CHARLES V – EXERCICE DU POUVOIR- 1° PARTIE, ANNE 1364

CHARLES V – EXERCICE DU POUVOIR- 1° PARTIE, ANNE 1364

1369 la reprise de la guerre avec les anglais

Charles V, toujours obnubilé par le traité de Brétigny de 1360, «  la déshonorable paix » comme on l’appelait, ne renonce pas à récupérer toutes les terres perdues par son père, Jean II.

Après l’escapade du Prince Noir, prince de Galles et de Guyenne, en Espagne, les caisses sont vides. En effet, il s’est fait berner par le roi de Castille Pierre I° le Cruel. Maintenant il faut lever un impôt pour les remplir. Celui-ci est à l’origine de la rupture de la paix avec le Prince Noir.

Charles V, attentif au moindre évènement en Guyenne, envoie deux émissaires auprès des seigneurs désabusés et courroucés par la levée d’ impôts supplémentaires pour couvrir ses dépenses de guerre du Prince Noir. Ils décident de monter à Paris rencontrer le roi de France pour lui demander assistance. Cette délégation est composée des comtes d’Armagnac, du Cominges, du Périgord et d’Albret.

Le roi ordonne à la Cour de Pairs d’étudier leur griefs. Le 25 janvier 1369, le roi se rend au parlement accompagné des princes et des pairs du royaume. Il s’agit d’entendre les demandes de la délégation. Les comtes supplient Charles V de les protéger contre les entreprises du Prince de Galles. Sur-le-champ, le parlement dresse un acte par lequel le prince est cité à comparaître à Paris. Il devra rendre compte de sa conduite et se conformer au jugement prononcé par les Pairs de France.

Charles envoie deux émissaires à Bordeaux le juge criminel de Toulouse, Bernard Pelot, et le chevalier, Jean de Chapponal. A la lecture de l’acte, le prince change de couleur.

«  Charles, par la grâce de Dieu, roi de France, à notre neveu, le Prince de Galles et d’Aquitaine, salut.

« Plusieurs prélats, barons, chevaliers, universités, communes et collèges des Marches du pays de Gascogne et des pays frontières de notre royaume avec plusieurs autres du pays et duché d’Aquitaine se sont plaints par devers nous et notre cour de vos griefs et de vos nouveaux impôts. Nous vous recommandons que vous veniez en notre cité de Paris en propre personne et, vous montriez et présentiez devant nous et nos Pairs vos droits sur les dites plaintes et griefs de votre peuple.

Donné le vingt sixième jour de mois de janvier. »

Le vainqueur de Crécy et Poitiers, fier et inébranlable répondit aux émissaires en ces termes :

« – Oui, j’irai à Paris puisque j’y suis mandé mais se sera avec le bassinet en tête accompagné de soixante milles hommes. »

Ce ne sont que des mots car le prince n’a pas d’argent pour lever une armée. De plus, il a contracté une maladie en Espagne qui l’affaiblit de jour en jour. Il congédie les deux émissaires et les renvoie à Paris. Mais il se ressaisit vite, les arrête et les fait enfermer dans le château d’Agen. Cette violation du droit des gens paraît aux yeux des barons aquitains une impossibilité de se réconcilier avec le prince. Ils prennent les armes. Il s’ensuit un soulèvement des aquitains.

Aymeri de Rochechouard, sire de Mortemart, est le premier à se rebeller. Il prend, par la force, la forteresse de Lusignan et remplace la bannière anglaise par celle du royaume de France.

Le Périgord, le Poitou, la Guyenne et la Gascogne se soulèvent à leur tour contre le prince. En Picardie, le Ponthieu, terre natale de la mère d’Édouard III, chasse les anglais et se met sous la protection du roi de France.

Celui-ci, le même jour, envoie à Édouard III deux émissaires à Londres, le comte de Tancarville et Guillaume de Dormans, chancelier du Dauphiné, en qualité de député, pour se plaindre des infractions faites au traité de Brétigny par son fils, le prince de Galles, en Guyenne.

Le roi d’Angleterre n’apprécie guère les termes de cette missive. Il répond par l’intermédiaire de son ministre :

 » Que le roi de France répare les attentats des seigneurs de Guyenne, qu’il les remette à obéissance du roi d’Angleterre, qu’il renonce à la souveraineté des provinces cédées au traité de Brétigny, confirmé à Calais. »

Charles n’est pas étonné de la réponse d’Édouard III. Dès réception du courrier anglais, le 9 mai, il convoque un lit de justice. Le roi et la reine sont présents. Ils sont accompagnés du cardinal de Beauvais, chancelier de France, les archevêques de Reims, Sens et Tours, quinze évêques qui se trouvent dans Paris, le duc de Bourgogne, son frère, le duc d’Orléans, son oncle, les comtes d’Alençon, d’Étampes, princes de sang et quelques députés. Le chancelier fait lecture de la réponse du roi d’Angleterre. Puis les gascons s’expriment. Ils expliquent de nouveau les griefs et les plaintes contre le Prince Noir. Il est prévu que chacun réfléchisse sur les demandes des gascons et que tous se retrouvent au même endroit le 24 mai.

Le jour dit, il a été décidé ceci :

«  Que le roi ne pouvait pas dénier la justice à ses sujets ; Que les gascons étaient et sont toujours ses sujets ; Que le traité de Brétigny avait été fait par force lors de la captivité du roi Jean II ; Que le traité n’avait pas été approuvé les États Généraux du royaume ; Que ses troupes, depuis la paix, avaient pillé le France ; qu’il n’avait point voulu faire des renonciations auxquelles il s’était engagé ; et qu’enfin, le roi d’Angleterre et le prince de Galles étaient déclarés ennemis de la France et le duché de Guyenne confisqué et réunit à la couronne de France. »

La déclaration de guerre est solennellement décrétée. La Guerre de Cent Ans est repartie de plus belle. Tous les membres de l’assemblée assurent au roi leur attachement et dévouement au royaume de France. Cette déclaration est envoyée au pape, à l’empereur et aux autres princes ainsi qu’aux grandes ville de Guyenne. Dès le retour des deux émissaires de Londres, Charles V envoie sa déclaration de guerre par un breton, un simple valet de son hôtel en représailles de l’emprisonnement des deux émissaires par le Prince Noir.

Édouard III, se sentant insulté, écoute le valet. Le roi d’Angleterre et ses ministres ne croient pas ce qu’ils entendent. Ils arrachent la lettre des mains du valet et contrôlent l’authenticité des sceaux. Puis, ils répondent au roi :

– Sire, c’est bien vrai, le roi de France nous déclare la guerre.

Puisqu’il nous cherche, nous irons le combattre.

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