’avoir à payer une rançon. » Un problème de taille vient s’ajouter : on commence à manquer sérieusement de victuailles. Le comte de Warwick renchérit : «  Sire, les hommes ont le ventre creux et certains commencent à murmurer; Il n’est si dure épée que la faim. » Mais les gascons ne sont pas du même avis que les anglais : « il faut se battre pour les bonnes rançons. »

La négociation de l’église

Un évènement inattendu vient tenter de calmer les esprits échauffés. Le cardinal du Périgord arrive de Poitiers pour une ultime tentative de paix. Le roi et le prince sont de mauvaise humeur. Le prince dit au cardinal : «  Faites vite alors ; ce n’est pas le moment de me faire un sermon. Le cardinal de rétorquer : Quel dommage de tuer tant de monde. De plus ils sont plus nombreux que vous. » Toute la journée, l’ecclésiastique fait des allées et venues. Il ramène au prince les revendications du roi :  « Sire, le roi Jean me transmet les choses suivantes . Il n’y aura pas de combat si les anglais abandonnent les territoires conquis depuis 3 ans, le paiement d’une indemnité de 200 000 nobles comme dédommagement pour les dévastations commises dans ses chevauchées. En échange, la libération de Charles de Navarre, et le mariage du Prince Noir avec une de ses filles. » Ce dernier réfléchit. Il se sent pris au piège. Il est en sous-nombres et ses hommes ont faim. Il fait une contre proposition : « Je promets de restituer la butin et de relâcher les prisonniers français sans rançon. » Le cardinal transmet cette nouvelle offre au roi qui refuse. Celui-ci de renchérir : « Que le Prince et 100 de ses chevaliers viennent se constituer prisonnier et une indemnité montée à 500 000 florins pour la libération du Navarre et pour le mariage avec une de ses filles » Le Prince Noir refuse. Les dés en sont jetés : ce sera la guerre.

Nous sommes maintenant le 19 septembre 1356. Le cardinal du Périgord revient mais il est évincé de suite. On se prépare au combat.

La bataille

Les français exécutent leur plan. Un petit groupe d’anglais s’avance pour les provoquer. Ils sont accrochés par les allemands du comte Nassau. Auberchicourt à la tête du groupe est fait prisonnier. Les anglais qui commençaient à descendre de leur position sont surpris de la réponse française. Ils font demi-tour pour rejoindre leurs positions. Ils cachent leur repli par un écran de fumée. Les maréchaux d’Audrehem et de Clermont ainsi que le connétable Gautier de Brienne font mouvement mais ils sont inquiets en voyant cet écran de fumée.

De cette hésitation est tirée l’anecdote suivante : Clermont et Gautier de Brienne craignent le piège et préfèrent attendre le dauphin et ses hommes. Quant à Audrehem il est favorable à une attaque immédiate. Celui-ci dit : « A cause de votre lenteur, nous allons les perdre. On dirait Clermont, que vous n’avez pas grand hâte de vous battre, et qu’il vous peine de voir les anglais de trop près. » Accusé de couardise, Clermont rétorque : «  On verra si vous êtes assez hardi aujourd’hui pour mettre le museau de votre cheval au trou du cul du mien. »

1° phase de la bataille

On décide donc de charger sans en référer au roi. La charge est menée des 2 côtés par d’Audrehem et Clermont. Les archers anglais sont restés en position. Ils tirent sur les chevaux qui tournent sur eux même, tombent en entraînant leurs cavaliers au sol. D’Audrehem est fait prisonnier. William Douglas, l’Ecossais, blessé est ramené à l’arrière. De l’autre côté, le maréchal de Clermont, Jean Hangest, duc de Normandie et de Bretagne, Alain de Rohan, sire de Montauban et d’autres meurent sous leurs destriers ou les flèches. Les comtes de Sarrebrück et de Nassau, mal en point, sont faits prisonnier C’est l’hécatombe.

2° phase de la bataille

Le dauphin Charles et ses 4 000 hommes gravissent à pied la pente. Les anglais reforment les rangs et les attendent de pied ferme. Le dauphin accompagné de ses 2 frères sont entourés du Duc de Bourbon, et 180 comtes et barons. Mais ils ont déjà parcourus 800 mètres dans la pente et, alourdis par leur lourd équipement, ils sont fourbus en arrivant au combat. Ils sont accueillis par de volées de flèches. Très vite un combat au corps à corps s’engage. Il va durer pendant près de 2 heures. La bataille est acharnée au cours duquel le duc de Bourbon est tué. Le Prince Noir et ses comtes combattent farouchement chaque mètre carré de terre. John Chandos son protecteur parle au prince :  «  Sire, vous pouvez maintenant chevaucher plus avant, cette journée est la vôtre. Vous m’aviez dit hier que vous étiez bon chevalier, il est l’heure de le prouver. » Le prince de répondre : « John, allons, soyez sûr qu’aujourd’hui vous ne me verrez pas reculer. » Tous se ruent sur les français. Maintenant, les archers anglais n’ont plus de flèches. Ils combattent à la hache et à la dague. Les français commencent à reculer. Le dauphin et ses 2 frères quittent le combat et s’enfuient vers Champigny. Après la défaite, des versions différentes de leur fuite viendront alimenter la chronique. Pour les uns, ils se sont enfuis car ils avaient peur de mourir. Pour les autres, le roi aurait ordonné à son fils, le dauphin et héritier du trône de quitter les lieux en urgence. Il ne devait pas être prisonnier sinon le royaume de France serait sans héritier au cas où le roi serait fait prisonnier ou mourrait.

3° phase de la bataille

Le duc d’Orléans, frère du roi monte à son tour au combat. Il emmène avec lui 92 bannières y compris celles de l’évêque de Langres et 3 500 hommes. Mais, il se heurte à la bataille du dauphin qui se replie. C’est la confusion et bousculade. Beaucoup fuient en entendant le départ précipité du dauphin. Le duc d’Orléans avec le reste de son armée se replie autour du roi. le connétable de France, Gautier VI de Brienne resté en avant est tué. Les anglais ont dispersé les cavaliers des batailles du dauphin et du duc d’Orléans.

4° phase de la bataille

Il reste la réserve commandée par le roi Jean. Il lui reste encore 3 000 hommes dont beaucoup de chevaliers de premiers rangs. Il ne sait pas s’il doit battre en retraite ou combattre. Les anglo-gascons sont fatigués. Le roi fait sonner l’attaque. Il gravit à pied à son tour la pente. Le prince noir décide de changer de tactique. Ils fait monter ses soldats, qui sont épuisés de 3 heures de combat, à cheval. Il lance l’assaut contre l’armée à pied du roi Jean au cri de «  Saint Georges ! Guyenne ! » Le choc est d’une extrême violence. Les français sont maintenant en infériorité d’autant plus que le Captal de Buch arrive avec 100 archers montés et 60 hommes d’armes derrière l’armée du roi. Ils sont encerclés. Ils sont obligés de combattre ou mourir. Anglais et français sont ainsi mélangés. Aucune possibilité de tirer des flèches. Il faut combattre au corps à corps. Aveuglés par le sang et la sueur, ivres de violence, ces diables d’hommes frappent et frappent encore. Il y a là 7 000 hommes anglais et français. C’est un vacarme monstre. Beaucoup de seigneurs de la noblesse français sont faits prisonnier pour les rançons. Et pourtant, beaucoup sont tués comme Guillaume de Coucy, le vidame de Noyon, Guichard de Beaujeu et bien d’autres.

L’étau se resserre autour du roi…….

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